Posté le 30/08/2009 04:28
"Nous pourrions vous guider jusqu'à l'intérieur du château."
La pointe du pied droit d'Akashiro traça un demi-cercle dans un mouvement agile, tandis que deux iris déterminés se posèrent sur les prunelles nitescentes de la Princesse. Il vit, involontairement, les tréfonds de ses pensées pour la première fois. Contrairement à ce qu'il eût craint, une simple nimbe caressait ses cheveux dorés, tels des nuages iridescents. Subjugué, son tremblement aussitôt réprimé n'avait aucun rapport avec ce qui se fait nommer le "coup de foudre". Il était plutôt de ces comportements qui vous assaillent lorsque vous rencontrez un être fabuleux, sortant du commun des mortels. Et si la Légende de la Triforce n'était censée être connue que des hautes sphères, elle était justement l'un de ces êtres mythiques.
Il en était à ce stade de ces réflexions, n'ayant pas encore percé le halo de pureté, lorsqu'il comprit avoir fait une erreur. En effet, il avait affirmé connaître des renseignements sur la Légende, mais personne n'avait tiqué.
"Pardon ?"
Son trouble s'échappa par ce simple mot, avant même de n'être perceptible.
"Je ne sais pas si je suis prête pour le Duel que vous avez évoqué, en fait je pense même que non... Et malgré toute la honte qui en résultera pour moi, je ne dois pas chercher un face à face avec Lui, pas aujourd'hui... Mais je n'en peux plus de m'inquiéter ici sans savoir ce que deviennent ceux qui sont restés à l'intérieur, et si je peux agir, ne serait-ce qu'en vous aidant à pénétrer dans le château, je suis prête à le faire."
Une ardente détermination colora les pupilles du guerrier. Néanmoins il ne pouvait que réagir en oyant la volonté pudique de la Détentrice de la quintessence de la Sagesse.
"Être capable ou non, savoir ou non... Ce n'est pas ça qui est véritablement important, mais vous le savez probablement déjà. L'essentiel réside dans la faculté d'agir au moment fatidique."
Une myriade de remembrances voilèrent ses yeux, les emplissant d'une triste aria de résignation. Pourtant son assurance, bien loin d'être entravée, était forte d'une brûlante hardiesse nouvelle, dont il en estompa mentalement la raison. De toute façon, nul ne souhaitait, à sa connaissance, savoir ni comprendre l'étrange être qu'il était. Et de toute façon, qui s'en souciait à un moment pareil ?
Incapable de contenir son impétuosité, il fit volte-face pour retrouver Lully dans son champ de vision. Celui-ci n'avait pas réellement bougé depuis tout à l'heure, et sous cette atmosphère vespérale régnait un calme particulier. La nocturne sérénité n'était en effet troublée que par le bruit infime d'une blatte. Une blatte qui fuyait depuis l'une des nombreuses cachettes de fortune dont les lieux regorgeaient. Il se souvint alors du cloporte en question : ses vibrisses, au moindre courant d'air, transmettaient l'ordre de fuir. Un réflexe bestial en somme, et stupide, mais qui avait révélé la présence d'un quatrième homme dans les parages.
"Un déjeûner ?!!! Et zuuuut, c'est bientôt l'heure de manger et on n'a rien prévu !! Rien que pour ce fichu château ! ..."
La voix résonna en ce silence presqu'immédiatement après qu'il se fût retourné. L'épisode de l'insecte miniature, ainsi que la réflexion qu'il avait engendrée, la déduction de la présence de l'inconnu... Tout ça n'avait en réalité pas duré plus d'une seconde. Et de fait, s'il comptait interpeller Lully, il avait à peine eu le temps d'ouvrir la bouche, que déjà son expression se durcit. Ayant à peine bougé la tête, il fixait un point, l'air absent, faisant marcher son cerveau avec une vive célérité. Imperturbable, il adressa tout de même la parole à Lully. Ou plutôt, cela sonnait moins comme une demande, que comme la requête d'une confirmation, puisqu'il savait que peu d'alternatives s'offraient au jeune homme.
"Lully, derrière nous, Océane arrive. Elle a beau être seule, elle est assez forte pour qu'à vous deux vous ne risquiez rien. À moins que tu ne veuilles nous accompagner ?"
Les bruits de pas se rapprochaient, tout en restant à une distance confortable. Pourtant, il ne prit pas le temps d'attendre la réponse de l'amnésique. Le temps pressait, mais, chose étrange, il marchait. Bientôt, il put de nouveau entrevoir le duel, qui d'ailleurs s'achevait : un guerrier était enchaîné violemment à l'ombre. Elle-même était en quelque sorte aplatie contre le mur, subissant la pression physique de son opposant. Enfin, deux autres guerriers s'avançaient pour attaquer fourbement le négro-bretteur. D'un autre côté, les pas d'Océane semblaient se rapprocher inéluctablement, et elle rejoindrait bientôt Lully et la Princesse. C'est à cet instant qu'il lui fallait faire se dépêcher le couple pour accéder au château au plus vite, de sorte que l'intru ne puisse sortir de son trou sans se faire repérer par la chevalière. Dans une situation telle, il considérait cette intervention extérieure comme celle d'un personnage lambda ; aussi n'en voulut-il pas sacrifier quelques minutes. Mais évidemment, il ne savait vers où se hâter, si bien que ses jambes arquées le propulsèrent bientôt vers le trio d'agresseurs. Ou d'agressés, cela n'avait pas la moindre importance.
Une lame vint caresser vivement ce qui aurait dû être le tronc cérébral de la chose directement liée à ce que, étant plus près, il analysa comme une sorte de döpplegänger du Héros du Temps. Le fer s'enfonça ensuite léthalement, pour ressortir au niveau de ce qui serait le coude formé par l'artère carotide, sur un corps normal. Le dernier esclave de Sasori devait avoir été occis, et s'il ne l'était pas, ce n'est pas comme si son aide aurait la moindre utilité. C'est pourquoi Akashiro reporta bien vite son attention sur le duo qu'il avait rejoint, après qu'il se soit éloigné tant des pantins de Sasori que de celui qui les combattait. Nonobstant ce-dernier, il se plongea dans le regard opalescent de royauté. Il lui semblait y voir le plan détaillé de tous les passages du château, et pourtant, tout paraissait si embrumé... Son esprit ne parvenait pas à retenir tous les détails, c'est pourquoi il s'acharna à mémoriser une voie, puis une deuxième en cas de problème. Elle avait également appréhendé le départ du Seigneur du Malin dont elle l'informa, nouvelle qui provoqua en lui un imperceptible, mais non moins insigne, decrescendo de volonté. Puis il disparut dans le véritable dédale que formaient ces passages subjacents.