De Castel, de princesse et de peines.

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Link

Héros du Temps

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Le ciel se zébra d'un violent éclair. L'Hylien ne put retenir un frisson, à l'entente de tout ce barouf que faisait l'orage. Il lui semblait presque distinguer le cri des cieux noirs déchirés par une lame bleutée dont la ligne brisée ne lui évoquait rien de connu. La pluie tombait drue ce soir là, trempant les deux comparses, s'infiltrant sous les tissus, glaçant même les os du blond. Ses cheveux se plaquaient sur ses tempes, poisseux de tant de pluie, tandis que ne claquaient ses dents uniquement que parce qu'il y faisait attention : un instant plus tôt, il s'était coupé la langue par inadvertance.

La tenue qu'il avait eu suite à son départ du désert n'était réellement pas des plus adaptées pour un climat pareil. Le froid le prenait de toute part, porté par le vent, lequel semblait ignorer ses vêtements pour s'attaquer immédiatement à son être. Il avait parfois l'impression que ces mêmes bourrasques qui accompagnaient la tempête ne jetaient sur son coeur que plus de doute, avant de le glacer aussi profondément que possible.

Au moins avaient-il pu entrer dans la citadelle avant que ne se rabatte cette immense planche de bois cloutée et maniable par des chaînes aux maillons plus imposants que les deux poings fermés du garçon. Le garde en charge de cette immense porte l'avait désignée comme un pont-levis, mais de toute évidence, il en fallait plus pour satisfaire la curiosité de l'exilé du Désert. Néanmoins, ceci semblait exaspérer quelque peu la rouquine qui l'avait pris sous son aile depuis l'Ouest jusqu'au Nord, en passant par le Sud (du désert, à la capitale, en passant par le lac), et celle-ci coupa court à la conversation des deux hommes de façon claire et net.


"F'rez mieux de pas rester trop l'temps dehors, les mioches." Avait-il ajouté, avant qu'ils ne s'apprêtent à partir. Il avait un faciès particulièrement triste aux yeux du gamin. Une oreille lui avait été arraché, son nez avait été brisé par trop de fois pour que l'on puisse compter, et bien qu'il n'en soit pas sûr, le jeune homme pensait qu'il lui manquait un oeil. Une vision particulièrement troublante, puisqu'elle le mettait mal à l'aise tant par l'horreur qu'elle était, que par la tristesse qui fuyait ce visage – à ses yeux, du moins –. « Eul' général Rusadir a instauré un couvre-feu. » Ajouta-t-il, avant que ne puisse s'insurger la Gérudo. Il ne pouvait en aucun cas le certifier, mais Link était persuadé que la jeune femme n'apprécierait pas du tout d'être qualifiée de mioche.

Il leur fit signe de déguerpir avec le bas de sa hampe, alors que le vent semblait accompagner le mouvement. De toute façon, ils n'auraient pu patienter plus long, l'homme du lac avait été clair : il devait se rendre au château et y rencontrer la Princesse. Parfois, sur le chemin, il s'était demandé qui elle était, ce à quoi elle ressemblait, si elle était gentille, ou au contraire tout à fait atroce, sans jamais parvenir à se faire une idée précise de ce qu'elle devait être. Sa rencontre serait donc une surprise. Une surprise qu'il appréhendait.

Faisant fi de la pluie, du vent et du froid (tout comme de la nuit tombée depuis long, et donc, au fond du couvre-feu imposé par ce général inconnu), ils avaient marché en direction du château. L'Hylien ignorait ce qu'était un couvre-feu, au juste, mais restait inquiet de croiser une patrouille : il avait comme l'impression, au vu de l'activisme particulièrement absent des rues, qu'ils n'étaient pas supposé être là. Pour autant, le voyage se déroula sans anicroches, et ils parvinrent à sortir de la ville, sans mal, pour pénétrer le Domaine Royal.

Si la route à travers la cité fortifiée avait été rendue aisée par le dallage, la route royale qu'ils se devaient dorénavant d'emprunter, s'était transformée en boue informe, sous cette pluie battante et ce ciel menaçant. A nouveau tonna la foudre, alors que s'insinuait la terre trempée et flasque entre les doigts de l'Hylien, tout juste protégés par des sandalettes de cuir. Le tissu lui collait à la peau, la mouillant d'autant plus, tandis que ses cheveux dégoulinant lui fouettaient le visage, et que les rafales le forçaient à grelotter, fort. Et doucement, la migraine le prenait.

Ses yeux croisèrent enfin, à la lueur de la lune et en dépit de sa tignasse blonde – quoiqu'atrocement sale, désormais tirant sur le châtain – le chatoiement de la lumière sur l'acier. Signe de vie, nul doute ! Ils touchaient enfin au but.


"Ce doit être le château dont parlait l'homme au lac !" Un petit sourire étirait ses lèvres, quand bien même était-il effrayé à l'idée de rencontrer la Princesse : après une semaine de marche, apercevoir enfin ce Castel qu'on lui avait défini comme un objectif était une bouffée d'air frais qui lui faisait comme un baume au coeur.


Llanistar van Rusadir


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(vide)

"Sale temps, hein ?"

