Un rayon de Lumière à travers les bois

[Privé :p Ailill et Jeff :3]

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"Oui, Liu... je ne vais pas loin..."

Jeff s'empara de sa canne qui était adossé contre son lit et il se dirigea vers la porte avec l'aide son frère, Liu. Doucement, il sortit de la maison et prit le soin de refermer la porte derrière lui. Il avait enfin obtenu la permission de sortir ! Jeff ne put s'empêcher de pousser un petit cri de joie quand il sentit le vent frais sur sa peau. Le bruissement des arbres était comparable à un murmure. C'était comme une voix qui semblait lui souhaiter la bienvenue. Jeff toucha du bout des doigts le bandeau qui recouvraient ses yeux pour vérifier qu'il était bien là et il s'engagea sur la piste qui s'étendait devant lui.

Il n'avait aucun souci pour se déplacer, pour le moment. Le sol du chemin était caillouteux, cela lui procurait un repère. Il n'avait même plus besoin de sa canne ! Au fur et à mesure de sa progression, il la laissait traîner au sol. Jeff entendit des voix non loin. Curieux, il commença à s'éloigner du chemin et il s'assied sous un arbre. Il savait qu'il n'était pas loin de la maison, c'était comme un pressentiment qu'il ne saurait expliquer. Jeff hésita pendant de longues minutes mais finalement, il retira son bandeau. Les voix qu'il avait entendu s'étaient à présent arrêtées et il lui semblait qu'il n'y avait personne alentour. Il soupira et chassa de la main un insecte qui rampait sur son bras. Il détestait ces bestioles.

Jeff entendit un éclat de voix féminin venant d'une maison non loin. En vitesse, il replaça son bandeau sur ses yeux. Il se servait de ce tissu pour ne pas effrayer les personnes qui pourraient voir ses yeux. Il secoua ses long cheveux pour que le bandeau passe dessous et il replaça les mèches correctement pour cacher une partie du tissu. Des mèches noires lui tombaient devant les yeux, lui donnant un air sale, mais il se fichait bien de son apparence pour le moment. Son sourire rouge était visible, par contre.

Jeff s'empara de sa canne qu'il avait laissé au sol et avec la pointe, il commença à faire des petits trous dans la terre qui était devant lui. Ça l'amusait, un peu. Il espérait tomber sur une fourmilière, en fait. Comme ça, il pourrait les écraser... Jeff fut pris d'un fou rire enfantin, qui aurait paru innocent sorti du contexte. Il jeta sa canne au loin. Jeff l'entendit tomber plus loin avec un bruit sourd. S'il ne la trouvait pas, ce n'était pas grave. Il n'était pas du tout inquiété sur le moment. Jeff commença à arracher frénétiquement l'herbe qui était autour de lui. De longues mèches tombaient sur son visage, cachant son sourire et une partie de son bandeau. Maintenant, il espérait que personne ne le trouve dans cet état, mais quelqu'un allait forcement passer par là, si ?


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« - M…Monseigneur ! Monseigneeeeur ! Attendez, je vous en prie ! »

Le brun s’arrêta, poussant un léger soupir, alors qu’un sourire étirait ses fines lèvres. Ah, qu’il la trouvait mignonne, cette chère Lelga. Pour cette sortie, il l’avait emportée elle. Pourquoi ? Bah ! Facile ! Renis n’aurait jamais tenu la route. Il avait déjà du mal à s’aventurer sur les chemins tous tracés proches de la Citadelle, alors une forêt, sauvage, pleine de dangers… Et de Kokiris, certes, mais ça n’avait rien à voir. La rousse, essoufflée, s’arrêta auprès de son maître, lui souriant avec un air désolé.

« - Pardon, je… Mon tablier… S’est pris dans une branche et… Et ensuite… ! »

Elle n’arrivait même pas à vraiment articuler ses mots. Pauvre gamine. Aussi surprenant qu’on pouvait le trouver, Ailill parvenait parfaitement à se mouvoir dans ces bois. Peut-être car il n’en avait pas peur. Au contraire, la douce lumière filtrant dans les feuillages le rendait plus joyeux que d’ordinaire. Le silence seulement brisé par les bruits des petits animaux l’enchantait et le touchait en plein cœur.

