« Le rameau est vert ; voilà qu'arrive le Printemps »

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Nul passage ne lui inconnu, nul chemin ne lui était flou. Ou si peu. Combien de fois avait-il trompé la garde qui veillait sur les murs du Castel ? La dernière fois ne remontait pas à si loin, en réalité. Il ne saurait donner une date précise, mais il s'en souvenait pertinemment. Comme si c'était la veille, ou presque. En fait, il n'avait passé la Grande-Arche de la demeure des Nohansen Hyrule qu'une seule et unique fois ; en compagnie de Llanistar et de Tali. Il ne connaissait que peu la Gérudo, au fond, mais avait conscience de la dette qu'il avait envers elle. Dans un avenir plus ou moins proche, il fallait qu'il la revoie — ne serait-ce que pour la remercier.

La dernière fois qu'il s'était infiltré dans le Domaine-Réal, le contexte était très certainement moins sombre qu'il ne l'était aujourd'hui. Dun partageait, à l'époque, encore la couche de son amie, et si Ganondorf s'apprêtait à prendre le Temple du Temps ; il n'avait pas encore orchestré le massacre d'autant d'Hyliens. Le Royaume n'avait pas été frappé par une série de catastrophes et Hyrule n'avait pas encore connu la nécessité de former une armée. Et pourtant, ce jour lui connaissait un sourire qu'il n'avait pas en investissant la suite de Zelda et son Prince-Consort devenu Parjure.

Il posa silencieusement sa main droite sur l'une des larges dalles qui contribuait à l'érection du premier mur d'enceinte. La pierre de Tuffe accrochait gentiment ses doigts. Les aspérités de la roche, tout aussi légères qu'elles soient, formaient une sorte de carte d'identité du minéral. D'humeur réellement joviale, l'Hylien, se laissa aller un instant, sans contenir cette curieuse envie, il abandonna sa main sur la pierre. C'était presque comme s'il avait l'envie de communier avec elle ; de laisser sur les remparts du Castel une trace de cette joie aussi improbable que bienvenue. Rarement les commissures de ses lèvres s'étiraient, disait-on. Il n'avait pourtant fallu qu'un presque-festival et une démonstration de chaleur du peuple Hylien. Savoir qu'il pouvait encore exister havres de paix et de rires lui apportait une sérénité qu'il ne trouvait nulle part ailleurs.

Naquit un sourire en coin sur son visage, alors que ne se dessinaient sous ses yeux les souvenirs de sa première expérience en tant que « souris qu'on ne devait laisser passer ». Ses doigts se faufilèrent entre les bords d'une interstice entre deux dalles de tuffe. Sa jambe gauche s'éleva jusqu'à ce que son pied rencontre et s'appuie contre la pierre. La droite se raidit alors que chacun de ses muscles n'entrait en action. Il s'arracha au sol malgré l'apparente et globale surface lisse que représentaient les fortifications. Le soleil brillait encore un peu plus haut – la mi-journée était tout juste atteinte – offrant à tout son dos et sa nuque une chaleur tranquille qu'il ne pouvait qu'apprécier. A la force des jambes, et grace au soutien sans faille des bras, il se hissa un peu plus en hauteur. Le souffle court, les biceps et autres quadriceps tendus sous l'effort qu'il fournissait, il grimpa encore et encore.

Après un instant qu'il n'aurait pas été en état de quantifier en temps (vraisemblablement une demi-douzaine de minutes, tout au plus), le blond était arrivé jusqu'aux cimes de l'imposante muraille. Alerté par le si caractéristique sons des mailles et des plaques, il se stoppa dans son ascension. Le Fils-de-Personne se cramponna sans mal aux nombreux mâchicoulis qui précédaient les créneaux, ramenant ses jambes au plus proche de son torse, dissimulé par les lourds blocs de roches suspendus au dessus de son crâne.

Une nouvelle fois il se sentit d'humeur taquine quand résonnèrent les bottes de fer que portaient les deux soldats. Ce qu'il faisait n'avait rien de bien méchant mais il savait pertinemment qu'au fond il se jouait des troupes de Zelda. Bah..! Sans doute un vieux défi qu'il n'avait plus eu loisir de tenter depuis des années. Une envie d'enfant qu'il réalisait à nouveau. Le « Garçon à la Fée » restait curieux de la réaction qu'aurait Belle.


"T'as pas entendu quelque chose ?" Lança l'un des deux gardes qu'il ne pouvait voir. Il resta immobile et silencieux, mais toujours d'humeur joueuse. « Nan ? Y'a un truc qui te tracasse ? » Le léger crissement qui parvint à ses oreilles pointues lui indiqua qu'un des soldats s'était penché dans le vide au dessous de lui. L'acier qu'il portait frotta à nouveau contre la pierre quand il se releva. « 'Chai pas. J'suis méfiant. Tendu comme qu'y dirait l'aut'. »

Ils s'éloignèrent enfin, après quelques vérifications supplémentaires, dans un cliquetis spécifique. Des gouttes de sueurs commençaient à perler sur le front du Héros. Se maintenir ainsi entre ciel et terre, en suspension contre les parois relativement lisses de l'Enceinte Extérieure nécessitait une vigueur et une energie que tous ne sauraient mobiliser. « Ugnh.. » Souffla-t-il, pratiquement en silence. Il jeta son bras à l'assaut du créneau qui le surplombait sans plus attendre. L'Hylien agrippa la roche avec toute la force qu'il lui restait après ce presque quart d'heure d'escalade. Ignorant vraisemblablement toute notion de danger en cas de chute – bien que le demi de la moitié de la hauteur grimpée suffirait à le tuer s'il tombait –, il déplia brusquement ses deux jambes, se déracinant d'un bond des murs qui l'avaient soutenu toutes ces longues minutes.

Un instant, il lui sembla voler. Un instant, seulement, avant que la nature ne reprenne ses droits et que la gravité ne menace de l'écraser. Jouant de son propre poids et mettant à profit une expérience acquise dans les bois en compagnie de Saria, l'ancien Champion de Farore utilisa son bras comme un balancier. Malgré les soins donnés par Flora quelques jours plus tôt au Ranch, il avait pris la précaution d'employer celui qu'il n'avait jamais brisé (du moins, pas depuis des lustres !). La douleur qui fusa de son poignet à son épaule lui remémora à quel point les branches pouvaient être plus souples que de rigides Château-Fort.
Tout se déroula néanmoins comme il l'avait prévu, et bientôt ses bottes de cuirs étouffèrent le bruit qu'il fit en atterrissant sur les pavés du sentier de ronde. Regard circulaire rapide. Personne en vue. Ca n'était en aucun cas une raison pour s'attarder. Le Faux-Kokiri concentra son regard sur les jardins massifs qui s'étendaient presque à perte de vue sous l'hiver éternel qui bataillait au fond de ses prunelles. Tous ces centenaires et autres doyens sylvestres qui peuplaient le verger des Rois ne s'élevaient que bien trop bas pour qu'il puisse compter dessus. Si tôt que ce « détail » fut noté, il chassa l'idée d'amortir un saut grâces aux buissons et aux arbres fruitiers. Il en sortirait au mieux avec une patte brisée, et au pire avec la nuque rompue.

Link ne manqua toutefois pas de remarquer les longs oriflammes tantôt rouges tantôt blancs et toujours frappés de l'aigle d'Or de la famille de Zelda. L'idée ne lui plaisait pas tant, mais il savait que le temps lui étaient compté — d'autant qu'il avait aussi repéré d'autres sentinelles. Il avait eu la chance de se trouver dans un angle mort. Sa main gauche vint se reposer sur un poignard accroché à sa ceinture. D'un geste vif et sec, il le tira hors de sa gaine de cuir avant de s'élancer dans le vide.

La lame s'enfonça dans l'étoffe sans mal et l'acier commença à fendre le tissu, offrant au porteur de l'Épée de Maître la sécurité d'une descente fluide mais ralentie. Il glissait à mesure que son couteau ne déchirait le blason Royal. Les deux mains fermement ancrées sur le manche de bois, il se garantissait une prise stable, et ses pieds appuyés sur le drap contribuaient à conserver un cap tout du long de la dégringolade qui suivait son plongeon.

Il toucha terre plus vite qu'il n'était monté jusqu'au sommet des remparts du Castel d'Hylia. Légèrement désorienté après pareille glissade, il manqua de se retrouver étendu au sol. La tête ne lui tournait pas mais presque, et il préféra s'appuyer un instant contre le mur, le temps de retrouver ses repères. Le défi qu'il s'était imposé était pratiquement terminé et un sentiment de fierté presque infantine s'empara de lui. Il ne lui restait qu'à surprendre la Princesse de la Destinée avant de pouvoir dire qu'il avait réussi.

Les jardins dans lesquels il s'engouffra sans plus attendre tenaient plus du labyrinthe que des simples allées boisées, il le savait d'expérience. Sans les avoir jamais parcourus réellement (il ne s'était attardé que sur un jardin intérieur miniaturisé), il avait pu avoir un aperçu depuis les remparts et la fenêtre de la chambre que Belle et lui avait apprêté à sa dernière venue. Maintenant qu'il avait su pénétrer le Domaine-Réal et les Terres du Roi, il lui faudrait trouver le moyen de rejoindre le Castel-Royal sans se faire attraper.

Il progressa en silence, ramassant même un rameau de cerisier qui s'était brisé, sans trop savoir pourquoi. Doucement, mais sûrement, et dans la discretion la plus totale, il gagnait le Château comme il l'avait déjà fait par le passé. Parfois, il entendait des éclats de voix, et alors il se stoppait, allant même jusqu'à retenir son souffle quand il estimait que la situation l'exigeait. De toute évidence la sécurité avait été très nettement renforcée depuis son dernier passage — grâce soit rendue au Général. Il ignorait les derniers faits qui avaient ébranlé chacune des fondations des lieux, mais ne pouvait que se douter que pour que Zelda accepte de s'entourer d'une Garde Rapprochée, qui la laissait manifestement respirer...


"Halte là." Murmura-t-il à l'oreille de la demoiselle qui ne l'avait pas vu arriver. Il avait parallèlement à ses dires fait prisonnier sa Souveraine en lui passant le rameau devant la taille, à hauteur de hanches. De chacun des côtés, flanc droit comme flanc gauche, il avait fait de ses bras des barreaux. Toute tentative de percée était empêchée par la longue tige de bois vert, et il s'était approché suffisamment près pour qu'elle ne puisse reculer. « On ne bouge plus, Majesté ~ » Reprit-il, sur le même souffle, et débordant de complicité, espiègle.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Elle s'accordait rarement des pauses, et le plus souvent elle passait ses temps libres à la bibliothèque. Elle commençait toutefois à perdre l'espoir de trouver ce qu'elle cherchait, alors au vu du beau temps elle avait ressenti le besoin de prendre un peu l'air. La voilà donc qui parcourait les allées en toute quiétude, profitant des jardins bien entretenus où elle pouvait apercevoir déjà l'arrivée du printemps.

Si la récente tentative d'assassinat aurait dû la mettre sur ses gardes, les mesures de sécurité renforcées par son Général lui laissaient tout de même l'esprit tranquille. Elle était plutôt peinée de la tournure qu'avaient pris les événements, plus qu’elle ne craignait une récidive. Autant pour les gardes qui y avaient perdu la vie que pour l'assassin elle-même. Elle n'avait pas compris ce qui avait motivé cette dernière à aller aussi loin, et pour ça elle aurait voulu une occasion de discuter avec elle qu'elle n'aurait sans doute plus jamais à présent. Quelle qu'ait été la raison qui avait poussé la jeune femme à ces extrémités, elle avait coûté la vie à nombre de personnes parmi lesquelles des hommes qui s'étaient battus avec fidélité et passion pour le Royaume. La Princesse ne pouvait que s’en sentir coupable. Après tout c'était elle la cible initiale, ce qui la plaçait involontairement à la source de l'événement.

Elle savait pourtant que ruminer ces sombres pensées n'arrangeraient plus rien, raison de plus pour essayer de se changer les idées et s'aérer un peu l'esprit. Passant devant les arbres fruitiers, elle se demanda où pouvait bien se trouver Link. Elle aurait voulu savoir s'il allait bien, et s'il trouvait ce qu'il était parti chercher. C'était là qu'elle l'avait vu pour la dernière fois. Malheureusement, depuis, le projet de doléances avait été quelque peu retardé. L'assassinat n'y était sans doute pas pour rien, l'organisation à peaufiner en était une autre raison. Mais le projet était toujours en route, et c'était l'essentiel.

Elle reprit sa route, serpentant à travers les petits sentiers, examinant les plants qu'elle croisait, heureuse d'y voir des pousses vertes qui combattaient le froid pour s'échapper de la terre. Elle ne manquait pas de croiser plusieurs gardes qui patrouillaient, apercevant aussi ceux qui faisaient leur ronde en haut des murailles. Sa surprise en fut d'autant plus grande quand au détour d'un chemin elle sentit des bras surgir sans prévenir et qui l'entravèrent de part et d'autre. Paniquée d'abord, et prise au dépourvu surtout, elle faillit lâcher un cri mais la voix qu'elle entendit alors la détendit instantanément. Cette voix elle l'avait si souvent entendue dans ses rêves qu'il lui avait suffit d'un mot pour mettre un visage sur son ravisseur.

« Oh Link... Si c'est de toi qu'il s'agit je veux bien être emprisonnée tant que tu le voudras ~ »

Loin de chercher à s'échapper, au contraire, la princesse recula quelque peu, moins d’un pas, pour se blottir et s’appuyer contre le corps de son ami, déjà fortement proche d'elle. Un grand sourire étirait à présent ses lèvres. Elle se sentait détendue. Elle ne savait pas si quoique ce soit aurait pu lui faire plus plaisir que sa venue. Qui plus est, le sentir lui-même de si joyeuse humeur était contagieux et elle l'avait rarement vu en si bonne forme.
Elle ne le sentait pas seulement heureux, mais entier aussi. Comme s'il avait enfin retrouvé ce qui lui manquait à son dernier passage au château, et cette nouvelle ne pouvait que lui mettre du baume au cœur.


« Je suis rassurée, si tu ne passes pas par la grande porte c’est que tu dois aller mieux ! »

Elle était amusée à chaque fois qu’il la surprenait ainsi. Il n’avait jamais aimé se faire annoncer, encore moins franchir la grande porte à la vue de tous. Elle en ignorait les raisons exactes, même si elle avait quelques suppositions, mais ce qu’elle savait c’était que ce jeu l’amusait et lui rappelait leur première rencontre, enfants.

« Où étais-tu passé ? Ça fait un moment que je n’ai plus de nouvelles ! »

Le ton n’avait rien de réprobateur, elle en aurait été incapable. Elle était trop ravie pour avoir de quelconques reproches à lui faire. À la chaleur du soleil printanier pourtant si agréable, elle préférait celle du jeune homme collé contre son dos. Les joues légèrement rougies à cette pensée, elle espéra qu’il n’en verrait rien.


