Posté le 09/11/2013 23:30
[Je suis peut être à côté de mes pompes, mais je ne suis pas sûr d'avoir bien saisi les enchainements entre vos posts, Wofly et Necrysis. Je sais aussi que Link ne s'est pas enfui, mais qu'importe ! On va faire comme on peut !]
Les projectiles filaient, et il s'approchait dangereusement de son adversaire. Il ne restait guère que quelques mètres à parcourir avant que sa lame ne morde les chairs de ce loup presque humain. Ses propres crocs, de fer et d'acier, goutteraient bientôt au sang de cette abomination qui se dressait entre Malon et lui. La pression que ses doigts maintenait sur la fusée de son épée s'accentua alors qu'il ne refermait un peu plus sa poigne sur l'arme. Courbant légèrement le dos pour offrir moins de résistance au vent, et ainsi gagner en vitesse de pointe, il s'apprêta à éperonner une seconde fois la jument.
Et il l'aurait fait, si le feu ne lui avait pas léché la joue.
D'un geste aussi brusque que vital, il se releva, tirant de toute ses forces sur les brides, forçant Epona à freiner aussi drastiquement qu'il lui était possible de le faire. Il pesta alors, agacé et inquiet que l'animal n'ai jamais porté aucun fer, conscient de la douleur qu'il devait provoquer chez elle. Ses dents grincèrent tandis qu'il grimaçait, le bras droit rendu douloureux par l'effort qu'il s'infligeait. Il aurait voulu l'encourager mais savait qu'il ne serait pas foutu de desserrer la mâchoire avant que le danger n'en soit plus un. Il se cambrait involontairement, ramenant les épaules le plus loin possible en arrière. Une nouvelle flammèche passa à deux doigt de son oeil, qui ne cilla pas. S'il fermait les yeux, c'était fini.
Le flanc du bâtiment s'effondra enfin, brisant définitivement le moindre espoir d'avancer. Au vacarme des combats et au chaos engendré par la mort qui frappait aussi brutalement que soudainement vint s'ajouter une poussière aussi lourde que l'éboulement. Les flammes qui rongeait une bonne partie des bâtiments avaient fragilisé la structure d'une majorité d'entre eux. La bicoque n'avait pas pu soutenir son propre poids après que la créature en ai enfoncé l'un des murs principaux.
Epona renâcla, et il porta sa main jusqu'à l'encolure pour flatter et réconforter l'animal. « Là... C'est fini. » Lâcha-t-il doucement à l'oreille de la jument, pour la calmer, regrettant de ne pas avoir les mêmes affinités et facilités que Malon avec les chevaux. Si elle avait été là... — Si elle avait été là, il n'aurait pas eu à la chercher. Et puisque son amie équidé ne pourrait pas franchir le nouvel obstacle qui s'était dressé entre elles eux, il mit pied à terre, avant d'adresser une tape ferme, mais pas violente, on ne peut plus claire sur la croupe de l'animal. « Va... — » Murmura-t-il alors, en la regardant s'éloigner.
Sans attendre plus longuement l'Hylien débuta son ascension vers les toits. S'il voulait progresser, il allait falloir se hisser au dessus de ce barrage malheureux, sans compter que de haut il aurait indéniablement une meilleure vue de l'ensemble du conflit. Cette bataille était aussi tortueuse que les sinueux chemins qui jalonnaient les Bois Perdus, et aussi tumultueuse qu'une rixe. Une rixe à l'échelle d'un village. Il grinça des dents, tandis qu'il continuait de s'interroger sur l'utilité de cette attaque. Il avait bien compris qu'il était indispensable aux Dragmires d'inspirer une certaine forme de terreur, mais de là à lancer un assaut semblable, la logique lui échappait. Dans le pire des cas, ils ne pourraient infliger qu'une petite balafre de plus au Royaume... Mais une balafre de plus tout de même.