« - Restez là, Lelga… Je vais faire un petit tour seul. Je n’irai pas trop loin. »

La rouquine acquiesça, s’asseyant contre un arbre, alors que le noble s’éclipsait parmi les arbres. Cela ne servait à rien de lutter contre le Sylvere. Il n’allait pas se gêner pour s’échapper de toute façon.

Ailill avança donc lentement parmi la terre et les petites bêtes. D’ailleurs, son regard en accrocha une assez intéressante. Une masse noire non loin, qui lui semblait bien étrange. Elle n’avait rien de commun. Doucement, il s’en approcha, ne souhaitant pas l’effrayer.

« - Bonjour… ! Ne t’en fais pas, je ne te ferai rien. »


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Jeff releva doucement la tête, faisant tout son possible pour cacher sa surprise. Il tenta d'analyser d'où venait la voix et il leva la tête, priant pour que son visage soit orienté vers la nouvelle venue. Mais il n'était pas dupe : soit il regarderait au-dessus de sa tête, soit en dessous. Bon, tant pis. Méfiant et soucieux de cacher son visage, il baissa la tête et il murmura.

"B-bonjour."

Sa voix s'était mise à trembler, dévoilant sa peur qu'il tentait de cacher. Trop tard, l'autre savait qu'il était apeuré. Jeff continua à arracher l'herbe, le regard rivé au sol, ses mèches de cheveux pendouillant devant le bandeau. Il ne savait pas comment réagir face à un parfait inconnu. Il était toujours avec son frère, alors il ne rencontrait personne... mais le plus perturbant maintenant, c'est qu'il ne pouvait pas voir l'apparence de son interlocuteur. A ce moment, il se rendit compte que la vue lui manquait terriblement.

Jeff tenta de se rappeler quelles étaient ses réactions face à des inconnus, avant qu'il n'entre en prison. Leur serrait-il la main ? Non, c'était son père qui faisait ça. Non, il leur adressait juste un grand sourire. Mais comment montrer son visage, à présent ? Jeff haussa les épaules et il se releva grâce au tronc. Une fois debout, il releva la tête, dévoilant son sourire malsain sur ses joues et son bandeau couvrant ses yeux. Il fit de son mieux pour enlever les mèches rebelles de son front.

Devait-il sourire ? Cela paraîtrait plus poli. Alors il se força à sourire, rendant celui tatoué encore plus impressionnant.


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« - Par les Déesses… ! »

Qu’était-ce que cela ?! Ce sourire étrange sur les joues de ce petit bonhomme, son bandage à ses yeux, cet air si pâle, si livide, si fantomatique, ses longues mèches noires comme les Ténèbres glissant et caressant son visage de poupée macabre… S’il l’avait eu comme fils, peut-être Ailill l’aurait-il couvé comme jamais il n’aurait couvé quiconque. Cette petite chose lui donnait envie de le recueillir et de le choyer pour combler les disgrâces que lui avaient fait subir la nature. Lentement, il s’approcha de lui et lui posa une main sur la tête, très doucement pour ne pas lui faire peur.

« - Ne crains rien… Je ne te ferai rien… »

Il retira délicatement sa main, se penchant à la hauteur du garçon.

« - Que fais-tu ici, dis-moi ? Es-tu perdu ? »


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Jeff imita la voix de l'homme en rajoutant une phrase.

"Par les Déesses, que cet enfant est laid...!"

A vrai dire, Jeff s'attendait à cette réaction alors il n'était pas vraiment vexé. Il croisa ses bras sur sa poitrine alors qu'il s'amusait à imaginer l'apparence de l'homme. A l'entendre, il était jeune, même plus âgé que son frère. Ensuite, Jeff lui donna une apparence idéale : l'inconnu devait avoir les cheveux très courts, et noirs, comme lui. Il devait être musclé et grand. Ses yeux devaient être verts pâles, Liu. Il ne put s'empêcher de frissonner d'envie. Il lui donnerait cette image jusqu'au jour où il saurait comment il est réellement.

Jeff ne put s'empêcher de sursauter quand une main de l'homme vint se poser sur sa tête. Il voulait bien croire cet homme mais son frère lui avait appris à se méfier de quiconque, alors il tentait de garder ses distances. Les épaules et la tête, rentrées, il fixait obstinément le sol.

"Je ne me suis pas perdu... Je voulais juste me promener un peu sans mon frère."

Jeff ne put s'empêcher de pousser un soupir de soulagement. Sa voix avait été forte et claire.