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Il la sentit venir se coller contre lui, et une de ses mains lâcha le rameau. Le contact avec le bois n'était vraiment pas désagréable, cependant il lui préférait de loin celui de sa chère amie. Son bras gauche s'élança par devant l'enfant-de-Roi, doucement, avant de revenir, tendrement, vers la hanche droite de la demoiselle. Il avait tôt fait de raffermir un peu plus sa prise, pour l'attirer un peu plus contre lui encore. Ses lèvres ne s'entrouvrirent pas un instant pour répondre aux différentes répliques et questions qui s'échappaient de celles de la Princesse.

Il se contenta d'enfouir sa tête dans ses cheveux. Cette longue cascade d'or qui s'était révélée cachée la première fois qu'il avait investit le Château. Il avait toujours ignoré ce que signifiait ce châle que portait cette petite Zelda qu'il avait entr'aperçue le temps d'apprendre une berceuse et de vieilles légendes. L'Hylien avait sûrement d'autres urgences, et... Que dire de son altesse ? Pour autant, il n'avait absolument aucune envie de la lâcher. Il ne la voyait que si peu souvent qu'il ne pouvait s'empêcher de la retenir ainsi contre lui. Ce qui ne l'empêchait pas de se sentir responsable de ce temps qu'elle perdait dans ses bras. Il la savait profondément occupée, trop pour se permettre ce genre d'escapades.

C'est à contrecoeur qu'il finit par la lâcher, dans un presque-soupir resigné. Sans rompre tout à fait le contact, il lui fit esquisser un pas de danse. Main dans la main, le blond leva haut le bras pour faire tournoyer la Belle. Si un simple demi-tour aurait suffit, il préféra s'amuser à lui en faire faire quelques uns de plus, retrouvant le sourire qu'il avait perdu dans un soupir. Et bien vite ; Zelda se retrouva face à lui. Sans lui concéder la moindre supériorité hiérarchique, régalienne ou quoique ce fut, il chercha son regard pour y planter deux prunelles boréales.

Ses doigts jouaient encore avec ceux de la Suzeraine, un peu avant qu'il n'esquisse un semblant de réponse. Où avait-il été ? Il avait parcouru près de la moitié du Royaume depuis qu'il l'avait quitté. D'abord à la Forteresse Gérudo, puis au Bosquet Sacré en passant par la Forêt Kokiri, les Bois Perdus et le Ranch Lonlon — où il était bien vite retourné sur demande d'un Général... qui n'était pas venu.


"Un peu partout à la fois. En Hyrule... —" Lâcha-t-il, en levant les yeux, plongé dans une observation du Ciel qui l'attirait tant parfois. Il lui prenait, à certaines occasions, l'envie de se voir pousser des ailes, et de venir côtoyer les nuages. Voir ce qu'il y avait de l'autre côté ; par delà cette mer d'un blanc laiteux. « ... — Chez moi. » Reprit-il simplement, dans un sourire discret mais qui modulait néanmoins son timbre de voix.

Le Fils-de-Personne n'avait jamais été de ceux qui avaient besoin de terre, de bois ou de pierre autour de lui pour s'estimer chez lui. Les seuls murs qu'il se connaissait et qu'il acceptaient étaient les points cardinaux. Les vents ; peut être aussi. L'Aquilon au Nord — le Zéphyr à l'Ouest — l'Euros à l'Est — l'Auster au Sud. Voilà quels étaient les remparts de sa demeure. Point de Castel aux murs de pierre pour l'Enfant-des-Bois, point non plus d'Arbre-de-Vie pour l'Hylien sans famille. Juste... L'horizon. Il était chez lui partout et ne l'était nul part à la fois ; mais au moins était-il libre.

Ses yeux redescendirent enfin à l'assaut de ceux de Zelda, quand il baissa la tête et quitta l'univers doucereux des nuées. Les lignes de ses lèvres se dessinèrent à nouveau en un sourire en coin.
« Chez toi aussi, en un sens. » L'envie d'être taquin le reprenait, mais il estimait sérieusement qu'Hyrule appartenait à ceux qui portaient les armes de la famille Royale. A l'aigle plutôt qu'au lion. « Chez chacun de ceux qui vivent ici. » Termina-t-il, comme pour l'achever à coup de réponses qui – il le savait – ne lui évoquerait pas, ou si peu. Une façon gentille de la faire tourner en bourrique, somme toute !

"Et plus spécifiquement ; chez Nabooru, Talon et Saria. Je croyais que ta boucle te renseignait ?" Glissa Link, encore tout naïf quant aux puissances que pouvait déployer la magie. Il ne l'aimait pas et la savait dangereuse mais la connaissait bien mal. De fait, l'autrefois Champion de Farore ignorait tout des pouvoirs que pouvaient posséder l'ornement que Belle avait accroché à son oreille, tantôt. Il avait cru comprendre qu'elle était sensé maintenir un contact permanent entre eux — quoiqu'il ne l'ai pas toujours ressenti. L'impression était vivace quand il était proche de la Princesse de la Destinée, mais fugace dès que la distance qui les séparait se faisait trop importante.

Il lâcha la main de la Souveraine pour y glisser le rameau, l'esprit lentement mais sûrement investit par un enchainement d'idée qui, maillon à maillon, formait un de ces raisonnements qu'il n'aimait que trop peu. Un de ceux qui mettaient Zelda en danger. Des détails lui revenaient en mémoire, doucement. D'abord, la tension qui frappaient un peu partout sur les chemins de rondes (au moins ceux du mur d'enceinte extérieur qui bordait les jardins.) Tous étaient d'évidence à cran, et la surveillance avait été drastiquement revue. Là où ne se tenait fut un temps qu'un seul homme frappé de l'aigle d'or on en dénombrait deux, voir trois. Chat échaudé craint l'eau chaude, il s'était évidemment tramé quelque sinistre par delà les remparts, les tours et les pont levis.


"Dis moi, Belle..." Il fuyait soudainement son regard, posant deux billes de glaces sur une branche qui dépassait d'un des buissons pourtant si élégamment taillés. L'Hylien, intrigué, s'éloigna de l'Édile de Nayru sans lui prêter – en apparence – plus ample attention. Une fois arrivé à hauteur de la tige de bois, il s'accroupit, joignant le mouvement à l'interrogative. « As-tu déjà songé à t'entourer d'une garde personnelle ? » Ses doigts se fermèrent sur le buis comme cinq boas qui venaient enserrer une proie. Il tira, un coup sec.

La branche opposa moins de resistance que ce à quoi il ne s'y attendait, et il manqua un bref instant (qui saurait de toute évidence tirer un rire à sa Princesse) de se retrouver le séant dans l'herbe. Mais l'équilibre avait toujours fait parti des facultés qu'il avait su développer – heureusement –, et il parvint à se relever. Le morceaux de bois était relativement droit, ou du moins ne présentait pas d'angle trop aigu pour le gêner dans ses prévisions. Sa main droite vint soutenir son menton alors qu'il restait songeur, estimant la longueur de sa trouvaille. Une trentaine de pouce, environ, légèrement moins. Un poil court, peut être, mais ça ferait sans doute l'affaire.

Link rouvrit la main, continuant à penser plus qu'il n'agissait. Le bois glissait sur sa paume bardée de cuir comme aurait pu le faire un glaive. S'il était moins long, il avait au moins un équilibre relativement similaire (toutes proportions conservées) à une épée courte. Il jeta un bref coup d'oeil sur sa droite, et constata que Zelda tenait toujours le rameau qu'il lui avait confié. En un mouvement, il se retrouva sur elle, le torse plaqué contre le sien, la main droite tenant fermement ses omoplates. Et le morceau de bois qu'il avait ramassé venait jouer avec la gorge de la jolie blonde. Son propre visage était presque collé à celui de son amie. Ils étaient suffisamment près pour qu'il entende la respiration de Belle, pour qu'il ressente son pouls.


"Si j'avais été ton ennemi, Zelda, tu serais morte. Je ne sais ce qui s'est passé pour que vous fassiez doubler les effectifs de la garde mais tu va devoir apprendre à te défendre. Au moins les rudiments." Si le murmure était doux, le ton exprimait clairement l'absence de requête. Bien peu, peut être, se permettaient de tutoyer les Reines, moins encore de leur imposer des conditions non négociables. Link avait toujours fait parti de ceux-là.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Son ami ne répondit pas tout de suite, et pourtant elle ne s’en formalisa pas. Elle aussi appréciait le simple fait de se trouver à ses côtés. D’être bien au chaud, entourée de ses bras et serrée à lui. Il lui avait beaucoup manqué pour le peu de temps qu’il était reparti, et même si elle n’avait pas été habituée à le voir si souvent, encore moins lors de périodes sombres comme celle-ci, elle avait espéré qu’il reviendrait rapidement, et était heureuse à l’idée de le voir peut-être plus fréquemment. Égoïstement, elle le préférait blotti contre elle qu’à courir monts et vaux.

Il finit toutefois par la lâcher, non sans un soupir et non sans la faire délicatement tournoyer comme pour esquisser un pas de danse. Les quelques pirouettes lui tirèrent un rire léger, et elle finit par atterrir contre lui, la tête lui tournant légèrement. Elle était toutefois habituée à la danse, ayant très tôt reçu les enseignements nécessaires pour faire honneur à sa famille lors des bals donnés au château, et elle reprit assez vite son équilibre, sa main libre retournant se glisser à nouveau dans celle de Link. Elle n’avait pu s’empêcher de penser aux Nuits d’Or, et combien sa présence aurait égayé sa soirée. Un jour, s’il acceptait, elle aurait tellement souhaité y danser avec lui, ouvrir le bal dans ses bras… Pour l’heure, néanmoins, elle l’avait pour elle seule, sans foule ni responsabilités, et cette pensée n’était pas moins réjouissante.

Il reprit alors la parole pour répondre aux questions qu’elle avait posées, de façon bien vague cependant. Et lorsque l’air absent, il lui parla de ce qu’il désignait comme « Chez lui », un « Chez nous » plaisant lui vint en tête sur lequel elle n’osa pas faire de remarque. Mais sans qu’elle n’ouvre la bouche, il eut vite fait de le confirmer lorsque ses yeux revinrent vers elle, lui tirant un sourire. Elle aimait ce qu’ils partageaient. Cet amour du Royaume, et qu’il s’y sente à sa place, chez lui, lui donnait encore plus envie de protéger ce que chacun d’eux considérait comme un joyau. C’était toutefois un peu vague comme réponse, car elle se doutait déjà qu’il n’était pas allé loin au-delà des frontières d’Hyrule.

« Tu ne changes décidément pas, tu ne me raconteras donc jamais tes voyages avec précision ~ ? »

Le ton était amusé, et il ne s’agissait en rien d’une critique. Elle l’avait toujours connu évasif sur les détails de ses périples, et elle sentait bien qu’il s’amusait à la rendre curieuse et impatiente. Si elle était certaine qu’il ne lui raconterait pas les dangers qu’il avait pu rencontrer, elle savait que le reste n’avait pas de raison de lui être caché.
Son ami ajouta finalement quelques précisions, qui bien qu’encore peu détaillées lui permettait de se faire une idée du chemin qu’il avait parcouru. La remarque sur le lien qu’elle avait créé entre eux l’amusa. Elle caressa furtivement et tendrement le visage du jeune homme, glissant la main juste sous son oreille, le pouce jouant avec la boucle d’oreille.


« Tu crois vraiment que je t’espionne… ? Quoique… Tout bien réfléchi l’idée n’est pas déplaisante... », ses lèvres ne purent retenir un sourire taquin avant d’en revenir à un discours plus sérieux, « Mais je ne peux pas déployer tant de magie pour l’instant, elle est importante en cas d’urgence. Je sens que tu es en vie, et j’ai l’impression que tu es toujours avec moi en quelque sorte, c’est déjà beaucoup. »

Son visage passa cependant de l’espièglerie à la surprise quand il la lâcha pour lui glisser en main le rameau qu’il avait amené plus tôt. Étonnée, et assez curieuse quant à la fonction de ce cadeau, elle l’écouta poser sa question alors que, l’air ailleurs, il donnait l’impression de chercher quelque chose aux alentours pour finalement se détourner d’elle et aller chercher les Déesses seules savaient quoi.
Elle s’était justement posé la question de savoir si elle devait lui parler de la tentative de meurtre ou non, de peur de l’alarmer. Sa remarque ne lui apprenait pas forcément s’il savait ce qui était arrivé, mais il avait au moins dû sentir le climat tendu qui régnait au château, et dès lors il se ferait de toute façon du tracas. Alors qu’il farfouillait dans les buissons, elle entreprit de lui répondre.


« Tu en as entendu parler… De ce qui est arrivé… ? Mais je suis encore en vie, et puis le Général a fait doubler la garde, je pense que… »

Elle fut stoppée en pleine phrase par un rire à réprimer. Son ami venait de lui offrir la vue d’une splendide acrobatie. Sans doute aurait-elle moins ri s’il s’était blessé, mais il y avait plus de peur que de mal, et elle savait qu’il avait vu bien pire, malheureusement. Une fois son sérieux retrouvé, elle resta néanmoins perplexe devant l’intérêt soudain qu’il portait à la branche qu’il venait d’arracher. Elle faillit même le questionner sur ses préoccupations, mais elle n’en eut pas le temps.

Elle avait à peine ouvert la bouche qu’il était sur elle. Littéralement. Pressé contre son corps, la branche posée légèrement contre sa gorge, en guise d’avertissement. S’il avait été son ennemi… Mais elle n’arrivait pas à le voir en tant que tel. Certes, son approche lui avait rappelé celle de l’assassin qui avait chargé vers elle, heureusement non sans un préambule qui lui avait permis de connaître ses intentions et réagir à temps. Sans quoi elle n’aurait peut-être pas eu le temps de se protéger avant l’arrivée du Général. Après tout, cette fois elle ne s’était pas méfiée et venait d’être prise de court. Mais alors qu’elle le sentait appuyé à elle, son souffle à la rencontre du sien, sa poitrine collée contre lui, le cœur battant…

« Link, je… »

Elle était plus rouge qu’effrayée. Et ce n’était pas ce morceau de bois qui attirait le plus son attention, mais le visage du jeune homme et la sensation de proximité entre eux. Elle n’avait nulle envie de se dégager de son étreinte, plutôt de se rapprocher de lui, le front collé au sien et… Gênée, sans trop comprendre ce qui lui arrivait, elle stoppa son mouvement, les lèvres à un centimètre à peine des siennes. S’excusant sans trop savoir pourquoi, et ne s’attardant pas sur ce qui avait pu lui passer par la tête, elle devait reconnaître que le raisonnement de son ami était bon malgré tout : si ça avait été quelqu’un de mal intentionné, sa vie n’aurait plus tenu qu’à un fil.

