Posté le 21/11/2013 21:56
D'un commun accord le fer et le feu avaient déchiré la chair de la bête une première fois, avant que la lame ennemie n'interrompe un second assaut. Le cours espace de temps durant lequel les deux armes s'épousèrent tant bien que mal suffit à l'Hylien pour venir chercher le regard de l'animal. Des yeux qui brillaient du même or que celui qui habitait ceux de Ganondorf. De la même perfidie. Les traits du blond se déformèrent en une expression violente, si bien masque de colère et de rage que d'adrénaline provoquée par la fureur des combats.
Il ne sut pas qui des deux mis fin à l'étreinte de l'acier, mais laissa le Loup reculer quand il commença à battre en retraite. Profitant de l'élan, il accompagna le mouvement de son adversaire. Alors que son regard de givre suivait le repli de la créature, ses bras participèrent à la repousser. Rien de bien violent, mais c'était une façon de plus de prendre le pas sur l'ennemi ; de gagner un terrain qui s'avérait toujours plus précieux à mesure que les passes s'enchainaient. Dominer tout du long d'un affrontement ne signifiait évidemment pas vaincre, mais assurait une certaine sérénité favorable. C'était ce genre de raisonnement qu'aurait pu développer un oeil soit particulièrement pragmatique, soit véritablement extérieur. Et ça n'était pas son cas.
Lui, au contraire, était empreint d'une fureur bestiale. Il avait laissé la hargne l'envahir alors qu'il ne s'en remettait plus qu'à son instinct pour mener l'acier au coeur et lui éviter le sang. La rage marquait son visage et ses doigts se refermaient violemment sur la fusée. C'est à peine s'il écoutait le Lycan lorsque celui-ci prit la parole. Ses bottes s'enfoncèrent légèrement dans la poussière et la boue qui tamisaient les ruelles comme les allées de Cocorico. Ses jambes s'arquèrent et ses muscles se tendaient un peu plus encore.
Lorsque le bras de l'Homme-Bête s'élança, l'Hylien avait déjà bondi. Le premier coup portait sur sa gauche aussi, en plein mouvement, il se déporta. Ses doigts se posèrent sur la lame – sans pour autant que les flammes ne les brûlent – pour s'assurer un meilleur appui. Le choc fut rude, mais il tint bon. La corpulence de son adversaire représentait sans doute son principal atout dans un affrontement pareil, et quand bien même les muscles de l'Enfant-du-Bois exprimaient leur mécontentement avec une vigueur qu'il n'oublierait pas de si tôt, il persévéra. Bientôt l'alliage céleste éloignait la lame de poignet, tandis que vers son autre flanc filait une nouvelle menace. Sans cesser sa propre avancée, il se déporta toujours un peu plus. L'acier ripa, quand la lame du Fauve percuta le pavois qui lui barrait le dos. Une parade autrement plus bancale que la première, mais qui suffirait à protéger ses arrières.
Le Loup frappa à nouveau, mais trop tard. Les genoux du vagabond s'étaient faits pivots et piliers tandis qu'il amorçait un nouvel assaut. Le fer empoisonné passa des lieux au dessus de son crâne, et Excalibur se chargea de fendre à nouveau. La lame purificatrice déjà rougeoyante se teinta brièvement d'une aura irisée et le Héros du Temps tranchait de part et d'autres. Suivant la courbe de l'attaque circulaire qui avait maintes fois sauvée la vie du Sans-Lignage, les flammes laissèrent une trainée ocre et brûlante sur l'air malmené tant par l'alliage que par l'alliance du feu et de la puissance d'Hylia.
Une main quitta la hampe de l'épée sacrée, tandis qu'un de ses genoux venait doucement rencontrer le sol. L'étoffe qui faisait office de chausses s'imbiba presque immédiatement de la boue qui maculait le couloir séparant les maisonnées du Fief d'Impa. Haletant, il chercha un instant le regard de son ennemi, lequel avait continué de battre en retraite. Parcelle par parcelle, Link gagnait du terrain et tôt ou tard le monstre se retrouverait dos à dos avec la façade effondrée qui obstruait la rue et la transformait en une impasse mortelle.
Le Fils-de-Personne ignorait purement et simplement si sa botte avait ne serait-ce que frôlé le Lycan. La poussière et les relents de brume troublaient sa vision, sans compter l'imposante fourrure, sombre et drue, qui masquait les éventuelles blessures du Lobo à l'allure d'Homme.
Son poing vint cueillir la goutte de sang qui perlait sur ses lèvres. Sans doutes les avait-il mordus avec trop de force lors de la dernière passe. L'Hylien jeta un rapide regard circulaire sur la scène de chaos qui se brossaient tout autour d'eux, avant de se concentrer à nouveau sur son propre combat. Quand bien même il en avait l'impression, le monde ne s'écroulerait pas sur lui même d'ici à ce que la tête de l'abomination dorme sur une pique. Lentement, il se releva, alors que le vent charriait les flammes, la poussière et le sang. Ses cheveux poissés lui passaient devant les yeux sans qu'il n'y prête attention : son être tout entier se focalisait sur cet adversaire aussi inhumain qu'éloigné de l'animal au sens propre du terme. Cet hybride contre nature qui s'était dressé contre lui.
La pointe de l'Épée de Maitre vint griffer le sol, alors que le Jadis-Champion de Farore se jetait à nouveau dans la danse. Ses foulées le rapprochèrent bien rapidement de son vis-à-vis, et en tout point de vue la charge promettait un choc frontal particulièrement violent. C'est ainsi qu'il aurait du en être, si les pas du Héros ne s'étaient pas dérobés à la route pour mieux rejoindre les charpentes. Dans un mouvement aussi improbable qu'il ne lui étaient venu naturellement. Sans que rien n'ai pu l'indiquer, Link avait démarré une course sur les façades des masures. Ses pieds semblait rebondir, parallèles à l'horizon, alors qu'il progressait sans perdre en vitesse.
Bientôt il ne fut plus qu'à trois toises. Une deuxième fois depuis le début de l'affrontement, ses genoux se scièrent puis se détendirent. Le Fils-de-Personne décolla et son bond le mena droit vers son ennemi. Profitant de l'élan, il frappa d'un coup de tranche. L'acier, toujours rongé par les flammes, fila à la rencontre de l'Ignominie, et tacha de tracer son chemin à travers les fourrures, les os et les chairs. Si le coup faisait mouche, l'Épée de Légende aurait tôt fait de lacérer la jointure du cou et de l'épaule.