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« - Oh, je vois… »

Se penchant plus sur lui pour lui faire face, il posa doucement ses doigts sous le menton du jeune homme pour lui faire lever la tête vers lui et mieux le regarder. Si n’importe qui aurait hurlé d’horreur en le voyant, lui était plutôt touché par cette petite chose frêle qui se tenait devant lui.

« - Que tu es mignon, mon garçon. »

A mieux y regarder, autour de lui, il put remarquer une canne. Alors le petit ne le voyait pas… Ce devait être vraiment difficile pour lui. Lentement, il lui prit la main, la serrant délicatement.

« - Je m’appelle Ailill. Et toi ? Quel est ton nom ? »


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Jeff ne montra aucune résistance quand l'homme posa ses doigts sous son menton. Il se laissait faire, content que quelqu'un s'intéresse à lui. Il faillit pousser un petit cri de surprise quand l'inconnu le complimenta. Était-il vraiment sincère ? Jeff pensait que non, un visage tel que le sien ne pouvait pas être mignon. Bref, ce n'était pas le plus important.

"Je m'appelle Jeff."

Alors il s'appelait Ailill ? C'était un joli nom. Prudemment, il leva son bras pour toucher la tête d'Ailill et il glissa sa main le long de ses cheveux. Ils étaient longs, comme lui ! Jeff sourit. Maintenant, les cheveux sur l'image d'Ailill seront longs. Longs et noirs.


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Ce bébé était tellement adorable. S’il n’avait pas entendu qu’il avait de la famille, sans doute l’aurait-il emporté sans attendre plus longtemps. Il décelait en lui quelque chose qui lui plaisait, sans pour autant savoir quoi. N’importe qui aurait eu peur face à un enfant de la sorte, mais pas lui. Il avait juste été surpris, au départ.

« - Tu ne me vois pas… ? »

Précautionneusement, il lui prit la main et la posa à sa propre joue, souriant.

« - Si tu veux me toucher pour me « voir », ne te gêne pas. Ca ne me dérange pas. »

Il se sentait pris par une envie de douceur avec cette petite chose. Même si cela pouvait paraître étrange. Cependant, le brun fronça les sourcils lorsque des bruits de feuilles parvinrent à ses oreilles. Tourner vaguement les yeux lui permit de voir Lelga revenir, et de l’observer se figer en voyant son maître dans une telle situation.

« - Oh, pas de panique, vous deux. » préféra-t-il dire avant tout. « Jeff, voici Lelga, ma servante. Elle est très jeune, peut-être un peu plus âgée que toi. Lelga, je vous présente Jeff. Il n’habite pas très loin d’ici, apparemment. »

La rouquine ne sut pas vraiment comment réagir. Qu’est-ce qui prenait à monseigneur Sylvere, là ? Il ne détestait pas les enfants, mais de là à être si proche d’un garçon comme celui-là… Dans un sens, elle qui venait du petit peuple, cela la touchait beaucoup.


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Jeff hocha nonchalamment de la tête. Bien sûr, qu'il ne le voyait pas ! Sinon, il n'aurait pas pas glissé sa main le long de ses cheveux et il n'aurait pas ce bandage stupide, ni cette canne ! Jeff sentit le rouge lui monter aux joues, tachant vivement sa peau habituellement très pâle. Jeff sursauta quand Ailill lui prit la main pour la poser sur sa joue. Il était toujours surprise quand quelqu'un le touchait, il devrait s'y faire.

Jeff regarda derrière Ailill, tentant de déceler la position de la jeune fille mais il n'arriva à se repérer uniquement grâce aux bruits de feuilles. Sa tête était fixe, il n'avait pas d'expression particulière ce qui le rendait particulièrement dérangeant. Il se gratta la tête tout en la gardant perchée.

"Lelga et Ailill, donc... c'est déjà beaucoup."

Jeff réfléchit. Il voulait tant leur montrer son visage... allait-il le faire ? Lelga risquerait d'avoir peur, au contraire d'Ailill qui semblait bien calme. Jeff commença à dérouler son bandage aux yeux. Il le garda dans sa main gauche et de l'autre, il secoua ses cheveux pour dévoiler des yeux vides, brûlés, qui avaient été remplacés par une trace brunâtre. Il fixa Ailill, puis Lelga. Pour lui, c'était ça, son vrai visage ! Un visage déprimant, et qui n'inspire rien qui vaille.