Llanistar renifla d'agacement devant la vue de l'orage qui éclatait au dehors. Ces orages à répétition ne lui plaisaient décidément pas, quand bien même la saison s'y prêtait. Depuis le matin même, le ciel s'encombrait d'un sombre manteau rendant l'ambiance du bourg maussade et il avait plu dans l'après midi. Et voilà qu'à présent que la nuit tombait, le tonnerre grondait, furieusement. Le retour jusqu'au château promettait d'être joyeux tiens !
Le général sentit une goutte tomber sur sa main et fit signe à un de ses hommes de fermer le volet en bois. Il reporta son attention sur le marchand, un bonhomme à l'air antipathique et méprisant. Aussi chauve que maigre, son teint pâle avait de quoi rebuter n'importe qui mais Llanistar s'efforçait de ne pas laisser apparaître son dégoût. Cela lui faisait mal de se l'avouer mais il avait besoin de lui, comme de tous ceux qui avaient de quoi l'aider dans la guerre. Et cet homme qui vivait dans une ruelle sombre du bourg avait quelque chose que le nordique convoitait. Le zombie se pencha en arrière sur sa chaise, en décollant deux pieds du sol, avec un sourire malin que le général détestait. Il dit alors d'une voix aiguë et sifflotante :


"Bon, si on revenait à nos p'tites affaires ? Donc, vous voulez l'intégralité de mon stock actuel et sur les prochains mois pour l'effort de guerre ET m'obliger à ne vous fournir qu'à vous ? J'espère que vous avez de quoi payer..."

Le coeur de la négociation, le chantage. Cet enfoiré savait que Ganondorf était également intéressé et il escomptait bien se vendre au plus offrant, sans aucune considération pour la loyauté, le patriotisme. Si tous les hyliens étaient comme lui... Mais Llanistar n'était pas du genre à se laisser marcher sur les pieds. Lentement, il se pencha et offrit à la raclure en face de lui un sourire carnassier et menaçant.

"Moi j'espère que vous avez toutes les autorisations pour avoir monté ce commerce. J'espère que si j'ordonne une fouille, je ne trouverais que ce que vous déclarez au collecteur des taxes. J'espère enfin que je ne trouverais aucun signe d'un quelconque commerce entre l'armée de l'envahisseur et vous..."

Il se redressa et continua de fixer la fouine droit dans les yeux. Il savait user de la menace lorsqu'il le fallait et cet homme savait la percevoir. Il ne souriait plus et malgré son air vexé, le nordique savait qu'il lui avait fait peur. Il claqua des doigts et un soldat vint déposer sur la table un petit coffre à l'allure banale. Llanistar l'ouvrit et le tourna face au marchand. Ce dernier n'avait surement jamais vu une telle quantité de rubis. Le général avait du mal à se résoudre à le payer si cher mais il devait s'assurer de sa coopération.

"Je demande votre aide, votre discrétion, votre loyauté à la couronne. En échange, vous aurez droit à ceci tous les deux mois. Marché conclu ? La fouine hocha la tête et s'empressa de s'emparer du coffre. Bien. N'oubliez pas, si vous me trahissez, je saurais vous retrouver. Et le prix à payer sera lourd."

Llanistar se leva et, sans un signe pour la crapule qu'il venait d'acheter, se dirigea vers la sortie, aussitôt suivit de ses deux hommes. Il poussa la lourde porte en bois et hésita quelques instants, encore abrité par l'avancée du toit sur la rue, à sortir sous la pluie. Finalement, il murmura un juron et rejoignit les quatre autres soldats qui l'attendaient, gardant les chevaux. Le nordique avait dû se résoudre à ne plus sortir qu'escorté, étant donné sa renommée déjà grande. Car si beaucoup semblaient l'estimer, d'autres se seraient fait une joie de débarrasser Ganondorf d'un obstacle à sa réussite. Plutôt que de refuser en bloc cette précaution qui l'ennuyait mais restait nécessaire, il avait choisit avec soin ses gardes du corps. Ceux là s'étaient montré doués et fidèles. Or il aurait cruellement besoin de fidélité dans les moments les plus sombres. Sans perdre plus de temps, il monta à cheval et la troupe se dirigea vers le château. Il soupira de soulagement. Avec le cas de cette fouine réglait, c'était une tâche dont il n'avait plus à s'occuper. Cet vermine pouvait être méprisable, il était le seul fournisseur de missiles teigneux connu d'Hyrule. D'après la description qu'on lui avait donné de ces engins, ces derniers pouvaient se révéler destructeurs sur des édifices comme le rempart du bourg ou le château lui même. Mais bon, le problème était plutôt en voie de se régler.
Ils sortirent des ruelles et parvinrent à la place du marché, déserte. Seuls quelques chiens y traînaient encore à cette heure et ça n'était pas pour lui déplaire. Dés qu'il avait véritablement prit ses fonctions, une de ses premières mesures avaient été d'instaurer ce couvre feu dés la tombée de la nuit. Quelques citadins avaient râlé mais au final, la mesure avait été acceptée comme nécessaire. Et il paraissait qu'au village et au ranch, les habitants avaient de toute façon prit l'habitude de ne plus sortir la nuit. Au final, la mesure était peu dérangeante mais très rassurante. Ils dépassèrent une patrouille de soldats et les saluèrent rapidement avant de prendre la direction du château. Le chemin de terre était déjà devenu chemin de boue et Llanistar lança son cheval au trot, impatient d'arriver et de pouvoir profiter d'un bon feu...Et peut être de retrouver Orpheos. Mais soudain, il vit deux silhouettes seules sur la route. Pas d'uniformes et l'air éreinté, les épaules affaissées. Déjà agacé par la pluie, le nordique se sentait d'humeur méfiante et fonça se planter en travers de leur chemin. Anthem se cabra légèrement lorsqu'il dût freiner subitement sur de la boue mais l'effet devait être impressionnant. Quelques instants après, les six gardes du général entouraient les voyageurs. Llanistar leur demanda d'une voix grave et rude.