Alors que ses doigts effleuraient la pierre, un son l'arrêta à nouveau. Sans avoir la moindre certitude, il avait l'impression que des gens respiraient encore, sous les gravats et les décombres. Arrêtant son mouvement, il resta un instant immobile, partagé entre deux nécessités : d'un côté hurlait en lui le désir de se battre – pour mieux faire régner la paix, sans doute – tandis qu'un autre lui intimait de déposer sa rage l'espace d'un instant et de venir en aide aux gamins en pleurs qui suffoquaient sous des kilos de pierre grise et poreuse. S'il s'arrêtait ne serait-ce qu'un unique instant, il mettait l'ensemble du village et Malon tout particulièrement, dans un danger potentiel... Et, en toute honnêteté, son bras le démangeait. Sans avoir envie de tuer, il s'y était résigné et sans doute, avait-il l'envie de venger les maux dont souffrait dorénavant Cocorico.
Immobile, comme perdu dans un espace temps différent, il contemplait sa main, qui effleurait la pierre. Son souffle lourd les martelait sans cesse, tandis que tout autour de lui, tout se passait comme au ralenti. L'Enfant-des-Bois rejeta la tête sur sa gauche – à l'opposé du combat qu'il cherchait à rejoindre – pour mieux voir les affrontements comme les fuyards comme embourbés dans il ne savait quoi. Comme si le temps n'avait plus la même valeur.
"Mama..! —" Criait l'enfant encore enterré. Aussi subitement que le monde ne lui semblait freiné, il ramena son regard sur cette main qui avait le pouvoir de sauver une vie ou d'en prendre une. « A l'aide ! » Ses doigts se saisirent d'une roche qui barrait la route de la lumière du jour. Ses paumes se firent pelles, et il se mit à creuser les débris, ignorant tant bien que mal la fumée qui montait et lui piquaient les yeux ; comme les flammes qui ne lui rougissaient pas que les joues.
Sa main plongea enfin au travers du trou qu'il avait réussi à ménager au travers de ce qui ressemblait presque à une carrière, dorénavant. « Attrapes ! » S'époumona-t-il, en espérant que le gosse l'entendrait au travers des roches. Et quand deux bras s'agrippèrent au cuir qui bardait le sien, ses traits se déformèrent en une grimace. Pour mieux lutter contre le poids, il plaqua le flanc de son visage contre un des pavés qui composait jadis la structure. «Umph... — » La sueur perlait sur son front et la fumée envahissait ses poumons. Les flammes dévoraient avidement chaque once de chair qu'il avait eu le malheur, ce matin-là, de laisser découverte. Mais il n'abandonna pas. Ses phalanges blanchissaient dangereusement, à mesure que ses ongles ne s'ancraient dans les blocs de tufeau et qu'il soulevait l'enfant à la seule force de son bras — et de sa volonté.
La pression sur son avant-bras diminua petit à petit qu'il parvenait à hisser le gamin, terrorisé, et que celui-ci s'aidait des aspérités de ce qui restait de sa demeure. Pourtant quand la petite fille – les couettes et la forme du nez tendaient à prétendre qu'il s'agissait non pas d'un gamin mais d'une gamine – le lâcha pour tenter de se sortir elle même de ce guêpier, le vagabond ne s'accorda pas de répit : saisissant la petite aux aisselles, il la tira finalement loin du trou qui ne demandait qu'à la happer de nouveau. La tête lui tournait quand il la déposa sur la terre ferme, mais il tâcha d'avoir l'air fort, conscient qu'il ne la rassurerait absolument pas en se laissant lui même abattre. « Ca va allez, petite. Cours te cacher et il ne t'arrivera rien. » Il passa la main dans les cheveux de la petite et les ébouriffa, non sans une pensée pour Jared qu'il n'avait pas réussi à sauver du glas du trépas. Un genoux à terre, il se laissa le temps d'haleter une seconde et de reprendre ses esprits. Son regard de givre rencontra la falaise de pierre, de tuiles, de chaume et de bois qu'il lui restait à escalader.