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Le brun ne put s’empêcher de rire. Deux noms, beaucoup ? Eh bien, ce petit se laissait vite submerger.

« - Si tu étais à la cours, tu ne tiendrais pas bien longtemps, dans ce cas… ! » lui dit-il dans un rire. « Tu en aurais des dizaines à retenir. »

Il y avait les relations politiques qu’il fallait connaître par cœur, les noms des familles alliées à la sienne, les personnes influentes, celles dont il fallait se rapprocher, ou se méfier, bref, tout un tas de choses dont tout le monde se fichait en général dans le « bas peuple » mais qui devenait très important une fois dans la noblesse. Lelga se rapprocha lorsque l’enfant retira son bandage. Elle devait avoir peur et ne pas oser parler. Ailill, lui, était plutôt détendu. C’était assez laid, oui, mais il ressentait toujours de la tendresse pour cette petite chose.

« - Monseigneur… Votre promenade… ?
- Oui, bien sûr. Jeff ? Voudrais-tu venir te promener avec nous ? »


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Jeff ne remit pas son bandeau, il en avait marre de le garder constamment sur son visage. Il finit par rétorquer en, mi-murmurant, mi-grognant.

"Je suis bien content de ne pas y être dans ce cas... ce serait chiant... chiant et ennuyeux."

Jeff fixa Lelga : avec cet air concentré sur le visage et cette position, on aurait pu croire qu'il la voyait. Il se l'imaginait à son tour mais ce fut plus difficile. Il ne l'avait même pas touchée, il ne lui avait pas encore parlé... Jeff dresserait le portait de la demoiselle plus tard. Plutôt curieux, il lui demanda.

"Ce n'est pas ennuyeux d'être servante ? A ton âge, on a surement d'autres choses à faire que de servir un vieux."

Puis il se tourna lentement vers Ailill. Il avait une dernière question...

"Et toi ? Pourquoi tu as besoin d'une servante ? Les adultes savent se débrouiller tout seul, non ? Et pourquoi je ne pourrai pas avoir une servante, moi aussi ? Ça doit être bien."

Jeff pria pour que ses déductions soient justes : il s'approcha de Lelga et il lui prit le bras. Il avait réussi sans avoir fait d'erreurs. Jeff soupira de soulagement et il lui demanda en murlurant.

"Tu as quel âge, exactement ?"


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Un… Vieux ? Pour le coup, Ailill se sentait insulté. Il n’était pas vieux ! Certes plus vieux que Lelga, mais pas tant que ça. Son vieux, c’était son père. Son vieux père qui avait toujours tout fait pour en faire un « grand seigneur ». En croyant que de le choyer était la bonne solution. Il était plutôt heureux de parvenir à se détacher un peu de tout cela. Lelga, quant à elle, semblait complètement désemparée face à ce garçon effrayant qui lui parlait.

« - Je… ! Je…
- Répondez, Lelga. J’ai hâte d’entendre votre réponse.
- J…Je suis très heureuse de servir les Sylvere. Ils me traitent bien. En particulier Monseigneur Ailill. »

Ledit seigneur ne put retenir un « Hmpf ! » plutôt amusé. Ca, c’était normal de vanter la personne juste à côté d’elle. Mais il savait la rouquine sincère. La pauvre. Elle s’imaginait son maître siiii parfait. Elle allait, un jour, retomber lourdement sur terre. La déception serait intense…

« - Les gens riches ont des serviteurs. Car en tant que gens riches, ils ne doivent pas effectuer de tâches ingrates. »

Il n’était pas forcément d’accord lui-même avec ça. Mais il était certain qu’il n’aurait pas fait une partie de ce que Lelga ou Renis faisaient à sa place. La gamine eut une exclamation surprise lorsque Jeff s’approcha d’elle.

« - J…J’ai…
- Voyons, Jeff, tu vois bien que tu l’effraies. Lelga n’est pas très courageuse, tu sais…
- Je suis courageuse ! » lança la rousse, serrant les poings, avant de regretter de s'emporter sur son supérieur.

Le maître en rit, croisant les bras. Ah, lala… Elle était magnifique, cette fille-là.