« Pardon… Je… Je crois que je suis incapable de te voir comme un ennemi… Mais je comprends ce que tu veux dire… Tu as raison. Cet assassin qui s’est infiltré au château… Au fond j’ai eu de la chance… »

Un peu troublée, elle attendit que son ami relâche sa prise pour se séparer à contrecœur de son si agréable assaillant et ramasser le rameau qu’elle avait laissé tombé par surprise lorsqu’il avait bondit sur elle. Elle en profita pour retirer ses souliers à talon et relever quelque peu le bas de sa robe, afin d’être plus libre de ses mouvements et d’éviter un gros handicap en plus de son manque d’expérience. Quelques épingles tirées de ses cheveux suffirent à la maintenir plus haute, laissant ses jambes à découvert. Heureusement que personne ne devait passer par là, sa tenue n’était pas des plus convenables.

« Ceci dit, je ne voudrais pas risquer de… », se rendant compte de ce qu’elle allait dire, elle eut un petit rire avant de se reprendre, « Mais de quoi est-ce que je parle, je ne risque pas de te blesser n’est-ce pas… ? »

Si elle le touchait, ce serait déjà une victoire, et de toute façon il s’agissait d’un bout de bois, elle ne risquait pas de frapper très fort même si ça arrivait.
Elle souleva de façon un peu hasardeuse le bâton en question. Elle n’avait encore jamais tenu de sa vie une épée. On lui avait appris la danse, les bonnes manières, l’équitation, et d’autres disciplines utiles pour siéger à la cour ou les voyages, mais dans un royaume en paix depuis bien des années, nul besoin d’apprendre le combat à une petite princesse. On lui avait tout juste enseigné les bases du tir à l’arc, en tant que noble art plus que par soucis pratique. Elle n’avait donc pas grande idée de comment s’y prendre pour tenir une arme, bien qu’elle ait pu observer Link utiliser la sienne à plusieurs reprises.


Ceci dit, c’est en se lançant qu’elle apprendrait. Aussi s’élança-t-elle, le rameau fermement serré dans la main droite, vers Link qui l’attendait visiblement. De façon intuitive, elle chercha à l’abattre – doucement il va de soi – là où il lui sembla remarquer une ouverture, sur la hanche opposée au côté où la main du jeune homme tenait son propre bâton.


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C'est un silence presque oppressant qui s'installa entre les deux amis. Elle avait stoppé son front contre le sien, laissant le monde se taire autour d'eux. Il n'entendait rien sinon la respiration de la demoiselle — toute proche de la sienne. Le rouge lui monta aux joues sans qu'il ne sache réellement l'en empêcher ; sans qu'il ne comprenne cette chaleur qui le gagnait.

Un instant il lui sembla qu'il était comme paralysé ; avant que tout deux n'esquissent un mouvement de recul. Il le regretta presque sans savoir ce qui le prenait de s'attarder sur un simple mouvement de son amie. Et si...? Il secoua la tête, de cette même façon que celle qui signifie « non. ». De la même façon aussi, que ne le fait le Loup qui sèche ses poils. Se débarrasser d'idées qui furent en réalité effacées en une seule phrase.

La rougeur qui avait conquis ses pommettes comme le bout de ses oreilles fut rabrouée comme la marée sait charrier les cadavres de mouettes loin des plages. Son regard se durcit, sa mâchoire se crispa. Ses lèvres restèrent pincées tandis que son faciès devenait austère. Un assassin, hein ? Tout coordonnait, en vérité. Qu'il s'agisse de la garde renforcée, de cette dalle passablement enfoncée qu'il avait aperçu — du besoin de Zelda de se détendre, en dépit du travail qui lui restait à abattre. Sans doute cela justifiait l'absence de Llanistar van Rusadir malgré l'oiseau qu'il lui avait fait expédier.

Le Fils-de-Personne garda encore le silence, quand sa souveraine adapta sa tenue, quand elle exprima ses peurs — qu'elle jugea immédiatement infondées.
« N'aies crainte. » Lâcha-t-il enfin, se forçant à sourire. Brièvement, mais sourire néanmoins. Bien évidemment qu'elle risquait de le blesser. Il ignorait tout de ce qu'on avait jamais pu lui apprendre, et même s'il partait avec l'image d'une néophyte (voir moins), il lui était impossible d'ignorer à quel point une vie de combats était une vie de perpétuelle remise en question.

L'Hylien laissa son regard se promener sur la Princesse de la Destinée. Ses yeux glissèrent du rubis qui lui ceignait le front, jusqu'aux pupilles bleues qu'il rencontra. Il suivit ensuite les légères courbes de ses joues, pour continuer sur la gorge, aujourd'hui dénuée de ce col qu'il connaissait si bien. Voilà que venait le printemps. C'était là — à la racine du cou, entre les deux clavicules, qu'il avait frappé la première fois.
Le blond continua de descendre, suivant les flancs de la jeune Dame-à-la-Couronne, non sans se faire la reflexion que s'il l'avait trouvé vraiment mignonne, enfant, personne ne méritait plus qu'elle le surnom qu'il lui avait donné. Belle. Oui, elle l'était. Son regard s'arrêta à la main, fermée sur le rameau qu'il lui avait confié. Le bras pendait contre sa hanche, avant qu'elle ne se mette en action.

Le Héros du Temps fronça les sourcils tout en plissant les yeux. D'instinct, elle avait saisi l'arme de sa main droite, contrairement à ce qu'il faisait lui. Elle était droitière, lui gaucher. Ce qui lui simplifierais la vie à lui, en plus de certainement la déboussoler elle. Si le temps d'adaptation allait peut être sembler long à sa Princesse, au moins serait-elle à même de se défendre tant bien contre des guerriers droitiers que des gauchers.

Il la laissa avancer, sans débuter le moindre mouvement, simplement en observant. Zelda leva son arme comme il lui semblait qu'il fallait la lever. La main un brin trop haut sur la garde, qu'elle ne pouvait de toute façon pas visualiser sur un rameau. Il faudrait corriger ça, ça n'était pas le plus important. Non, ce qui était véritablement gênant, c'est qu'elle trahissait toutes ses intentions. Alors même qu'elle ne faisait que lever son épée imaginaire, Link savait où elle porterait son assaut. Sur sa droite à lui.

L'Enfant-des-Bois ne put empêcher les signes d'un début de jeu pointer le bout de leurs nez respectifs, sous ses traits sévères. La naïveté dont sa chère amie faisait preuve dans le maniement des armes lui aurait presque tiré un sourire, en dépit de ce qu'il avait pu entendre plus tôt.

Enfin, la dernière Hyrule fut sur lui. Elle arma son bras, et frappa là où il attendait patiemment qu'elle le fasse. Avant que le coup ne soit suffisamment avancé pour qu'il ne puisse réagir, le jeune homme effectua un tour de passe-passe. Sans avoir été jongleur, il fit voler son arme de bois de sa main gauche, pour la réceptionner dans la droite. Ses yeux restaient fixés sur cette épée d'infortune, mais tous ses autres sens restaient concentrés sur son adversaire.

Le tout-de-vert-vêtu fit rouler son épaule droite, de telle sorte à pouvoir hisser son bras le coude face au ciel. A l'assaut de l'Élue de Nayru, il opposa une parade aussi simpliste que n'avait été les chants les plus épurés qu'il avait pu jouer un peu plus tôt, sur la Grand-Place. Assaini de toutes ces fioritures que mettaient souvent les avides de spectacle.

Le rameau et la branche s'entrechoquèrent, comme auraient pu le faire deux véritables lames. Evidemment, la puissance que portait Belle n'avait rien de comparable avec celle dont disposait les Stalfos, ou même les Gérudos, mais dans la forme cela restait comparable. Sans tergiverser plus longtemps, il brisa la croix que formaient les deux bâtons. Son poignet, qui formait un angle droit, dessina un arc de cercle, forçant Zelda à relever elle aussi son épée courte improvisée.

Pour prévenir une nouvelle tentative de la part de la Nohansen Hyrule, il lança sa deuxième main en direction de celle de Belle. Il ferma le poing autour de son poignet, frêle. Jouant de pression et d'épée, il forca la demoiselle à lâcher ce qu'elle avait en main.

Avant que le rameau ne touche terre, il lâcha le poignet de son ami, et relança la branche en l'air d'un jeu de jambe suffisamment précis. Sa main gauche se referma prestement sur ce qui aurait du faire office de fusée ; bien vite, deux branches encadraient la si jolie gorge de la Princesse. Link avait formé un « X » autour du cou de son amie. Une croix dont il tenait la garde, et qui offrait ses lames à la Princesse.

"Je pourrais te faire tourner la tête, on dirait.. ~" Souffla-t-il à son oreille, avant de s'éloigner, et de la libérer.

"Tu tiens mal ton épée." Commença-t-il, avant de lui tendre, un léger sourire sur les lèvres. « Ta main est placée trop haute sur le manche. C'est dur à réaliser sans repère, mais tu aurais pu te faire couper un doigt. » L'Hylien avait repris une certaine gravité, en prononçant ses avertissements, parce que l'image d'une Zelda rendue manchot avait tout pour lui déplaire.

"Ensuite..." Reprit-il, alors qu'elle avait récupéré l'arme qu'il lui tendait. « ... Tes intentions.. Elles sont trop claires. Je savais ce que tu voulais faire bien avant que tu ne le fasses. Il va falloir travailler là dessus, si ne veux pas être contrée en permanence. » L'espace d'une respiration, il s'arrêta, aussi pour se remettre les idées en place. Qu'il le veuille ou non, le caractère incongru de la scène ne le laissait pas tout à fait indifférent. « Il va falloir s'attarder sur les réactions. Tu n'as pas lutté, quand j'ai repoussé ton assaut. »

Le Voyageur de Temps s'avança à nouveau vers la Princesse de la Destinée, sans aucune intention belliqueuse, cette fois-ci. « Là. » Fit-il, en passant derrière l'Altesse, et en levant son bras. Il ramena sa main d'épée à portée de la sienne, pour pouvoir montrer à son amie comment saisir la garde. « Ainsi. Pose tes doigts ici, et serre. Non seulement, ils seront protégés par les quillons, mais en plus ta poigne sera plus efficace. Plus équilibrée. »

Si elle avait su ça d'office, pensait-il, peut être n'aurait-il pas pu la faire immédiatement lâcher.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Alors qu'elle approchait, elle était surprise de ne pas le voir esquisser le moindre geste. Elle le fut encore plus lorsqu'elle eut à peine le temps de voir son bâton changer de main, et qu'avant qu'elle n'ait pu dévier la trajectoire du sien, il se cognait contre celui de son ami. Le choc inattendu lui arracha un cri de surprise, et elle ne sut comment stopper la parade de Link. Il attrapa son poignet en la forçant à lever son autre bras pour suivre le mouvement de l’épée improvisée. Avant qu'elle ne comprenne ce qu'il faisait, sa main lâcha le bout de bois, et alors qu’elle s’attendait à l’entendre cogner sur le sol, en un rien de temps il l’avait récupéré. Elle se retrouva finalement la gorge entourée par les deux bâtons, à merci du jeune homme.
Link ne se rendait sans doute pas compte à quel point il visait juste en parlant de lui faire tourner la tête, et sa surprise dûe à la soudaineté de sa réaction n’était sans nul doute pas seul à mettre en compte.


Il finit toutefois par la libérer, commençant les explications alors qu’elle repassait en revue dans sa tête ce qui venait de se dérouler, calmant les battements de son coeur. Elle était consciente d’avoir été prévisible, mais elle n’avait pas vraiment su comment faire autrement, et la réaction rapide du jeune homme l’avait désarçonnée. Elle en comprenait d’autant plus l’importance de l’imprévu au vu de l’effet qu’il avait eu sur elle.
Sheik aurait sans doute mieux réagi, mais si son esprit lui était ouvert la plupart du temps, son instinct n’était pas le sien, et elle ne partageait pas sa rapidité et ses réflexes. C’était bien dommage, car ses compétences auraient pu lui servir. Il était même assez embêtant d’avoir ainsi développé des capacités séparées en deux moitiés d’esprit. Elle avait tout à apprendre en matière de combat, là où une autre part d’elle-même maitrisait assez peu la magie mais s’en serait bien mieux sortie qu’elle dans une bataille. C’était toutefois l’occasion de rattraper ce retard, et elle était bien décidée à acquérir par elle-même ces connaissances qui lui faisaient défaut, emmagasinant les informations et conseils donnés par son professeur improvisé.


Lui ayant également fait remarquer qu’elle tenait mal son épée, le jeune homme vint à ses côtés pour lui montrer où placer sa main sur le bout de bois qui en faisait office. Il se glissa derrière elle pour positionner correctement ses doigts sur le manche imaginaire. Agréable proximité avec son ami, et bien qu’elle fasse l’effort d’écouter, elle se sentait un peu distraite, glissant sa joue contre la sienne tout en observant la position de sa main pour mémoriser ce qu’il lui enseignait, un petit sourire aux lèvres.

« Link, tu as vraiment appris tout ça tout seul … ? »

Elle ne pouvait s’empêcher d’éprouver de l’admiration pour le jeune homme. Elle ne pensait pas qu’on lui ait enseigné ce genre de chose chez les Kokiris, et directement, elle l’avait sans le savoir poussé vers de lourds ennuis, et de graves dangers. De ça, elle se sentait coupable, et pourtant il s’en était toujours sorti, et était devenu incroyablement doué depuis.
Mais soudain, elle fut dérangée par une petite lueur au coin de sa vision. Laissant ses yeux se promener de ce côté, elle en eut le coeur net, et compris d’où elle devait venir. C’était le reflet d’une armure exposée au soleil, elle ne voyait pas d’autre explication possible. Si elle avait pensé que personne ne devait passer par là, c’était que pendant longtemps cet endroit avait été déserté lors des rondes des gardes. Mais avec les événements récents, ces rondes avaient changé, et certains gardes étaient tenu de s’aventurer hors des chemins habituels. Une façon comme une autre de rendre leurs allers et venues moins prévisibles, et d’empêcher une personne malveillante d’étudier leur trajet. Qui plus est, la princesse se trouvant dans les jardins, ils avaient sûrement été encouragés à redoubler d’attention.


Rapidement, ne sachant pas si son ami avait comme elle remarqué la présence qui se dirigeait vers eux, elle attrapa sa main pour l’attirer avec elle dans un buisson, l’y poussa prestement avant de le suivre en atterrissant à cheval par dessus lui, baissée et appuyée contre lui afin de ne pas dépasser de la broussaille. Elle glissa un doigt sur sa bouche afin de lui intimer le silence, retenant un petit rire complice qui aurait indiqué leur présence. Elle se pencha délicatement à son oreille pour y murmurer.

« Je ne voudrais pas qu’ils me voient ainsi et puis… Je préfère que ça reste notre moment rien qu’à nous ~ »

Elle ne pouvait s’empêcher de trouver un petit charme à leurs entrevues clandestines. Bien entendu, elle aurait toujours été heureuse de voir Link arriver au château, même par voie officielle, mais ces instants lui rappelait leur enfance, et n’appartenaient qu’à eux. Glissée contre lui, elle attendit patiemment, le coeur battant. Elle avait beau savoir qu’il n’y avait, somme toute, pas de véritable danger, elle n’en était pas moins exaltée. Elle entendit les pas du garde se rapprocher, puis passer à côté d’eux avant de s’éloigner... Sans un mot, elle resta un instant blottie contre son ami, sans doute par simple plaisir d’être avec lui et de profiter de la douce chaleur de son corps, même après le passage du soldat. Lorsque le silence fut complètement revenu dans le petit jardin et le garde déjà bien loin, elle finit par reprendre tout de même la parole, prête à reprendre l’entraînement.

