Posté le 17/05/2011 04:16
« -La violence est la dernière chose à essayer. »
Il était certes un peu tard, mais Sheik suspendit tout geste agressif alors que le Garde blond s’approchait du spectre – du moins de sa lanterne – avec délicatesse. Il espérait seulement qu’il savait ce qu’il faisait, mais lui-même n’avait rien de mieux à proposer, et il lui semblait que le jeune homme était assez sûr de lui.
Si le fantôme ne se calma pas réellement, il eut au moins l’air d’avoir ralenti sa course, et il n’attaqua pas le Garde arrivé à proximité. Curieux, le Sheikah observa le jeune homme qui murmurait près de l’esprit, lequel finit par réapparaître. Était-ce de la magie ? Il ne connaissait rien de ces pratiques et il n’était pas du genre à mépriser ce qu’il ne comprenait pas, il en était seulement intrigué. Quoi qu’il en soit, le calme du Garde était contagieux et Sheik fut rassuré de voir le fantôme rester immobile. Il n’eut pas besoin du signe d’Aeris pour ne pas attaquer, il avait déjà vu quel en était le résultat, et le jeune homme avait obtenu de meilleurs résultats par la douceur. Tout danger n’était pas écarté mais la situation semblait sous contrôle, pour l’instant du moins.
Qu’est-ce qui avait pu le réveiller ? L’air joué avec Altaranth n’était-il pas à son goût, ou avait-il réveillé des souvenirs douloureux chez cette âme en peine ? L’histoire de Dalan avait-elle un quelconque rapport ? Le Sheikah était venu ici pour présenter ses respects aux morts, non pour les déranger, et la peine dégagée par l’esprit le préoccupait. Il resserra sa poigne sur la lyre qu’il tenait toujours à la main. Si c’était la musique qui avait déclenché sa colère, ne risquait-il pas de l’aggraver en recommençant ?
« -Pour ta question. Effectivement j'ai des remords, mais qui voudrait me pardonner mes actes. Le pardon, c'est une connerie. »
Sheik se tourna vers Dalan. Ce dernier, lui, semblait toujours prêt à prendre la poudre d’escampette à la moindre occasion. Pourtant, s’ils avaient voulu l’arrêter ou le livrer aux gardes à sa recherche, il devait se rendre compte qu’ils l’auraient déjà fait. Le Sheikah s’autorisa le temps de répondre au jeune homme, de toute façon il n’était toujours pas certain de ce qu’il convenait de faire.
« Tu as d’abord besoin de ton propre pardon. Peu importe celui des autres non ? Si tu as des regrets et que tu souhaites te racheter … »
Des regrets… Il reporta son attention sur le spectre. Il ne savait pas ce qui retenait ce dernier ici, ni ce qui avait fait ressortir toute cette rancœur, mais il se sentait responsable de l’avoir dérangé. Il lança un regard vers Altaranth. Apparemment lui non plus ne savait pas quoi faire. Le Garde blond recommandait la douceur, mais les paroles incompréhensibles pour les oreilles de Sheik qu’il murmurait au fantôme ne semblaient pas suffisantes, quant à la musique, c’était l’âme qui l’avait stoppée en les attaquant, ce qui ne laissait pas penser qu’elle avait apprécié. Cependant, il voulait aider, et à défaut d’attaquer, il ne savait pas quoi dire au spectre, il ne savait pas comment lui exprimer ses regrets, sa peine, sa compassion, …
Il ferma les yeux. C’était la musique qui lui permettait le mieux d’exprimer ses émotions, de transmettre ses sentiments et d’apaiser son entourage. Une musique n’était pas l’autre, chaque musique, chaque interprétation même, véhiculait un message. Il devait essayer à nouveau, c’était la seule chose qu’il pouvait tenter de toute manière. Bien décidé, il rouvrit les yeux et leva son instrument à hauteur de son épaule guettant la réaction d’Aeris, après tout si la colère du fantôme se manifestait à nouveau, ce qui arriverait dans le pire des cas, c’était lui qui serait le plus exposé. Mais puisque le jeune homme ne lui fit pas signe d’arrêter, il supposa qu’il approuvait la tentative.
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Quelques secondes s’écoulèrent avant qu’il ne touche les cordes. Ses doigts pinçaient délicatement chacune d’entre elles. La mélodie était lente et délicate, une sérénade reposante, apaisante même. Une par une les notes tombaient comme des gouttes de pluie sur la surface d’un lac, provoquant de légers remous. Les ronds s’étendaient lentement sur l’eau jusqu’à disparaître, aussitôt remplacés par d’autres. Qu’il était insignifiant en ce bas monde, que ses peines semblaient vaines. N’aspirait-il pas seulement au repos ?
Sheik comptait sur ses camarades pour l’arrêter si l’effet produit n’était pas celui désiré, mais à présent pour lui le cimetière avant cessé d’exister tout autour. Il n’était plus qu’une musique, une succession de notes, un thème aérien et léger.