Malgré la fatigue, le Héros du Temps fut en haut en un rien de temps. Il pouvait non seulement compter sur une expérience toute particulière de la grimpe, mais aussi sur une détermination sans faille. Chaque coup porté au Royaume serait rendu, au centuple s'il le fallait. L'Enfer Polaire qui brûlait au fond de son coeur et de ses pupilles ne tarda pas à retrouver la créature viciée qui se battait encore, en contrebas. Un pied surélevé par la bordure du toit, il l'observa, aussi haut que les montagnes et aussi droit que les doyens des bois Kokiris, alors qu'un vent chaud soufflait dans les cheveux qu'il avait collés aux tempes et au front par l'effort.
Link se mit alors à courir, vers le vide. Tirant au clair l'acier sacré, qu'il avait du ranger un peu plus tôt, il laissa la lame se noyer dans l'orange et le rouge vif de l'incendie qui grignotait les masures. Et quand vint la fin du toit, il s'envola spontanément. Comme si, toute une vie durant il avait fait ça. Atterrisant en douceur sur le toit qui suivait sa course, il roula tout de même pour mieux s'assurer que tout ne s'effondrerait pas sous le cuir bouilli de ses bottes, et se retrouva camouflé par une caisse déposée sur ce toit heureusement plat. Posant Excalibur un instant, le Sans-Lignage souleva la masse de bois en même temps qu'il ne se relevait, et du haut du toit l'envoya de toute ses forces sur cet homme qui n'avait d'humain que la façon de se tenir debout.
D'un mouvement du pied, et avant que le cageot n'ai parcourut assez de distance pour percuter quoique ce soit, il projeta sa lame en l'air, avant de sauter à son tour. Quand le fer passa devant ses yeux, ses doigts s'enroulèrent à nouveau autour de la fusée, tandis qu'il ne se laissait chuter vers les combats. En coordonnant ainsi son lancer et son atterrissage, le Fils-de-Personne comptait d'avantage sur la surprise que provoquerait le bois en se fracassant au sol que sur les dégâts qu'il pourrait causer à son adversaire. S'il parvenait à dérouter la Bête, il savait qu'il serait tout à fait à même de briser sa garde et passer outre ses défenses. L'Épée de Maître, dont la lame, gorgée par l'incendie, brillait d'un feu aussi brûlant que celui qui s'attaquait au Fief d'Impa saurait faire ce qu'il fallait pour en venir à bout. Il ne doutait ni de la vigueur ni de l'allonge de son bras. — Pas plus qu'il ne doutait du tranchant de son arme.
Au moment ou le caisson explosa, il se réceptionnait. De toute évidence, et bien qu'il n'ait pas de certitude, un homme instruit dans le maniement des armes faisait face à une enfant qui n'hésitait pas à le menacer d'une arme particulièrement impromptue. Aussitôt qu'il le comprit, il n'y pensa plus. Un ennemi identifié ne représentait plus qu'une menace moindre. Le givre de ses yeux se dirigea plutôt vers l'Homme-Animal qu'il avait pris en chasse, un peu plus tôt. L'Épée de Légende brillait d'un feu nouveau, tandis que dans ses yeux la rage et la colère s'offraient le luxe d'un ballet. L'image de la petite lui revint en tête. Puis celle de Jared. Il revit le Ranch, s'embrasant comme si des Dragons surgit d'un autre temps avait décidé de s'amuser un peu. Il n'oubliait ni le massacre de la citadelle, ni le sac de la Forteresse. Ses deux mains se refermèrent sur la garde d'Excalibur, et il s'élança sur le monstre. Ca n'était pas Ganondorf ; pas plus que Loireag, et il ne paierait pas pour eux : il paierait avec eux. L'Alliage céleste fendit l'air à nouveau, alors qu'il ne portait un coup empreint d'une vigueur et d'une haine indigne d'un coeur pourtant empli d'amour pour Hyrule. Link frappa d'abord sur le flanc droit, avant de ramener sa lame sur la gauche de son adversaire.