« Il est passé, je pense qu’on peut reprendre. J’ai compris les explications, mais c’est à toi d’attaquer maintenant. Je t’ai regardé faire, je veux essayer de me défendre aussi, et ainsi tu me montreras une bonne technique d’attaque ! »

Même si ses explications étaient précieuses, le simple fait de le regarder agir, en plus de la remplir d’émerveillement, lui en apprenait beaucoup, là où ses commentaires lui permettaient ensuite de saisir ce que ses yeux avaient pu rater ou qui était allé trop vite.


Link

Héros du Temps

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Ses propres doigts vinrent délier ceux de la jeune souveraine pour les replacer un à un sur ce qui devrait être la fusée d'une dague particulièrement longue ; ou a contrario d'une épée sensiblement plus courte que l'ensemble de ses semblables. Légèrement sous les quillons de la garde, qui protégeraient ses doigts en cas d'attaque malvenue — comme il en avait déjà connu lui même les rares occasions où il avait du se battre sans arme digne de ce nom. Une fois deux lames engagées l'une contre l'autre, il n'était pas bien complexe de trancher avec suffisamment d'aisance pour faire de n'importe quel bretteur un manchot incapable de manier l'épée à nouveau et pour jamais.

Sur l'oeil gauche comme le droit, l'Hylien jeta un fin suaire de chair. Sur la glace de ses yeux tomba une nuit sans lune ni étoile, et à mesure que les Ténèbres n'envahissait ces plaines gelées qui s'étendaient au fond de ses pupilles, il laissait l'obscurité modifier l'ensemble de sa vision du monde. Ses doigts courraient sur ceux de son « apprentie » du jours et la perte temporaire de son acuité visuelle lui permettait de mieux sentir un ensemble qui les entourait.
« Là. Pas ici. » Corrigea-t-il, avant de déplacer à nouveau légèrement la main de la Fille-Hyrule.

Il laissa un instant le silence répondre à l'interrogation de son amie, prenant le temps de s'imprégner de sa présence, de son être, de tout ce qui faisait ce moment. Ouvrant à nouveau les yeux sur le monde, il avait cette impression de s'éveiller une seconde fois, de profiter d'un moment de plus en sa compagnie.
« On fait comme on peut. » Glissa-t-il enfin à l'oreille de sa Princesse, en toute simplicité, dans un quasi murmure presque suave que lui autorisait la proximité de leurs joues devenues mitoyennes. Oui, il avait appris tout seul et avait souvent regretté de n'avoir aucun allié, professeur, ou même ami vers qui se tourner. Depuis sa plus tendre enfance, il avait du se défaire lui même de chacun des problèmes qu'il rencontrait sans pour autant posséder les clefs qui lui permettaient d'ouvrir les portes de la survie. On l'avait jeté dans un labyrinthe semé d'autant d'embuches que d'obstacles sans lui fournir le fil blanc nécessaire à sa avancée.

Sans conteste, il dispenserait à Zelda ce qu'on avait pu lui offrir. Cet enseignement qui lui permettrait de progresser bien plus vite qu'il ne lui aurait jamais été possible de le faire lui. Et si jamais il devait tomber avant... Sans nul doute, la mort viendrait le prendre avant elle. Il l'avait déjà feintée trop de fois pour pouvoir l'éviter des décennies encore ; et ce jour-là, il espérait qu'on reprenne le flambeau qu'il laisserait. Pour que jamais, l'épée et l'écu protègent le feu qui flambe contre le froid. Pour que toujours, dans la vie comme dans la mort, brille l'espoir du Royaume.


"C'est pourquoi tu progressera plus vite que moi. Bien plus vite." Reprit-il doucement, toujours à l'intention de la Suzeraine descendue du Trône pour un échange de passes. Aucun doute n'était admis, ni même possible, en réalité. Là où il avait eu à apprendre les rouages du combat sans que ne soit toléré l'échec (il l'était bien mais... En conditions réelles la moindre erreur de calcul ou d'attention devenait lourde – trop – de conséquences), elle profiterait sans mal des enseignements et de la maitrise dans le domaine que pourraient lui apporter autant de mentors qu'elle n'avait d'alliés. Et il ne fallait guère que quelques secondes à l'Enfant-des-Bois pour visualiser l'ensemble des potentiels maitres d'armes de l'Édile de Nayru. Impa s'imposait mieux qu'aucun autre dans cette liste presque aussi longue que l'enfant de la Destinée n'était belle.

"Tes jambes, Zelda..!" Lança-t-il, sur un ton qui n'avait plus d'indécence que les taquineries d'un gamin vis à vis d'une vieille amie à peine plus âgée. « Fléchis les plus. Tu dois être plus dynamique que tu ne l'étais. Plus équilibrée, également. » Du genoux, il imposa à la Suzeraine de plier plus la jambe qu'elle plaçait d'instinct en avant. « Selon la garde que tu adoptes, tu privilégiera la mobilité, la stabilité et le confort. Puisque tu es susceptible de devoir la tenir plusieurs minutes d'affiiiiiiiii...! — »

Il chutait, sans comprendre pourquoi. Ca n'était de toute façon pas la question dans l'instant présent. L'ensemble de ce qu'il percevait ne le poussait pas à réfléchir immédiatement à l'origine du danger, mais bien à comment l'éviter. La gravité se jouait de lui alors que la nature ne les rattrapait, Belle et lui. Et la priorité restait de la mettre en sécurité. Aussi soudainement que ne l'était cette lourde descente, il l'entoura d'une armure charnelle, d'os, de peau, de cuir et de mailles. Ses bras se refermèrent sur elle alors qu'il se courbait pour que le choc ne la secoue pas.

Son dos bombé rencontra un massif et ils s'enfoncèrent dans un haut-buisson des jardins du Castel. S'il ne comprenait toujours pas ce qui s'était passé, ni ce qui avait su le faire chavirer de cette façon, il ne manqua pas de réaliser ce qui lui arrivait, quand une branche brisée griffa sa pommette violemment. Alors que le bois déchirait sa chair, le sang ne tarda point à perler sur sa joue comme l'avait déjà souvent fait la pluie ; lors de ces nuits solitaires et rythmées par l'orage.

Link étouffa un grognement tandis que la douleur n'enflammait sa joue. Rien de grave, bien évidemment, mais ça n'empêchait pas cette récente balafre de l'élancer — comme si quelque mal serpentait sous les rives de la blessure. S'il était bien un endroit où il n'aurait jamais cru laisser de trace carmin, c'était bien au sein même de la demeure de la dernière Nohansen Hyrule.

Ses mains cessèrent de la serrer contre lui quand les lois physiques et mécaniques la pressèrent contre son torse. Tout aussi légère qu'elle pouvait être, son diaphragme se retrouva pris en tenaille entre la poitrine de la demoiselle couronnée et les racines de l'arbuste. Il lui sembla qu'on compressait ses poumons. Alors que la Princesse Hylienne se redressait, il se laissa sombrer un peu plus, haletant légèrement. Le Héros déchu étendit ses bras en croix, le temps qu'elle s'explique.

Le Fils-de-Personne s'autorisa un soupir rassuré, quand Belle s'exprima à propos de la garde de sa tenue, et de cette intimité qu'elle voulait conserver entre eux. Il aurait difficilement pu la contredire, lui même loin d'être indifférent à la tournure que prenaient les événements. Sans véritablement voir la jeune femme (les rayons du soleil ne filtraient pas à travers le feuillage), il sentait sa respiration rencontrer son visage de la même façon qu'il ne pouvait ignorer la douce tiédeur qui émanait d'elle et l'entourait d'une sorte de halo bien-aimé. Un sentiment de bien être s'emparait doucement de lui tandis que l'astre de printemps contribuait à chauffer agréablement leur deux corps. Il glissa sa main droite derrière la nuque de Belle la guidant plus près de lui encore.


"Leçon numéro deux. ~" Chantonna-t-il dans un murmure à la limite du silence. « Ne baisse jamais ta garde ! » Il ne lui fallut qu'un simple mouvement rapide, et ils pivotèrent sans heurts. Zelda se retrouva sous lui, alors que ses jambes maintenaient celles de la Princesse ancrées au sol. A cheval sur elle, il jouait de son poids pour l'empêcher de bouger plus que nécessaire.

Un sourire aussi taquin qu'espiègle vint étirer les lèvres de l'Hylien et ensoleiller son visage quand il posa pour la troisième fois de la journée, sur la gorge de Zelda Nohansen Hyrule, cette lame de bois qu'il s'était improvisée
. « N'importe qui d'autre saurait profiter des ouvertures que tu négliges. » Conclut-il, dans un souffle, sans sentir qu'une goutte de sang fuyait la plaie ouverte qui lui barrait le faciès — pour aller rencontrer la joue d'une Reine.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Heureusement que le garde était déjà passé, car elle ne put retenir un cri de surprise lorsque Link la fit basculer en dessous de lui. Il ne croyait pas si bien dire, bien sûr qu’elle laissait des ouvertures, elle n’arrivait pas à se sentir en danger avec lui, il la relaxait et lui donnait un sentiment de sécurité. Comment rester sur ses gardes ainsi blottie contre lui ? Pas une seule fois depuis qu’il était là elle n’avait repensé au travail qui l’attendait, et la séance d’entraînement n’avait que peu évoqué les dangers qui rôdaient vraiment tout autour, directement c’était devenu un jeu complice avec lui. Même avec une réplique d’épée sur la gorge, elle ne pouvait paniquer si c’était lui l’assaillant. En un rien de temps il lui avait donné un sourire plus éclatant qu’elle n’en avait eu depuis plusieurs jours, si pas semaines ou mois. Depuis sa derrière venue à bien y réfléchir.

Même ainsi, avec un visage d’ange penché sur elle, son sourire ne voulait pas partir, si flagrante que soit sa deuxième défaite. Elle pouvait percevoir sa respiration, elle le sentait lui, appuyé contre elle pour la maintenir au sol. Un sentiment de bien-être la parcourait, qui fut seulement troublé par une goutte qui tomba sur sa joue. Surprise, elle remarqua la coupure qui ornait la joue de son ami, devinant qu’elle était à l’origine de la goutte qui coulait à présent le long de sa joue à elle. À cause de la prénombre, elle n’y avait pas encore prêté attention, et certaine de ne pas l’avoir aperçue avant, elle comprit que la chute dans le buisson la lui avait infligée.

« Bien joué. Ca fait deux à zéro, à moins que tu ne m’autorises à compter mon attaque fulgurante de plongée dans les taillis, mais ça te place toujours en tête, pour l’instant. ~ »

Doucement, bonne perdante, elle écarta la branche qui lui barrait la gorge, libérant son cou et lui permettant de plus facilement déplacer son visage.

« Toutefois je demande humblement à mon maître d’armes une petite pause ~ »

Doucement, elle approcha son visage du sien jusqu’à le frôler, et y poser ses lèvres, juste sur sa joue, là où elle avait repéré la blessure. Une légère lueur s’échappa de ses lèvres, alors qu’elles étaient toujours appuyées sur sa joue tiède et douce. Elle rencontra une minuscule once de magie qui parcourait lentement la plaie. Sa magie, celle qu’elle lui avait offerte, et à laquelle elle se joignit. Usant de ses propres ressources, elle répara partiellement ce qu’elle avait pu causer. Elle ne referma pas la blessure, pas plus qu’elle ne la cicatrisa complètement, c’eût été un effort inutile pour leurs deux corps et elle savait que le cadeau qu’elle lui avait offert s’en chargeait déjà, elle se contenta de s’assurer qu’elle n’était pas infectée et de donner un petit coup de pouce pour une cicatrisation plus rapide. Sur une si petite blessure, ce n’était pas une immense dépense d’énergie pour la porteuse d’un fragment de Triforce.

« Elle te protège déjà, la boucle d’oreille que je t’ai offerte. Mais je lui donne un petit coup de pouce pour cette fois. »

La lueur s’estompa doucement, les plongeant à nouveau dans une relative obscurité. Elle ne se recoucha pas néanmoins, restant appuyée contre lui, le visage glissé contre le sien, doux et rassurant. Elle ferma lentement les yeux, pour seulement profiter de sa compagnie.

« Link, je… Je suis contente que tu sois là… »

Elle n’arrivait pas à exprimer ce qu’elle ressentait tout d’un coup. Elle se sentait seulement heureuse, et légèrement mélancolique à la fois sans en connaître la raison. Peut-être parce qu’elle savait qu’il ne pouvait pas rester plus souvent à ses côtés ? Elle ne pouvait pas formuler ce qui lui tournait en tête sur le moment et la poussait à se presser toute serrée contre lui, délicatement blottie entre ses bras, les siens glissés dans son dos. Les mots lui manquaient.
Laissant de côté ces questions et ces doutes, désireuse de profiter de sa présence, elle reprit toutefois un ton joyeux après un petit moment de silence.


« Je me sens de nouveau d’attaque. Libère-moi et je retente ma chance ~ »

Elle n’avait pas envie d’être libérée, mais elle devrait à un moment ou l’autre sortir de ses bras. Et leur entraînement improvisé n’avait pas cessé de l’amuser pour autant, elle avait une revanche à prendre.
Une fois relevée, elle épousseta rapidement sa robe dans un geste plutôt vain. Elle alla ensuite ramasser son bâton qu’elle avait laissé tomber en se jetant dans les brousailles, contrairement à son ami qui avait eu le bon réflexe de ne pas se séparer de son arme improvisée. Attrapant la main du jeune homme, elle l’attira ensuite dans une autre part du jardin, avant de le lâcher et de s’éloigner quelque peu, reprenant fermement le bout de bois en main comme il le lui avait montré auparavant, un sourire malicieux sur ses lèvres.


« Cet endroit conviendra tout aussi bien, il n’y a pas non plus beaucoup de passage. À toi l’honneur ~ »

Le bosquet où ils se trouvaient, plutôt dégagé, n’en était pas moins entouré lui aussi de verdure, aussi bien d’arbres, que de buissons, haies ou herbes hautes, qui donnaient à l’endroit une ambiance plutôt intime, coupée du reste des jardins, en occultant la vue.