« - En tout cas. Je ne sais pas vous, mais l’envie m’appelle. Je vais me promener.
- Je viens avec vous, Monseigneur ! »

De toute façon, elle n’avait pas trop le choix.


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Jeff secoua la tête de gauche à droite en soupirant. Cette fille n'avait pas vraiment l'air d'être sincère... pourquoi ne l'était-elle pas ? Elle risquait d'être battue sinon ? A vrai dire, Jeff n'y comprenait vraiment rien. Pourquoi une personne en particulier aurait le droit d'être noble, et pas une autre ? Jeff haussa des épaules : de toute façon, si Lelga se plaisait dans son rôle, c'était son choix. Mais à sa place, Jeff aurait préféré mourir. Servir une autre personne, et puis quoi encore !? Servir quelqu'un juste par prétexte que celle-ci est riche.

Jeff resserra sa prise, se moquant qu’il puisse faire mal à Lelga. Au fond de lui, il avait peur de perdre le duo, alors il se cramponnait à la jeune fille pour être sûr de ne pas la perdre. De son autre main, il toucha le sommet du crâne de Lelga, et la laissa glisser le long de ses cheveux. Ils étaient doux… Le garçon n’avait pas vraiment compris que ce geste était plutôt étrange.

« Ailill, elle est forcément courageuse si elle reste avec toi. »

Jeff se mit à rire doucement. Il les appréciait, maintenant, il voulait juste rester un peu avec eux.

« Je veux rester un peu… s’il vous plaît… »


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Ailill ne put retenir un rire en voyant la rouquine se décomposer complètement et presque appeler son maître à l’aide d’un regard paniqué et terrifié. On pouvait dire que oui, ce geste pouvait sembler étrange et peu rassurant. Gentiment, le brun vint prendre la main du jeune garçon, histoire de libérer Lelga qui « s’échappa » derrière son chef.

« - Bien sûr que tu peux rester. »

Ce fut avec douceur qu’il l’entraîna vers le chemin à peine visible sous les feuilles.

« - Alors, tu vis avec ton frère ? Est-ce que tout se passe bien ? »


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Jeff fut un peu vexé que Lelga ait été effrayée par ses gestes. Il regarda le sol, en grattant le sol avec son pied. Il soupira : Pourquoi tout ce qu’il faisait semblait bizarre aux yeux des autres ? Pourquoi avait-il tant de mal à s’intégrer, à paraître normal ? Il soupira une seconde fois puis releva la tête. Des mèches pendouillaient devant son front, et il se dépêcha de se recoiffer légèrement, les laissant tomber sur ses oreilles.

Jeff grogna quand Ailill lui prit la main mais au fond, il lui était reconnaissant : malgré l’avis de Lelga, il acceptait sa présence. Il lâcha la main d’Ailill et il prit quelques secondes pour remettre son bandage, puis il se rapprocha de lui et glissa sa main dans la sienne.

« Oui, tout se passe bien, mais qu’est-ce qu’il est ennuyeux… »

Il mit une main sur le ventre et fut prit d’un fou rire. Après s’être calmé, il déclara.

« Mais j’adore quand il me raconte des histoires ! »

Il rougit en pensant à ça : on aurait dit un gamin… Jeff demanda à Lelga, curieux.

« Tu as de la famille, Lelga ? »


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Le brun ne put s’empêcher de « bouder » quelque peu. Qu’est-ce qu’il avait avec Lelga ? Surtout qu’elle le rejetait complètement, cette petite idiote. Il était déçu d’elle. Elle se laissait submerger par la peur sans se rendre compte du potentiel de ce jeune garçon. Lui passait outre. Après tout, ils étaient bien étranges tous les deux, pas de la même manière, mais tout de même. Il resserra un peu la main de Jeff, comme un père ou un grand-frère jaloux. Il avait bien le droit de l’être, non ? Il fallait bien qu’il « comble » son ennui, et ce gosse était intéressant.

« - Euh… Oui… Une grande famille même… Mais euh… Elle est loin. » répondit la rousse, avant de se détourner un peu du duo pour s’effacer.

Ce n’était pas son travail que de discuter avec des enfants comme celui-là ! On aurait dit qu’il venait d’un livre d’horreur. Bien sûr, elle avait toujours du mal à lire, mais elle apprenait pour son maître. D’ailleurs, celui-ci reprit la parole.

