Hyrule's Journey

Ils se levèrent, sortirent de l'auberge, et Eylun guida Estelio jusqu'à la maison qu'elle avait désigné un peu plus tôt.

Alors qu'elle allait frapper à la porte et exposer la situation à la gérante, Estelio lui posa une nouvelle question, ce qui lui fit arrêter son geste. Ils furent ainsi devant la maison, et la jeune elfe semblait chercher ses mots : des mots justes, afin de ne pas tromper malgré-elle ce jeune étranger qui arrivait.

Ce n'était pas pour le faire fuir, mais autant prévenir. Bon, d'accord, comme un bon nombre d'habitants d'Hyrule, elle ne connaissait pas Ganondorf personnellement, y compris la famille royale et ses ennemis, mais chaque habitants d'Hyrule connaissait son histoire...

Elle finit alors par expliquer, d'une voix calme et posée :

- J'ignore si celui d'ici est le même que celui de votre pays d'origine, bien que, d'après ce que vous me dites, ça pourrait.

Le Seigneur du Malin est à l'origine le roi des Gérudos, le gérudo "homme" de ce siècle que nous parcourons. Il fut un jour où il prêta allégeance au roi d'Hyrule, mais cela n'était qu'un prétexte pour tenter d'obtenir l'ocarina du temps, trésor de la famille royale, qu'elle seule possédait. Pourquoi voler ce trésor ? Car c'était la clef menant au Saint Royaume, la fameuse terre d'Or, où repose la légendaire triforce, source de pouvoir des déesses...quiconque pose la main dessus voit son voeu exaucé...mais avec des conséquences, selon la personne qui la touche : si c'est un être au coeur bon, Hyrule connaîtra la prospérité, si c'est, comme dans le cas que j'évoque, une personne au coeur sombre, c'est le chaos et le désespoir qui s'abattent en ces terres.

Je vous épargne les détails, car cette histoire est un peu longue. Mais en gros, ce Seigneur du Malin parvint à pénétrer dans le royaume d'or, à toucher la Triforce, qui se brisa alors, en semant le chaos...fort heureusement, le Héros du Temps parvint à vaincre ces ténèbres, avec l'aide des Sages et de la princesse Zelda.

Cette triforce contenait le pouvoir des déesses, alors si chez vous, le "Malin" est une entitée spécifique aux pouvoirs incommensurables, alors peut-être bien que nous parlons de la même personne. Mais dans ce cas, sachez que ce n'est pas un dieu, mais un imposteur, qui s'est octroyé des pouvoirs divins.

Il est encore de ce monde, par un miracle, il s'est libéré du sceau que le Héros et les Sages avaient créé...il faut s'attendre à tout, enfin, pour le moment, aucun malheur ne nous est tombé dessus ^^

Elle finit par une expression qui se voulait rassurante. Mais en réalité, en reparlant de ça, d'étranges souvenirs, ou plutôt d'impressions, lui revenaient en mémoire. La période où elle était...morte. La période juste avant qu'elle ne soit réincarnée par les déesses. Ce monde invisible, était-ce ce royaume légendaire totalement incaccessible en dehors de la mort (peut-être) ou par les portes du temps ? L'elfe l'ignorait, mais préférait désormais se concentrer sur le présent, même si elle avait récupéré sa mémoire de sa vie première. Ce qui pouvait avoir des avantages, mais qui avait aussi de lourdes conséquences...car elle devait par exemple supporter le fait que les connaissances qu'elle avait connue avant sa mort la regardent comme une parfaite étrangère...ce qui é tait tout à fait logique...mais elle s'y ferait. Elle devait assumer les conséquences de ses actes. Car normalement, elle n'avait pas le droit de se souvenir, elle ne devait pas, justement pour cette cause, mais le destin en avait finalement décidé autrement...

Je me demandais si elle n'exagérais pas ces dires. Après tout, si un seul homme pouvait porter un si puissant coup à un royaume, il était normal de le rendre plus fort, histoire de normaliser cette défaite et de valoriser cet exploit qui a été de le vaincre. Et ce héros du temps, qui était-il? Un mortel aussi sans doutes.
Finalement, ce Seigneur du Malin n'était pas si différent des Elémentaires. Ils se prenaient pour des dieux, et en avaient le pouvoir, mais ne l'était pas.
Je me demandais ce qui se passerai à la fin du siècle, quand un nouveau fils-roi Gérudo viendrait au monde. Un siècle, c'est court, et rien n'empêchait qu'il soit bon, ce nouveau souverain.
Mais tout cela semblait perturber Eylun, et je m'abstins de plus de questions. Je trouverais bien quelqu'un pour y répondre. Quelqu'un de moins affecté.
Enfin, ce Seigneur du Malin ne pouvait pas être si terrible, un homme en mal de pouvoir, comme tous, mais avec la détermination plus forte que les autres, rien de plus.
Mais ce n'est pas le genre de chose que l'on peut dire, moins encore quand on est un étranger qui pose déjà beaucoup de questions.

"Je vois..."

Je ne pouvais pas dire grand chose d'autre, mes je me forçai à trouver une phrase un peu plus construite que la précédente.

"Et bien, puisse-t-il être suffisemment affaiblit par sa fuite pour ne plus importuner quiconque pendant le reste de ce siècle."

Je forçai un sourire de circonstance, pas très convaincant, le sourire de ceux qui parlent à la légère de ce qu'ils ne connaissent pas.

Elle eut un petit regard amusé, avant de lui répondre, s'arrachant enfin de ses pensées lointaines :

- Oui, bien sûr ^^ Enfin, la vie ne serait pas ce qu'elle est sans tous ses dangers ! Il suffit juste d'être prévenu =)

Nous restions devant la porte, à nous regarder un bref instant. Je n'avais pas grand chose à dire, et attendais qu'elle frappe, n'osant prendre les devants à ce moment. Il ne s'agissait que de quelques secondes, mais elles étaient occupées par mes pensées, des pensées que je ne maîtrisais pas plus que ne comprenais. Comme si quelqu'un me disait quoi penser, sans que je n'ai le temps de l'assimiler. Puis, comme pour faire sortir ces pensées, la porte de la maison s'ouvrit.