Link

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Même quand les lèvres de Zelda se posèrent délicatement sur sa joue ; ce fut froid. Il n'avait jamais connu aucune exception quelque soit la période, l'époque ou l'histoire : les soins magique étaient de petits Hivers — ou de violentes tempêtes glacées, selon l'ampleur de la magie employée. C'était tout juste comme si on lui appuyait un glaçon sur la ligne vermeil qui lui barrait la joue. De la douce lueur bleue givre qui s'échappait des lèvres de son amie, aux berges de sa plaie, courrait un sortilège froid comme la neige. Ses doigts se resserrèrent autour du poignet si fin de sa Princesse, alors qu'en lui naissait le désir de la sentir au plus près de lui, et que ce besoin se nourrissait de la seule présence de la si jolie demoiselle. Le blond attira doucement sa Zelda vers lui, soudainement frappé par une vulnérabilité qu'il ne connaissait que peu. L'espace d'un instant, il n'était plus ni professeur ni même élève, sans savoir précisément ce qu'il était, ni ce qu'il voulait. Du moins... Si, il savait. Il la voulait contre lui. L'un comme l'autre ; tous deux étaient à genoux, quand le fils de deux inconnus notoires – probablement bâtard né d'une relation festive et hors-mariage – se permit de guider la main d'une Reine en puissance. Avant que ne cesse la magie de l'Édile de Nayru débutait leur étreinte.

La petite lumière qui s'échappait de la bouche altière finit par s'estomper. Il n'avait de toute façon pas eu besoin d'éclairage pour comprendre que ce qui avait mis la puce à l'oreille de la Dernière Hyrule ; c'était son propre sang. Quand avait éclaté la goutte sur la pommette royale, il l'avait su — et ce visage illuminé d'un bleu froid ne faisait que confirmer sa pensée. Et puis... Ca n'était pas comme si la tache carmin qui ornait le visage de son amie lui allait si mal, à la vérité. Toujours dans l'obscurité, il s'autorisa un sourire, en repensant à cet air que ça lui donnait. Un brin cavalier, peut être ? Aventurier ? Il n'aurait su le dire, mais là où il avait toujours connu l'Enfant de la Destinée bien sage et bien rangée, cet aspect sauvage dévoilait quelque chose qui lui tirait ce rictus à demi amusé, et il l'appréciait au moins autant qu'il n'était intrigué.

Il la laissa s'éloigner, légèrement. Si elle voulait se dégager, il ne s'y opposerait pas — dès lors qu'elle en manifesterait expressément la volonté. Autrement, il feinterait vraisemblablement de n'avoir pas compris son intention. S'emmurant dans un silence qui restait son unique protection face à cette faiblesse, le Fils-de-Personne ne bougea pas d'un cil quand elle se saisit doucement de la lourde boucle qui pendait à son oreille. Usuellement cachée par une kyrielle de cheveux-de-blé, elle alla néanmoins la chercher, comme pour s'attarder sur ce lien qu'elle avait voulu recréer entre eux. Il en avait nettement moins conscience qu'elle, beaucoup plus fermé à la magie, tant de nature que d'expérience. Mais il savait que c'était là quelque chose d'indispensable à son amie ; et semblait-il qu'il en ignorait encore beaucoup sur le petit enchantement qu'elle avait lié au bijou.


"Elle me protège..? Qu'est-ce que tu... —" La voix de la Suzeraine trancha bien vite la sienne, pour un aveu réciproque. Et alors qu'elle venait s'appuyer à nouveau contre lui, il fit taire ses questions pour uniquement la serrer dans ses bras. L'instant lui sembla à la fois court, et à la fois long, sans qu'il ne puisse dire combien de temps s'écoula. Il la laissa couler entre ses bras et glisser entre ses doigts, sans opposer la moindre resistance, sans chercher à la retenir, comme on ne retenait pas l'air. Si elle devait s'envoler, elle s'envolerait il le savait. Et rien ne saurait l'en empêcher.

Et même si c'était pour reprendre les quelques leçons et les jeux d'épées, c'est à contre-coeur qu'il laissa l'étreinte se briser. Un bref sourire étira ses lèvres alors qu'elle lui transmettait son enthousiasme.
« Soit, si son altesse le désire, reprenons..! » Lâcha-t-il, parodiant ce protocole qui lui était si vite devenu insupportable, en raison de son hypocrisie, son immobilisme, et son absence totale de chaleur humaine. Il était spontanéité, uniquement. « Guidez moi donc... ~ » Poursuivit-il, tandis que sa main ne se liait à celle de la demoiselle. Et il se laissa mener jusqu'à ce bosquet que peu avaient pu voir. Le Bosquet des Nohansen Hyrule, qui ne ressemblait en rien à celui de Saria, ni à l'idée qu'il se faisait d'un Bosquet. Trop ordonné, sans doute. Il n'avait rien de cette nature qui le caractérisait, lui comme le jardin de son amie.

"A moi, l'honneur, hein ?" Souffla le Héros Déchu, l'air ailleurs. En réalité, ses yeux scrutaient avec autant d'assiduité que le Hiboux ne répétait ses explications à tous les aventuriers qu'il croisait. Au Nord se dressait un magnifique saule pleureur – qui laissait présager un cours d'eau non loin –, tandis que des haies bordaient l'essentiel des lieux. Une espèce de porte taillée dans un arbre, au Sud, qui leur avait permis d'entrer, tandis qu'à l'Ouest se dressait la Fille Hyrule. L'ensemble était assez découvert pour que les lieux ne deviennent ni un avantage, ni à l'inverse, un inconvénient — un sol neutre en un sens, qui protégerait la Septième Sage d'une erreur de débutant liée au terrain.

Qui la protégerait aussi, néanmoins, d'éventuelles acrobaties du Jadis-Champion de Farore, dans la mesure où il lui serait plus complexe de se lancer à l'assauts de murs inexistants pour jongler de parois à acier, puis d'acier à chair. Il ne pourrait faire que dans la sobriété, ce qui n'était pas pour lui déplaire. Son épaule faible le lançait encore et toujours, s'il pouvait s'épargner des cabrioles inutiles devant Zelda, il en serait soulagé.

C'est le regard acéré qu'il avait appris à développer qui lui permis de mettre au point une stratégie. En quelques secondes, il avait déjà décidé de ce qu'il ferait. La Princesse de la Destinée levait son arme d'infortune comme il avait taché de lui montrer, et la volonté de Belle lui tira un sourire sincère. Ca ne suffirait néanmoins pas. Link s'approcha lentement de la souveraine, cherchant son regard.
« Bien, alors..! » Glissa-t-il, alors qu'un air amusé se dessinait sur son faciès.

Dès qu'il fut suffisamment près pour être à porté de l'arme de son amie, il brisa son bâton sur sa cuisse droite. Dans sa main gauche restait près des huit-dixième de la branche qu'il avait arraché au buisson. Sa main droite, et le petit morceau de bois qu'il gardait serré entre les doigts, se jetèrent à l'assaut de la main d'Épée de Zelda Nohansen Hyrule. L'écorce percuta le rameau, bloquant pour un micro-instant une tentative de la part de la jeune femme. Aussitôt, sa main gauche jaillit, comme un aspic. Aussi précis que l'aigle, et sans armer son coup, il frappa l'épingle qui tenait le pan droit de la robe. La ferraille vola au loin, le tissu s'effondra sur le pied nu de la Princesse, entravant considérablement ses mouvements potentiels.

Sans plus attendre, il fit pivoter son poignet droit jusqu'à ce que celui de son opposante tourne d'un cran, l'empêchant ainsi d'être assez réactive pour le toucher. Dans le même moment, il amorça une rotation par la droite de l'ensemble de son corps. Son pied gauche, plus avancé que le droit, s'ancra fermement dans le sol avant de lui servir de pivot. En moins de dix secondes, il se retrouvait derrière son adversaire d'un jour. Prenant un peu plus son temps, il barra son tronc de sa lame improvisée. La première « prison » était horizontale, et maintenait ses deux hanches en otage, la seconde lui octroyait la possibilité de garder Zelda en otage. La branche courrait du haut de son épaule gauche à sa hanche droite.


"Leçon numéro trois. Et j'espère que tu retiens ! ~" Lâcha-t-il, à nouveau taquin, en glissant son menton contre l'épaule droite de la demoiselle. « Sois imprévisible. Improvise. Mets à profit tout ce qui peut l'être, et surtout... Ne combats jamais en robe ! »

Une soudaine envie le traversa, et il laissa tomber son bout de bois, salement amoché par sa manoeuvre. En le brisant, il l'avait fissuré sur toute la longueur. « Je crois qu'il est temps d'arrêter. D'autre t'enseigneront mieux que moi la lutte. »

Ses doigts se glissèrent jusque dans une des petites besaces, qui pendait à son ceinturon, et il en tira quelque chose qu'il avait envie d'offrir à sa Princesse. « Shhht. Ne bouge pas. » Dit-il doucement, avant qu'elle ne commence à se mouvoir. Ses deux mains montèrent jusqu'à l'or qui s'écoulait en cascade sur les épaules de Belle, pour ensuite monter jusqu'au niveau de la tempe. Là, habilement, il fixa la longue et belle plume Vermeille qu'il avait récupéré il ne savait-où.

"Tourne-toi que je vois comment ça te sied ? ~" S'enquit-il, de joyeuse humeur — comme depuis qu'il l'avait retrouvée.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Encore une fois il fut plus rapide qu’elle, et encore une fois elle fut prise au piège. Elle n’avait pas eu le temps d’esquisser le moins geste pour se défendre, et même sa connaissance du terrain n’avait pas pu lui venir en aide, elle n’avait même pas eu l’occasion de l’exploiter. En un sens elle en était rassurée, c’était les compétences de son ami qui lui avaient permis de rester en vie jusque là, et elle espérait fort que cet état de fait continue. Qu’il soit à ce point doué la réconfortait. Elle aurait aimé avoir été en mesure de lui éviter l’entrainement forcé qui lui avait donné de tels réflexes, mais il s’en était sorti et c’était ce qui comptait, puisqu’elle n’avait pas le pouvoir de lui assurer elle-même le calme et le repos qu’il aurait pourtant mérités.
Elle eut un sourire elle aussi en entendant le ton taquin de son ami et lorsqu’elle sentit sa tête se poser sur son épaule. Au fond, elle avait perdu, mais ça n’avait rien de désagréable.


« Tu as gagné, je m’avoue vaincue. Je tâcherai de retenir tout ça, et je te promets que… »

Mais alors qu’elle s’apprêtait à se tourner vers lui, libérée du bâton qui entravait ses mouvements, il lui demanda de rester immobile. Surprise, elle obtempéra sans poser de question. Elle avait tellement confiance en lui qu’il aurait pu lui demander n’importe quoi, elle se serait exécutée. Elle le sentit glisser quelque chose dans ses cheveux, tournant ensuite à sa demande, laissant virevolter sa robe et apparaître son sourire au jeune homme.

« Qu’est-ce que c’est … ? »

Curieuse, elle laissa d’abord le temps au jeune homme de contempler son œuvre comme il le lui avait demandé avant de marcher jusqu’à la verdure qui se trouvait derrière elle, écartant quelques herbes et laissant apparaître un petit cours d’eau bien dissimulé et assez calme pour ne pas être bruyant. Elle se pencha au dessus, laissant le temps à l’eau de calmer ses remouds pour voir apparaître son portrait, surmonté d’une jolie plume rouge glissée délicatement dans ses cheveux. Une plume comme elle n’en avait jamais vu, elle n’avait même encore jamais croisé d’oiseau portant une telle couleur, aussi resplendissante.

« Link… Où l’as-tu trouvée ? Elle est magnifique… »

Touchée, enchantée par son cadeau autant que par sa présence, et avant d'avoir entendu la réponse, la jeune femme se glissa à nouveau contre lui, blottie dans ses bras. Jamais elle ne se lassait de sa chaleur et jamais elle ne pourrait lui exprimer toute la reconnaissance et l’affection accumulées pour lui depuis qu’elle l’avait rencontré. Elle resta ainsi un moment avant que ne lui revienne en tête ce qu’elle avait préparé avant son arrivée.

« Oh, j'y repense, j'ai quelque chose pour toi, moi aussi ! »

Enthousiaste, elle s'éloigna de lui non sans attraper ses mains dans les siennes pour l'entraîner avec elle jusqu'à l'endroit où leur entraînement avait commencé, le temps de réenfiler ses chaussures. Ce n'était toutefois pas suffisant pour éliminer les traces de leur petit jeu, et elle gardait un air sauvage, plus qu'à l'habitude du moins. Ses cheveux sans être totalement décoiffés, n'avaient pas cette tenue stricte habituelle, mais se trouvaient plus libres et des mèches échappaient par endroit à la coiffure qui leur avait été imposée quelques temps plus tôt. Sa robe témoignait de leur chute dans les buissons, tachée de terre à certains endroits, et quelque peu abimée à d’autres, elle n’avait clairement pas été conçue pour ce genre de situation.

« Je crois que je ne peux pas passer dans les couloirs ainsi, c’est l’occasion de partager avec toi un petit secret. »

Reprenant sa main dans la sienne, elle le promena à nouveau à travers les jardins, jusqu’à arriver devant l’un des murs du château, la pierre grise et haute leur barrant le chemin. Lâchant là son ami, elle s’agenouilla pour écarter les herbes qui s’élevaient au pied du mur, avec l’air de chercher quelque chose de précis.

« Ce que je vais te montrer, tu ne dois le répéter à personne, c’est … Ah, voilà ! »

Elle venait d’appuyer sur un point précis, une petite pierre en bas du mur, semblable pourtant aux autres qui l’entouraient, peut-être seulement légèrement plus petite. Laissant le temps à son ami de regarder où elle venait de poser sa main, elle se releva ensuite, pendant qu’un petit bruit se faisait entendre. Lorsqu’elle posa la main sur le mur juste devant eux, elle n’eut qu’à appuyer légèrement pour qu’il pivote et ouvre une porte dans l’enceinte du château.

« C’est un passage secret connu seulement de ma Famille, et de toi à présent, mon père m’en avait parlé quand j’étais petite, en prévision de l’éventualité où je devrais quitter précipitamment le château quelle qu’en soit la raison. Suis-moi… »

Invitant Link à s’engouffrer par l’entrée qu’elle avait ouverte, elle le suivit et avant d’avancer plus, elle actionna un levier qui referma la porte derrière eux, les plongeant dans l’obscurité complète. D’une main, elle fit apparaître une petite flamme magique, tout juste suffisante pour qu’ils voient où ils allaient, l’autre elle la glissa à nouveau dans la sienne.
Elle se remit en route, l’attirant avec elle au détour des chemins plus ou moins étroits, choisissant les embranchements qu’ils prenaient lors des rares croisements par lesquels ils passaient. Le passage, plutôt ancien, était usé par le temps. Il était fréquent qu’ils sentent des toiles d’araignée freiner leur progression, et que la princesse se rapproche du jeune homme, peu rassurée par les petites bêtes qui grouillaient autour d’eux.


Ils parcoururent plusieurs mètres ainsi, obligés d’emprunter des échelles de temps à autre, laissant deviner qu’ils gravissaient les étages du château en évitant les escaliers aux tapis de velours. C’est après l’une de ces ascensions qu’elle s’arrêta au milieu du chemin jusqu’à ce qu’il la rejoigne.