« - Vous avez de la chance, tous les deux. Je suis fils unique, et… Je me suis toujours demandé comment c’était, d’avoir un frère ou une sœur. »


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Jeff se retint de sursauter. Quoi ? Il était fils unique… ? Lui qui pensait que les nobles n’étaient que des familles nombreuses, il s’était bien trompé. Enfin, ce n’était pas vraiment important. De sa main libre, Jeff replaça des mèches de cheveux derrière son oreille et avoua, non sans rougir.

« - Je dois t’avouer que c’est le contraire pour moi. J’aimerai bien savoir comment c’est d’être fils unique. »

Il tourna la tête en croyant entendre des pas. Il resserra doucement la main d’Ailill, par peur et se mit à trembler. Lui, peureux ? Non… ! Il était effrayé à cause des histoires de monstres que lui avait raconté Liu, c’est tout. Jeff releva la tête et dit d’une voix enjouée.

« - Tu pourrais me raconter ? Et moi, je te dirai tout sur la vie avec un grand-frère, je le jure ! »

Il se mit à sourire.


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Le brun hocha doucement la tête, souriant. Ce petit était à croquer. Si un jour il avait un fils, il le voudrait exactement comme lui. Enfin, ça n’était pas prêt d’arriver, alors pour l’instant, il se concentrait sur lui.

« - Être fils unique… C’est avoir l’attention de tout le monde sur soi. C’est pouvoir avoir plus de choses que lorsqu’on est deux, et ne pas avoir à partager. Parfois, c’est dur, car on aimerait être un peu oublié, mais on ne l’est pas. Enfin, c’est ainsi que je l’ai vécu, en tout cas. »

Ca, ses parents avaient toujours été sur son dos, pour le meilleur comme pour le pire.

« - Et toi, alors ? Raconte-moi ce que ça fait d’avoir un frère… ! »


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Jeff hocha de la tête. Il arrivait à comprendre parfaitement le point de vue d’Ailill, aussi, il l’avait très bien expliqué. Le garçon trouvait cette situation oppressante : être toujours entouré et surprotégé, brr… Jeff fut secoué d’un léger frisson.

« -Tu as eu du courage ! Je n’aurai pas supporté, à ta place ! »

L’aveugle soupira. Comment décrire précisément sa situation ? Il pesa ses mots avec soin et il prit une grande inspiration.

« - Quand on a un frère comme le mien, je peux être considéré comme un fils unique sur certains plans : on ne partage rien, il me donne tout ! Dans mon cas, je pense qu’avoir un frère, c’est aussi oppressant qu’être fils unique : Liu, mon frère me protège trop. Et quelques fois, on se dispute… mais on s’aime énormément ! »

Il sourit de fierté.


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Un peu de calme...
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Du courage, oui. C’était une forme de courage que d’accepter de se faire envahir par ses parents, et une tripotée de domestiques qui suivaient le moindre de vos faits et gestes. Mais depuis le temps, Ailill y était habitué. Autant dire qu’il faisait des efforts pour ne pas craquer, mais surtout, il savait comment s’y prendre pour fuir sans que personne ne s’en rende compte. Comme maintenant, car en réalité, peu de gens devaient savoir qu’il était parti en forêt, avec la pauvre Lelga qui suivait comme elle pouvait, et en plus un jeune garçon relativement effrayant pour le commun des mortels – et peut-être des immortels, allez savoir –. Justement, il écoutait le cadet lui raconter ce que ça faisait d’avoir un frère. En tant que fils unique, il était toujours curieux de savoir cela. C’était idiot, car il n’aurait pas du tout aimé avoir un frère, mais parfois, détourner l’attention de ses parents auraient été bien. Peut-être qu’il devrait leur acheter un chien… Oui, il faudrait y penser !

« - Je vois… Comme tu en parles, je peux deviner très aisément que tu adores ton frère. »

Il se demandait comment était le fameux frère du garçon. Peut-être se ressemblaient-ils complètement ? Ou peut-être pas. Il était tout curieux, maintenant.

« - A quoi ressemble ton frère ? Peut-être que je l’ai déjà vu sans le savoir ? »

Ca ne serait pas surprenant, avec la dose de gens qu’il voyait pendant ses petites escapades sympathiques… Un petit rire s'échappa de ses lèvres alors qu'il souriait à Jeff.

« - Si j'avais un frère, je voudrais qu'il soit exactement comme toi ! »


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