« Nous ne sommes plus très loin. Nous arriverons à l’étage où se trouve ma chambre. Le passage ne débouche pas directement à l’intérieur, il y aura quelques couloirs vides à parcourir ensuite et les gardes devant la porte de ma chambre, mais au moins j’ai évité de me présenter ainsi aux nobles qui séjournent au château, ils n’auraient sans doute pas … »

Mais la princesse lâcha un petit cri de surprise, arrêtant net son discours alors que la lueur qui brillait dans le creux de sa main s’éteignit. Une petite ombre venait de glisser entre leurs jambes, et de passer sur les chaussures de la princesse, lui frôlant le haut du pied. Elle se jeta par réflexe dans les bras de Link pour se serrer contre lui. La sensation désagréable et la proximité du petit animal l’avait surprise, et si elle n’avait pas une peur bleue de ces rongeurs elle les préférait tout de même loin d’elle.

« Je … Je crois que c’était un rat… »

Le noir complet était de retour. Elle se rendit compte qu’elle était agrippée au jeune homme et desserra un peu sa prise, de peur de lui faire mal, laissant glisser ses mains le long du dos du jeune homme, à la fois comme une caresse et pour s’assurer de sa présence… Elle le sentait contre elle mais ne pouvait pas le voir. Elle entendait seulement sa respiration, lui donnant l’envie de se presser plus encore contre lui, la même envie de proximité qui l’avait prise dans lors de leur chute dans les buissons. Pourquoi son cœur battait-il toujours si fort dans ces moments-là ? La surprise était pourtant passée.


Link

Héros du Temps

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(vide)

Le bout de ses doigts caressait cette pierre rugueuse qu'il imaginait noire. Aussi noire que l'obsidienne mais autrement plus agressive que cette roche-de-verre qu'il ne connaissait que peu. Qu'importe laquelle elle avait été, de toute façon, pourvu qu'elle eut été capable de le soutenir. Il n'avait jamais été claustrophobe, et pourtant... Il avait cette sensation oppressante à chaque fois qu'il pénétrait le Castel-Réal. A chaque fois..? Non..! S'il étouffait depuis que Zelda l'avait mené à travers carrefours et couloirs, il s'était senti autrement mieux, avant. Avant, quand, enfant, il avait leurré l'ensemble des gardes à de nombreuses reprises — tant d'efforts pour quelques précieuses minutes passées en compagnie d'une Princesse. Avant, quand, adulte, il avait continué le même jeu. Quand il s'était, par exemple, lancé à l'assaut d'une tour qui donnait sur la Suite Royale d'Été (en l'ignorant, évidemment) pour la retrouver ; ou encore quand il s'était mis en tête d'entrainer sa souveraine. Il l'avait laissée l'emmener là où elle estimait juste de le guider, et...

C'était certainement la lourde boucle qui pendait à son oreille qui parvenait à atténuer les frissons qui courraient le long de sa nuque. La proximité de Zelda aidait aussi, bien évidemment, mais rien ne parvenait à repousser tout à fait le mal qui courrait entre les murs de la demeure des Rois Hyliens. Parfois, il lui semblait qu'une langue chaude et malsaine jouait avec ses mollets, comme pour le faire chuter. Des mots lui venaient à l'oreille, comme quelques billets macabres qu'on lui aurait susurré. Et quand revenait le Néant, fort de l'obscurité qui gravitait autour d'eux, le Champion-Déchu-par-le-Courage serrait d'autant plus fort et avec d'autant plus de vigueur la main de sa bergère improvisée. C'est, les yeux fermés, qu'il suivait la lumière qu'il percevait avec bien plus d'éclat quand dormaient ses pupilles. Et les rares moments qui prenaient un malin plaisir à les séparer, l'Enfant-des-Bois s'efforçait de jeter, entre les billes de givres et le voile que formait ses paupières, des images parmi les plus fortes qu'il avait vécu.

A mesure qu'ils ne progressaient entre les parois du Château des Nohansen, le vagabond semblait récupérer en autonomie et en forme. Le mal, à défaut de s'éloigner, cessait de croitre comme de progresser, et les sens revenaient doucement mais sûrement au Voyageur de Temps. Son emprise sur la main de Belle ne se fit pas moins forte pour autant — il conservait ce désir de la garder auprès de lui. Peut être de crainte que le Fléau ne s'avance vers lui ? Peut être par envie innocente de l'avoir contre son torse ? Sans doute. Vraisemblablement quelque savant et subtile dosage des deux, qui donnait lieux à un mélange habile ; ce genre de mixture qui l'aurait presque poussé à la rabattre sur lui s'il n'avait pas fallu grimper à nouveau d'un étage.

Le fer – il soupçonnait la longue échelle encastrée dans la paroi d'être de fer – s'écaillait sous ses doigts, tandis qu'il laissait Belle gravir ce qui, à n'en point douter, devait être un des immenses étages du Fort de Daphnès. Si, nombres de cercles d'enceintes étaient tombés, l'agréable palace de Zelda avait été en des temps autrement plus anciens un bastion fortifié érigé dans l'objectif tant de protéger Hyrule que de l'auréoler d'une puissance inébranlable. La paume bardée de cuir et posée sur le métal oxydé, le Gamin-à-la-Fée avait la tête renversé, comme pour s'assurer que tout allait bien. Vieux étaient les chemins, dangereux étaient les routes de traverses. Le fer avait été forgé jadis ; jadis, dans une époque ou l'Édile de Nayru aurait certainement eu à porter l'épée en plus de la couronne. Et entendre ainsi grincer les échelons n'était pas pour le rassurer. Le blond avait (depuis le début) préféré attendre en bas, pour pouvoir amortir une éventuelle chute.

Une petite lueur éclairait son chemin, quand il posa la main sur le premier barreau de fer. Le froid envahit ses doigts, quand il se cramponna à l'échelle sans se soucier des morceaux de rouille qui venait se ficher dans ses phalanges les plus tendres. Il serait sans doute légèrement marqué, mais sans plus. Et ainsi débuta la seconde ascension, pour rejoindre ce qu'il ignorait être le troisième pallier — qu'il avait déjà rejoint en escaladant la tour, une nuit ou Dun ne trouvait pas le sommeil, malgré la jolie blonde installée dans ses bras.

Le fer mal en point continua sa chanson. De tout évidence, il pesait autrement plus lourd que la frêle Zelda, et ça, le métal ne semblait pas apprécier. Encore quelques échelons, et il serait arrivé. L'Hylien se hissa petit à petit, pour ne pas trop torturer les restes d'une époque révolue, haletant un peu, en arrivant près de sa Princesse. La position le perturba un tant soit peu : genoux à terre, dos courbé devant la Nohansen Hyrule, il lui semblait qu'il prêtait serment devant Zelda, et peu s'en fallut qu'il porte la main sur le coeur — ce que jamais – ô grand jamais – auparavant il n'avait fait.

Link ne tarda néanmoins pas à se relever, comme gêné et effrayé devant cette perte d'indépendance qui se présentait devant lui. Loin de lui l'idée de s'opposer à sa souveraine, et en un sens son serment était tacite ; mais le dire vivement aurait provoqué chez le Faux-Kokiri un inextricable sentiment, composé de contradictoires, et douloureuses émotions.
Ils reprirent la route, sur quelques pas, jusqu'à ce qu'elle les arrête, à mi chemin dans le parcours. Il hocha silencieusement la tête quand elle s'exprima, tout en conservant au fond de lui le sourire qui ne demandait qu'à sortir. Il était enjoué de savoir que des gardes veillait sur elle à longueur de journée, rassuré et plus serein que pendant l'entrainement qu'ils avaient initié tous les deux. Et pour ce qui était des nobles... Tout en sachant qu'il était dans l'erreur la plus parfaite en généralisant le cas de Loireag ou d'Efelron, il ne parvenait pas à s'en faire une image positive.


"Je... —" Commença-t-il, prêt à voler dans les plumes d'une Caste qu'il ne supportait que trop peu. Il savait que de telles positions étaient vieilles de plusieurs siècles, si pas millénaires et avait été gagnées par la loyauté et les armes, mais il avait du mal avec la vision qu'il s'était forgée d'eux. Il fut cependant coupé dans ses jugements par le cri qui ne tarda pas à fuir les lèvres de la Seigneur-Suzeraine des Landes d'Hylia. Immédiatement, sa main gauche monta jusqu'à la fusée d'Excalibur, tandis que les traits de son visage se durcissaient aussi promptement qu'il ne saisissait doucement la hanche de Belle. Et toute la tension qu'il avait accumulé fut brisée par une seule et unique petite phrase. Un rat. Juste un rat. Le Sans-Lignage se laissa aller à un éclat de rire qui trahissait tant son soulagement, qu'une moquerie taquine devant l'effroi de son amie. Juste un rat, par la Grâce d'Hylia !

"Zeeeeelda ! ~" Lâcha-t-il, faussement indigné, et prêt à rire du caractère presque timoré de l'enfant aux cheveux d'or. « Ca n'est guère qu'un rat ! Il ne va pas te manger ! » Poursuivit-il, sans la lâcher pour autant, sa soudaine bonne humeur trahie par son timbre de voix. « Et je parle d'expérience ~ » Ajouta-t-il enfin, sans préciser explicitement qu'à plusieurs reprises un rat avait été l'essentiel de son repas quotidien. Ca n'avait pas grand chose de la chair gouteuse que pouvait avoir les cocottes, mais ça relevait bien souvent la saveur des racines. Face au silence qui allait naitre – il en était certain –, il se décida à poser les lèvres sur le cou de la demoiselle, pour la rassurer.

"Avançons, désormais. La sortie n'est plus très loin, et je brûle de revoir le ciel." Avoua-t-il, vraisemblablement mis mal à l'aise tant par cette visite prolongée dans un lieu qui développait chez lui un profond sentiment d'insécurité, que par l'irrévérence et l'audace dont il avait preuve à l'instant. Et ce fut son tour de jouer les bergers. Après quelques coudées de marche, ils tombèrent nez à nez avec une large porte de pierre. L'Hylien s'était saisi d'une torche un peu plus tôt, et il ne tarda pas à comprendre comment tout cela fonctionnait. Depuis sa plus tendre enfance, il résolvait des problèmes et faisait jouer les mécanismes, ça n'était pas celui-ci qui aurait raison de lui. « Reste devant cette porte. » Glissa l'Hylien à l'oreille de sa paire. Il savait avant d'activer les leviers qu'il lui faudrait faire marcher où déboucherait ce couloir. « Je vais tacher de l'ouvrir. Je ne sais pas combien de porte ça marchera, aussi passe immédiatement la porte. On se retrouve juste après. »

Sur ces quelques instructions, l'homme tout de vert vêtu s'éloigna, torche en main, à la recherche de l'énigme qui lui permettrait de faire coulisser cette lourde stèle. Ses yeux s'arrêtaient un peu partout. Au sol, aux murs, au plafond, sans qu'il ne distingue rien qui ressemblait à ce qu'il avait l'habitude de rencontrer. La peste fut ces sécurités qu'apposaient les anciens monarques ! Elles ne protégeaient pas des assassins, puisque Zelda avait failli en être la victime, et elles n'aidaient que peu à quitter ces donjons humides. Sans doute n'était-ce pas un passage secret, mais un cachot oublié d'un vieux Souverain cruel ou sanglant.

Et, finalement, enfin même, il finit par trouver une espèce de crête sur les dalles qui composaient le mur droit, à une petite douzaine de mètres de la porte. De l'acier, ou un quelconque autre alliage, avait été fixé au mur. L'autrefois Champion de Farore leva aussi qu'il le pouvait la flamme qui habitait sa main droite. Un long rectangle d'acier noir qui montait autrement plus haut que là où son bras ne saurait le porter. Et au centre de cette pièce mécanique, une fente qu'il ne savait expliquer. Jamais il n'avait été confronté à ce genre de dispositif et ce serait mentir que de dire qu'il n'était pas interdit face à son fonctionnement. La seule et unique certitude qu'il avait vis à vis de cet interrupteur si peu commun, c'était que la pierre derrière lequel se tenait l'ensemble de l'engrenage était creuse. Et si c'était là idée plus ardue à faire vaciller que la maigre lueur du morceau de bois qu'il avait enflammé un peu plutôt, il préféra s'en assurer.


"C'est creux." Murmura-t-il pour lui même, après que son poing gauche ne se soit abattu sur la paroi. « Et c'est trop fin pour y glisser les doigts. » Il réfléchissait à voix-haute, les yeux toujours rivés sur son objectifs. De son esprit dépendait dorénavant leur sortie de ce palais souterrain. À nouveau, il laissa la torche illuminer ce processus qui lui était si peu familier, alors qu'au fond de son crâne se dessinait une solution. Mais par la barbe de Darunia, comment ferait-il pour arriver là-haut ?! Il n'avait pas les ailes qu'on prêtait au Poisson-Rêve ! Tandis qu'il portait son bras droit à l'assaut des hauteurs du Donjon, le gauche descendait doucement vers sa taille. Ses doigts s'enroulèrent en silence autour de la gaine de cuir qui ceinturait la garde son poignard, la lame s'éveilla dans le plus profond des mutismes.

Sans prendre le temps de reculer ou de s'armer d'un quelconque élan, qui en réalité l'habituerait bien trop à l'inclinaison classique du sol, il se lança dans la bataille. Son pied gauche prit appui aussi haut que la gravité le lui permettait, et avant que la nature ne le rappelle à la loi la plus primaire, l'Hylien se servit de sa jambe comme d'un ressort. La détente hissa son bassin puis son tronc plus haut encore. Sans perdre la moindre seconde, conscient qu'il ne pourrait ainsi défier la physique éternellement, il jeta son autre patte contre le granit — plus haut qu'il n'avait su aller précédemment. L'effort tirait sur ses muscles, mais il en réclama encore de ses cuisses. Quelques foulées, et...

Ce fut au tour de sa main. Dans un atroce tintement métallique, l'acier du coutelas percuta les rouages, assoupis derrière cette protection qu'il avait su déjouer. Imperceptiblement, alors qu'il s'était d'apparence suspendu à près de quatre mètres cinquante au dessus du pallier précédent, il débuta sa longue dégringolade qu'il ne pourrait contrôler. Son poids le tirait inexorablement vers le bas, et à chaque pouce de descendu, le mécanisme tournait d'un cran. Si l'ouverture de la trappe minérale devant laquelle se tenait encore Zelda semblait prendre des années, son retour vers le sol était plus long encore. Ses doigts fermement vissés autour de la hampe du couteau, les bras gainés et les jambes tendus, l'effort était loin d'être terminé. Link continuait de lutter sans bruit contre l'attraction terrestre et la fatigue qui, une fois n'est pas coutume évidemment, se plaisait à se jouer de lui. La sueur perlait sur son front et courrait jusqu'à ses yeux, dérangeante. Ses deltoïdes, biceps et autres brachiaux le brûlaient avec autant d'aisance que ne l'eut fait la torche qu'il conservait encore ancrée dans la main droite.

Dans un dernier rale couvert par le vacarme assourdissant de la pierre, il arriva au bout du rectangle d'acier, un mètre au dessus du sol environ. La Princesse s'engouffra dans l'ouverture. Ses pieds retrouvèrent la stabilité qu'ils avaient perdu durant l'ascension, puis la chute. Son poignard cessa de retenir l'engrenage. La stèle ferma de nouveau la voie qu'il avait tant peiné à ouvrir. Son dos se plaqua à la pierre, et il se laissa glisser. Il n'y avait pas mort d'homme, il le savait, mais la situation avait de quoi le désespérer. Ses efforts n'avaient contribué qu'à le séparer de Belle, et si elle ne courait pas de réel danger, il avait du mal à trouver une solution. Si dès lors qu'il relâchait toute pression sur le mécanisme la porte se refermait, il serait impossible de sortir. Et pour cause : la lézarde était bien trop étroite pour tacher de coincer l'arme et tromper la vigilance de feu les Seigneurs du Fort.

Le Fils-de-Personne finit cependant par distinguer quelque chose qu'il n'avait pas remarqué jusque là. Se relevant, il s'avança jusqu'à ce qui s'avérait être une troisième échelle, sans prêter attention au mince filin qui se déchirait à son mollet.

Preuve du grand-âge des caves dans lesquels il progressait, l'échelle hurla dès qu'il eut posé la botte dessus. Faisant fi de ces cris préventifs – ces vieilleries avaient bien des fois crié au loup, déjà – il s'éleva dans la sueur. Un échelon. Deux échelons, trois échelons, puis quatre, cinq, dix, le compte fut rapidement perdu. Ou, du moins, il avait été perdu quand une légère détonation lui vrilla les oreilles. Depuis un moment déjà, Link ignorait les murmures qui avait repris, mais il savait reconnaitre le bruit du fer qui glisse contre le fer. Ses mouvements se firent plus amples, plus rapides. Une sorte d'instinct lui disait de ne pas trainer ici.

Le barreau céda sous son pied, se brisant sec. Il chuta d'un bon mètre avant que ses mains ne le raccrochent à l'échelle. Son genoux avait cogné avec violence les roches qui perçaient à travers le mur mal entretenu, et le sang fut plus prompt à envahir sa jambe et infiltrer la toile de son bas que lui ne l'était à pivoter sur lui même. C'est bien tard que l'Hylien vit arriver les fléchettes qui fusaient à toute vitesse sur une même ligne. Une même ligne à laquelle son oeil appartenait. Foutue échelle.

Le sang maculait à nouveau sa pommette, coulant sur son visage et goutant sur son épaule, quand il pressa les bras suffisamment fort pour faire bouger la dalle qui formait la dernière sortie du couloir piégé. Le Sans-Lignage ignorait tout à fait si des soldats frappés de l'Aigle d'Or le surprendrait quand il se hisserait sur le chemin de ronde, à deux pas des créneaux et des mâchicoulis. Ca n'était de toute façon plus son ennui premier. La fatigue et la fracture que lui avait infligé la porte de Talon lui pesaient de plus en plus. Et ce Néant contre lequel il ne parvenait pas à lutter le harcelait toujours un peu plus. Tant et si bien qu'il ne fut pas malheureux de sentir à nouveau le vent balayer ses cheveux, et fouetter ses joues, en dépit de la balafre causée par le carreau qu'il n'avait pas pu éviter.

Le Héros du Temps inspira profondément, étonnamment seul sur cette portion des remparts. Et même s'il avait fait mine de peu s'en soucier un instant plus tôt à peine, c'est un soulagement sincère qui s'empara de lui. Tant parce que cette douloureuse excursion dans la violence d'il-ne-savait-quel-roi était terminée, que le soleil était à nouveau à porté de regard, que l'horizon lui appartenait toujours. La liberté des grands espace restait sans doute son premier amour. Et puis, il y avait Belle, un étage plus bas, qui devait l'attendre. Le vagabond n'avait pas la moindre idée du temps que lui avait pris son ascension depuis leur séparation imposée, mais il n'avait besoin d'aucun cadran ni d'aucune lune au sourire mesquin pour savoir qu'il ne prendrait pas Zelda de vitesse ce coup-ci.

Posant son poignet sur le créneaux le plus proche, il s'appuya sur son bras pour se jeter dans le vide. En deux temps trois mouvement, il remontait à l'assaut de ces tours qu'il avait déjà escaladé, et bientôt, il se glissa jusqu'à la fenêtre fermée de la suite d'Hiver. En équilibre sur le minuscule parvis, il toca deux coups contre le verre.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Son ami n'avait pu retenir un rire, et elle ne lui en voulait pas. Elle se doutait qu'il avait dû voir bien pire que quelques rats et se sentit un peu bête. Sa réaction avait été incontrôlée, mais clairement démesurée.

« Ce n'est pas gentil de se moquer ! »

Mais son propre ton était amusé et la bonne humeur du jeune homme communicative, elle ne pouvait retenir un sourire sur ses lèvres. Si elle avait pu lui tirer un rire, sa petite frayeur avait eu du bon.

La suite de ses paroles coupèrent toutefois court à son sourire, lui laissant une expression mi-surprise mi-horrifiée. L'avait-elle mal compris... ? Son propre silence laissait entendre que non, et qu'il se rendait compte du malaise déclenché chez la princesse. Avait-il vraiment mangé ces choses qui la dégoutaient tant rien que par un passage sur son pied ? Elle se doutait qu'en voyage il ne disposait pas du confort offert par le château, mais c'était au dessus de ce qu'elle avait pu imaginer. Et dire qu'elle se sentait toujours déçue lorsqu'il refusait de lui raconter ses aventures... Elle commençait doucement à comprendre ce qui l'avait retenu. Si elle ne changeait pas d'avis et souhaitait toujours savoir, elle admettait n'être peut-être pas prête à tout entendre d'un coup.

Elle ignorait quoi lui répondre. Qu'elle était désolée ? Ça ne changerait plus rien à ce qu'il avait vécu. Les mots lui manquaient, mais elle fut de toute façon coupée de ses réflexions lorsque le jeune homme se pencha dans son cou pour y poser un baiser. Elle ne put retenir ses joues de rougir légèrement et ses bras de se resserrer plus encore autour de lui. Une bouffée d'affection la prit, sur laquelle elle n'arrivait pas à poser de mots. Elle n'en eut pas besoin puisque le jeune homme reprit la route en l'entrainant derrière lui. Les rôles inversés, elle se laissa guider par son ami, les pensées un peu embrouillées. De toute façon, elle n'avait plus emprunté ce passage depuis l'enfance, et elle l'avait parcourut avec son père, en sens inverse. Au fur et à mesure qu'ils avançaient elle se sentait moins sûre de sa mémoire.

Ils arrivèrent finalement devant une grande porte. Bien entendu cette dernière était fermée, et si elle avait la ferme impression qu'elle menait à la sortie, elle n'en savait pas pour autant plus sur comment l'ouvrir. Elle avait beau fouiller dans ses souvenirs... Elle l'avait parcourue en sens inverse, et ne se souvenait pas que son père ait fait mention d'un mécanisme particulier. Il lui avait présenté ce passage comme une sortie et non une entrée. Elle était persuadée qu'il devait être possible d'entrer mais...

Link avait dû remarquer qu'elle était perdue et que sa mémoire ne serait d'aucune utilité puisqu'il lui demanda de ne pas bouger pendant qu'il partait à la recherche d'un moyen d'ouvrir le passage. Elle aurait pu protester et le suivre mais elle n'en fit rien. Toujours cette confiance aveugle. Si quelqu'un pouvait découvrir comment passer c'était bien lui. Elle avait le sentiment qu'il en avait vu beaucoup plus qu'elle à ce sujet.

Elle attendit donc patiemment, et finalement, après avoir entendu de grands bruits de mécanismes, qui continuaient d’ailleurs à retentir dans le silence du passage, la porte commença à s’ouvrir doucement. Attendant que l’ouverture soit suffisamment grande pour lui permettre de passer, elle jeta un regard en arrière avant de s’y engouffrer, certaine qu’il n’allait pas tarder à la rejoindre. À sa grande surprise, il n’en fut rien et la porte se ferma violemment derrière elle sans laisser la moindre chance au jeune homme de passer.

« Link !? »

Elle se jeta contre la pierre qui formait à nouveau un mur compact, criant le nom de son ami. Elle cherchait tout autour d’elle ce qui aurait pu ouvrir la porte. Elle cherchait dans ses souvenirs aussi, à présent lointains, l’image de son père qui ouvrait le mur devant les yeux écarquillés et brillants d’impatience de la petite fille qu’elle était, sans arriver à se souvenir de la position du levier. À nouveau elle se colla à la pierre pour crier et tenter de percer son épaisseur de sa voix.

« Link !! Tu es là .. !? Tu m’entends !? »

« Princesse ... ? »

Si elle avait voulu éviter de se faire remarquer c’était à présent bel et bien raté. Ses cris avaient bien entendu alerté les gardes qui se chargeaient de surveiller le couloir menant à ses appartements, et deux d’entre eux se tenaient à présent derrière elle, chargés d’aller inspecter d’où provenaient les éclats de voix.

« Je... Pardonnez-moi... Je crie un peu fort... »

« Tout va bien votre Altesse... ? »

« Oui, oui... Vous pouvez retourner à votre poste, je vais bien je... Je cherche seulement quelque chose, je rejoindrai ma chambre juste ensuite. »

Elle se sentait comme une petite fille prise en flagrant délit. Link avait bien le mérite de la renvoyer en enfance. Elle si irréprochable et bien rangée le reste du temps, voyait à présent les gardes s’interroger du regard devant son état. La robe couverte de terre, les cheveux partiellement sortis de sa coiffure habituellement impeccable, à crier comme une folle seule dans une pièce, apparue de nulle part sans avoir traversé les couloirs devant eux, nul doute qu’elle leur paraissait étrange. Finalement, seule la belle plume rouge qui ornait ses cheveux lui donnait un air plus digne que le reste de son accoutrement, mais elle n’en était pas pour autant familière aux deux gardes. Pour les rassurer, elle laissa entrevoir le dos de sa main, retirant le gant qui la recouvrait, et une douce lumière émana du Fragment qui s’y trouvait.

« C’est un peu long à expliquer, mais vous pouvez retourner à votre poste. »

Son ton avait repris plus d’autorité, et puisqu’ils étaient à présent certains que les ordres venaient bien de leur souverraine, ils semblèrent se détendre, bien qu’encore perplexes, et reprirent la direction du couloir. Ils feraient sans doute un rapport à leurs collègues, et à leurs supérieurs. Elle savait toutefois qu’elle pouvait compter sur les gardes présents à cet étage pour que ce récit ne quitte pas le corps de la garde.

Une fois qu’ils eurent quitté la pièce, elle se lança à nouveau à la recherche du moyen d’ouvrir la porte, finissant par le découvrir dans un renfoncement derrière une tapisserie. Elle actionna le levier enfin retrouvé, avant de se rendre près du trou qui s’était formé dans le mur. Elle craignait que la porte ne se referme derrière elle si elle traversait l’ouverture. Une nouvelle fois elle cria le nom de son ami, mais seul l’echo lui répondit. Elle attendit quelques instants avant de se rendre à l’évidence : il n’était plus là. Elle ne voyait guère qu’une seule possibilité : il avait refait le chemin en sens inverse. Il lui serait sans doute facile, bien qu’un peu long, de parcourir dans le sens opposé les couloirs, et il avait dû voir clairement Zelda utiliser le levier de l’autre côté pour refermer l’entrée derrière eux. C’était la plus sage décision à prendre en étant coincé ainsi, et elle ne voyait pas ce qu’il aurait pu faire d’autre. Elle devait donc simplement attendre qu’il ait fait le tour et revienne la voir. S’il tardait trop, elle irait à sa recherche, mais elle ne voyait pas quel danger il aurait pu rencontrer, les rats ayant été seuls à se manifester sur leur chemin. Elle doutait que quoi que ce soit de menaçant puisse habiter ces souterrains ou son père ne lui aurait pas montré ce chemin des années plus tôt sans la prévenir. Du moins, elle supposa qu’il était au fait de tout ce qui se trouvait là-dedans.

Elle ré-actionna donc le levier pour fermer à nouveau le passage et remit la tapisserie en place. Obligée de parcourir le couloir jusqu’à sa chambre, elle salua les gardes qui étaient venus à sa rencontre un peu plus tôt, les priant de lui faire savoir si le Héros du Temps souhaitait la voir. Elle ne doutait pas qu’il soit bien accueilli, mais ce n’était pas plus mal que les gardes s’attendent à sa venue : au plus tôt il arriverait près d’elle, au plus tôt elle serait rassurée. Elle n’avait jamais aimé le voir disparaître, et même si elle ne savait pas quels risques il aurait pu courir, une boule lui serrait le ventre depuis qu’ils avaient séparés par la roche.

Arrivée dans sa chambre, elle s’y enferma pour entreprendre de se changer. Puisqu’elle avait un peu de temps en attendant qu’il n’arrive, elle pouvait en profiter pour enfiler une robe propre et se recoiffer. Elle ne manquerait pas de s’excuser une fois qu’il serait là. Son supposé raccourci lui aurait finalement fait parcourir encore plus de chemin. Elle aurait dû s’assurer qu’il était facile à emprunter dans les deux avant de l’y entraîner...

Elle sursauta en entendant des coups frappés à la fenêtre. Elle venait tout juste de retirer la robe qui avait été salie un peu plus tôt, restant tout de même en sous-vêtement, prête à enfiler la nouvelle robe qu’elle tint devant elle comme elle le pouvait dans un geste de protection le temps de vérifier ce qui venait de faire du bruit. Une fois encore le nom de son ami sortit de sa bouche dans un cri, d’inquiétude cette fois. En toute urgence, elle lâcha le vêtement pour se précipiter à la fenêtre et l’ouvrir. Elle savait combien cette dernière était haute, et elle n’avait jamais eu l’impression que les murs soient vraiment praticables.

« Link... ! Rentre ! C’est dangereux ! »

C’était loin d’être tout ce qu’elle avait à lui dire, n’ayant pas manqué de remarquer qu’il était blessé, mais elle ne voulait pas le laisser sur le mince rebord externe une minute de plus. Elle s’écarta donc pour le laisser passer et fermer la porte derrière lui, ne se calmant qu’une fois qu’il se trouva en sécurité sur le sol de la chambre.

« Link tu ... Attends... Tourne-toi s’il te plait... »

Elle rougit, se souvenant de la tenue dans laquelle elle se trouvait, même la survie de son ami était bien plus importante que toute pudeur entre eux. Elle savait qu’il était inconvenant de se présenter à lui ainsi, et elle ramassa la robe qu’elle avait laissée tomber à terre pour la ré-enfiler ne vérifiant pas vraiment s’il s’exécutait ou non. Il était de toute façon trop tard, il n’en verrait pas moins que ce qui avait déjà été exposé à ses yeux.
Ceci fait, elle retourna près de son ami, le forçant à lui faire face. Elle s’agenouilla d’abord pour inspecter son genoux, inquiétée par le sang qui avait imbibé son pantalon, mais elle s’aperçut que la plaie restait superficielle. Elle se releva ensuite pour observer sa joue, maculée de sang elle aussi. Ce n’était pas forcément si grave qu’elle l’avait pensé, c’était une méchante plaie, profonde, mais qu’il pourrait soigner normalement. Glissant la main le long de sa joue, elle se demanda un instant s’il s’attendait à ce qu’elle lui fasse à nouveau une démonstration de magie. Elle eut un petit sourire triste, se doutant du soulagement qu’il aurait de ne pas subir de magie.


« Pas cette fois. Ce serait mauvais pour ton corps, une guérison trop rapide coûte en énergie. »

Elle avait répondu à son interrogation, si toutefois il se la posait. Pour son genoux, la blessure n’était pas très grave, quant à sa joue... C’était plus profond, mais elle l’avait soigné au même endroit un peu plus tôt, et elle ne voulait pas épuiser son corps sans que ça ne soit vraiment nécessaire. Elle avait bien remarqué qu’il le supportait déjà mal en temps normal, alors de façon répétée...

« Mais tu devrais essayer de te blesser moins souvent... Je te quitte des yeux à peine quelques minutes et... Qu’est-ce qui est arrivé ? Tu n’étais plus là quand j’ai pu rouvrir la porte, je croyais que tu faisais le chemin en sens inverse ... Comment t’es-tu blessé ainsi ? »

Il avait fait le chemin bien plus vite qu’elle n’aurait pensé et elle ne se souvenait de rien qui ait pu provoquer des blessures de ce genre sur le chemin de l’aller.
Rassurée cependant de l’avoir enfin de nouveau retrouvé, et de pouvoir à nouveau le sentir à ses côtés, elle glissa tendrement son front contre le sien avant de se rappeler de la raison pour laquelle elle l’avait fait venir jusque là, outre bien sûr l’envie de le garder le plus longtemps possible auprès d’elle.


« J’avais préparé quelque chose, pour toi, attends ! »

Elle rejoignit une armoire au bout de la pièce qu’elle se hâta d’ouvrir pour en ressortir un bouclier tout neuf et flamboyant. Pressée de le lui montrer, elle revint prestement près de son ami avec un grand sourire, lui tendant le bouclier. Son motif était semblable à celui qu’on pouvait trouver pour quelques rubis à la place du marché, il semblait toutefois de conception plus fine, le motif était plus précis et le matériau plus résistant, plus noble. Elle l’avait fait forger sur mesure, non sans copier le bouclier hylien qu’elle l’avait si souvent vu porter, par nostalgie sans doute.

« Il n’est pareil à nul autre. Je l’ai enchanté pour toi. C’est un peu... Enfin ça sera comme si je pouvais veiller sur toi sans être là. Il est résistant à la magie, et indestructible. J’ose espérer qu’avec ça, je te verrai revenir en meilleur état. »

Elle avait gardé un ton de plaisanterie, ne souhaitant pas lui offrir des reproches en plus de son cadeau, mais c’était sérieux pour elle. Elle n’aimait pas le voir revenir blessé ainsi, elle s’inquiétait d’autant plus quand elle ne pouvait pas avoir de nouvelles.


Link

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(vide)

Alors même que ne s'ouvrait le battant de verre, son pied gauche ripa. Sa jambe, privée de son appui, le tira dans le vide. Il chuta. Plus de dix coudées de néant, dans son dos, le vol promettait d'être long. Ses lèvres restèrent pincées, ses mâchoires crispées tandis qu'il cherchait désespérément un moyen de se tirer de ce pétrin. Chaque mili-seconde ; la moindre d'entre elles ; devenait capital. Ca n'était plus en terme de secondes ou de minutes qu'il fallait penser. Aussi brièvement qu'il ne lui était possible de le faire, et tant par instinct que par impulsion, ses yeux avaient balayé l'ensemble des détails qui auraient pu lui éviter de finir brisé, des mètres et des mètres plus bas.

Le cuir de ses semelles racla férocement contre la pierre grises qui bâtissait l'ensemble du Castel. Tout ses muscles étaient tendus en un unique effort : rester au plus proche du mur qui serait la seule carte qu'il pourrait sortir de sa manche. Aucune autre possibilité de s'en sortir vivant. Vraisemblablement en charpie, mais en vie. Cette proximité qu'il s'imposait avec la paroi, à force de tour de bras et de jeux physiques serait la seule façon possible de s'ancrer à l'immuable et éternelle structure. Et les Immortelles savaient que s'il ne se rattachait à rien, il se romprait immanquablement le cou.


"Humpf.. —" Souffla-t-il, quand son torse percuta le rebord de la fenêtre. Ses mains glissèrent un instant, tant la surface lui semblait lisse et tant la surprise désirait apparemment le jeter au sol. Son pied droit se pliait dans un angle douloureux, mais qui lui permit de bondir et de gagner quelques centimètres. Ses doigts se refermèrent tous, un à un, sur la corniche intérieure. Et quand bien même n'était-il pas encore sauvé qu'un sentiment de sécurité croissait un peu plus en lui. Certes, il se balançait encore à près de soixante toise au delà des jardins. Pourtant, il avait déjà réussi à se hisser à la force du poignet sur des distances plus imposantes et des surfaces moins sûre. Tirant sur ses bras et poussant sur ses cuisses, l'Hylien parvint à se hisser, doucement, jusqu'au rebord désormais ouvert... — et à investir la chambre de la demoiselle sans même avoir eu le temps de prêter plus d'attention à la situation et toute son intimité.

Un genoux à terre, le dos rond et les deux poings posés sur la tapisserie qui recouvrait un plancher, l'Enfant-des-Bois se laissa un instant pour reprendre son souffle, remplir ses poumons malmenés. Respirant tant bien que mal, haletant, il laissait son regard vagabonder, courant de soierie en soierie, jusqu'à réaliser que les pieds auparavant chaussés de son amie étaient désormais nus. Et innocemment, son oeil se mit à suivre les hauteurs des fines et altières jambes de son amie. Si la raison lui intima bien vite de décrocher son regard de la silhouette de Zelda, en réalité ses yeux ne pouvaient que la couver. Bouleversement subtil, passion et tendresse, désir (un soupçon, au moins) et crainte. Avant qu'il n'en ai vu plus qu'il n'était correct – décent, même – d'en voir, ses joues s'étaient teintées d'un rouge chaud. Tant bien en apparence qu'à l'intérieur, et pourtant il ne parvenait pas à baisser les deux perles de givre qui faisaient usuellement l'Hiver, le Blizzard et l'Enfer Polaire sur son visage.

Son faciès continuait de s'empourprer, irrémédiablement. Tandis qu'il aurait du courber la nuque jusqu'à ne plus apercevoir que le cuir bouilli de ses bottes, il laissa parler cet instinct qui le poussa à se relever. Et alors que les billes azur cherchaient le bleu-clair-tirant-sur-le-vert des yeux de la Princesse, elle lui intima de se retourner. Les lèvres fines du Faux-Kokiri se séparèrent silencieusement, comme protester. Il expira, l'air souleva son torse bardé de tissu, de mailles et de cuir. Le temps sembla s'arrêter l'espace d'un instant, fort d'une intensité qu'il ne lui connaissait pas. Puis, toujours dans ce même mutisme qui lui était familier... L'Hylien s'exécuta. Il amena un pied en arrière et pivota, se résignant à cesser de la choyer des yeux.

Link pivota jusqu'à se retrouver face à la fenêtre qui avait manqué de le tuer quelques instants plus tôt. Dans un élan d'inconscience, ou de folie, il l'enjamba pour s'asseoir sur son rebord à près de soixante mètres au dessus des sols. Son regard se perdit dans le vide à l'horizon, quelque part vers l'Ouest. Il jeta ses paupières à l'assaut de ses joues, fatigué.
Les bras de son amie se glissèrent contre lui quand elle eut fini de se changer, l'invitant à tourner une nouvelle fois.

A nouveau, il la dévora des yeux. Sa tenue était autrement plus simple que ce qu'elle portait en général mais ne lui seyait pas moins pour autant. Peut être même la préférait-il ainsi drapée de blanc, sobrement. La robe qu'elle portait avec élégance était fendue sur le côté droit, laissant percer par moment un bout de sa jambe. En son centre chutait une fine ceinture d'argent, soulignant la taille de la Suzeraine, quand elle ne disparaissait pas sous le tissu. La glace de ses yeux remonta encore un peu plus haut : la toge régine que portait la dernière Hyrule ne comportait certes pas de manche, toutefois un long châle recouvrait sa gorge et ses épaules. Encore une fois fendu au niveau des bras, le tissu se séparait si l'Altesse les bougeait, l'un ou l'autre. Cependant, le voile descendait suffisamment bas pour couvrir partiellement ses hanches.

Au niveau du col, de fines lignes d'or avaient été brodées, suivant la courbure de la tenue. Son front portait toujours cette petite couronne qu'il n'aimait que trop peu au fond. Une révulsion contre toute forme d'autorité ? Cette impression persistante que royauté rimait avec mensonger..? Peut être, oui. Ses cheveux, détachés, étaient ceints par une espèce d'ornement dont il ignorait tout : une plaque – d'argent encore – triangulaire qui suivait la forme de son crâne. La plume vermeille qu'il lui avait offert pendait comme une jolie boucle d'oreille, reflet de celle qu'elle lui avait offert la dernière fois. Ses soucis s'envolèrent sans un bruit .Ses lèvres s'étirèrent en un sourire léger.

"J'ai suivi l'échelle." Souffla-t-il après qu'elle ai examiné ses blessures et se soit enquit de la façon dont il avait pu se faire ça. Si elle connaissait le passage, elle comprendrait sans doute, autrement elle ignorerait ce qu'il évoquait. Sans s'avancer, il et pratiquement certain qu'elle n'en savait rien : pourquoi aurait-elle refait le chemin en sens inverse si elle connaissait l'existence d'une sortie ? En admettant qu'il soit possible de déjouer les pièges pour peu qu'on sache leurs existences et emplacements... la deuxième sortie n'avait rien de dangereux. Et de toute façon, une fois n'était pas coutume. Ca n'était pas parce qu'il avait bien voulu la laisser entrevoir un pan anecdotique de son passé qu'il était prêt à tout raconter pour autant. Il ne voulait pas qu'elle sache. Quoiqu'il puisse advenir.

Au fond, il n'avait de toute façon pas besoin de s'exprimer pour apprécier sa présence. Il ignorait combien de temps s'était écoulé, quand elle releva sa tête de sur ses genoux, en se rappelant d'une chose dont il ne savait rien.
« .. Pour moi.. ..? — » Murmura le Sans-Lignage, après qu'elle se soit élevée et qu'elle ai commencé à fouiller un peu plus loin dans une armoire.

L'écu brillait de milles feux, et c'est à peine s'il écoutait Zelda, tant il était absorbé par ce présent qu'elle lui offrait.
« Je peux ? » Glissa-t-il, un sourire en coin, alors que des images lui revenaient sans qu'il n'y comprenne veritablement quoique ce soit. Une enfant aux cheveux d'or fin et vêtue d'un pourpre tendait une rondache de bois à un petit garçon balafré et isolé. « C'est pour toi », souriait-il. « Pour moi..? — » Demandait-il, l'air visiblement surpris. « Que ferais-je d'un bouclier aussi fragile ? J'en ai pas besoin ! » Soufflait-il ensuite, orgueilleux et touché dans sa fierté. Trois coups secs frappés sur la porte le tirèrent hors de cet univers qui lui était familier tout en lui étant des plus inconnus.

"Votre Majesté ! Dame Impa souhaiterais vous voir au plus vite !"


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

« Une échelle ? »

Elle n’avait aucune idée du passage donc il faisait mention. Il ne devait pas s’agir d’une de celles qu’ils avaient rencontrées sur le chemin de l’aller, il y avait donc une autre sortie… Elle pourrait toujours aller inspecter les lieux plus tard. Elle ne comprenait tout de même pas comment il avait pu se blesser à ce point en empruntant une échelle. Elle le connaissait cependant assez pour savoir que s’il n’en avait pas dit plus, c’était qu’il ne souhaitait pas le faire, et il ne lui servirait à rien d’insister : elle n’aurait pas de détails. C’était pareil à chaque fois qu’elle le questionnait sur son passé.

Un peu frustrée, comme à chaque fois qu’il décidait de lui cacher une part de son vécu, elle n’en eut pas moins d’enthousiasme à lui présenter le petit cadeau qu’elle lui avait préparé. Le simple sourire qui apparut sur son visage et son regard captivé par le bouclier suffirent à indiquer que le présent lui plaisait. Elle avait principalement espéré que ce bouclier lui éviterait de revenir à nouveau couvert de blessures, même si au fond, elle avait quelques doutes. Elle n’avait jamais connu son ami très prudent, mais elle était comblée par l’air réjoui du jeune homme. Elle le trouva cependant pensif, comme si l’écu qu’il tenait entre ses mains lui évoquait de lointains souvenirs.

« Link … ? À quoi est-ce que … ? »

Toujours curieuse à son sujet, elle s’apprêtait à le questionner sur ce qui lui passait en tête quand plusieurs coups retentirent à la porte, et qu’elle fut avertie que sa nourrice l’attendait en salle de réunion.

« Impa… ? Mais pourquoi… ? … Bien, je vais la rejoindre, prévenez-la que le Héros du Temps sera avec moi. »

Elle savait que cette dernière était restée au château, pour son plus grand plaisir d’ailleurs. C’était un réconfort que de la savoir à ses côtés. Toutefois ce n’était pas dans ses habitudes de la convoquer de façon aussi officielle. Sans doute était-ce parce que la princesse la percevait toujours comme autrefois et qu’elle aurait trouvé tout naturel que la femme chargée de son éducation et de sa surveillance vienne la trouver par elle-même, qu’il lui semblait si étrange qu’elle n’en fasse rien. Il était vrai qu’elle avait grandit, et que c’était ainsi que fonctionnait le protocole pour obtenir une entrevue avec la princesse. Même si un certain jeune homme se plaisait à bafouer les règles, lui causant plus d’amusement que de désapprobation.

« J’espère qu’il te plait au moins. Allez, viens, si je suis convoquée alors toi aussi ~ »

Elle venait de remarquer qu’il avait été tiré de ses pensées, et elle était bien déterminée à le garder à ses côtés aussi longtemps qu’il voudrait bien rester au château. Elle avait donc décidé qu’il ferait partie de l’entrevue. Sa main alla se glisser autour de la sienne. Elle avait pu remarquer son horreur pour les assemblées trop protocolaires, mais ici il s’agissait juste de rencontrer Impa, et elle savait que le jeune homme ne serait pas mis mal à l’aise par la Sheikah, de même qu’elle doutait fort que l’ambiance puisse être tendue. Elle l’entraina donc avec elle, sans attendre sa réponse, le tirant à travers les couloirs jusqu’à la pièce où sa nourrice les attendait.


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