"Que font deux enfants sur la route du château à une heure pareille ? Répondez ! Il prit le temps d'observer les intrus. Une jeune fille, rousse et à la peau hâlée dont il dû admettre qu'elle était magnifique, bien que son regard fut trop sauvage à son gout. Et un jeune homme, blond, l'air épuisé et qui possédait de nombreux signes de blessures récentes... Link ?"

Trop étonné pour réagir, Llanistar attendit bêtement qu'il réponde, presque certain de vivre un rêve.


Tali N. Thorlak


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(vide)

    Elle avait mal aux pieds, froid jusqu’aux os, en plus d’être affamée et assoiffée. En fait, ce « bon » moment lui rappelait son séjour dans le désert, mais la chaleur étouffante des mers sablonneuses avait laissé place à l’un des pires orages accompagné de pluie torrentielle auquel elle avait fait fasse. Nettement, si on lui en donnait l’occasion, Tali préférait mourir de chaleur que de froid. Quoique ne pas mourir tout court était tout aussi agréable.

    Tali avait demandé son chemin à un gentil pêcheur : quelle surprise aurait-il en mettant les pieds au lac Hylia, avec les berges massacrées et ensanglantées. Accompagnée du blondinet, voilà quelques jours qu’ils marchaient, sans vraiment prendre le temps de s’arrêter, sauf pour manger quelques fois et reprendre des forces. Mais Link s’était montré aussi impatient qu’un petit enfant. Peut-être avait-il hâte d’aller au château ? De voir la princesse ? Si la jeune femme avait aussi éprouvé au début du trajet ce même genre de curiosité, maintenant, elle s’en foutait royalement : Tali espérait seulement que son altesse royale soit dotée d’un cœur assez grand pour pouvoir lui offrir un toit, des vêtements chauds et un bon repas. L’image d’un canard fumant accompagné de légumes grillés bien juteux décorés d’une sauce bien grasse vagabonda dans sa tête, sentant la salive s’amasser sous sa langue. Elle se désillusionna rapidement : comme ça, pas de surprise en arrivant au château. Lequel finit par se faire voir, au bout du chemin. Premières pierres, premières fortifications. D'ici quelques heures encore, sans doute à la tombée de la nuit, ils auraient rejoint le pont-levis. Et, à peine arrivée, ses yeux s'arrêtèrent sur le visage du soldat qui gardait la lourde porte de la cité fortifiée.

    Ah. Les mots qu’il employa ne passèrent pas dans l’oreille d’une sourde ! Elle avait levé les yeux vers le ce-dernier. Aussi terrible que son allure l’était, Tali n’aurait eu aucuns soucis à lui arranger encore plus la figure. Irritée, elle tapota l’épaule de Link, mais, étonné et curieux comme il était – c’était comme s’il redécouvrait le monde autour de lui – elle dut lui saisir le bras et continuer leur route. Et ce n’était certainement pas le bout de l’arme du garde qui la convainquit de déguerpir, mais bien sa raison. Elle en avait tout simplement par-dessus la tête de cet orage, de cette pluie, de cette faim. Sa langue rugueuse demandait de quoi boire.

    « Bonne soirée. » eut-elle tout de même la décence de lancer sans se retourner.

    La Gérudo traîna tant bien que mal son compagnon sur les sentiers dorénavant boueux qui, semblait-il, menaient à la demeure des Rois d'Hyrule. Elle releva vaguement la tête, chagrinée et dérangée par toute cette pluie, quand sur son flanc passa une escorte montée. Quelques soldats péteux, sûrement ?

    Encore un autre ? Par la déesse ! Elle savait son visage encore jeune, mais au point d’avoir l’air d’une enfant ? S’il vous plait ! Ces Hyliens étaient aveugles. Elle avait cette envie de les menacer – cette envie devait se refléter dans ses yeux cernés – mais voyant les armures des hommes, Tali s’était vite résignée : probablement des gardes, qui pourraient les emmener au château, qui se dessinait maladroitement à travers le mauvais temps.

    « En chair et en os. » souligna la rouquine, après avoir concerté tout le groupe d’un vif regard.

    Elle n’avait osé nommer et expliquer les péripéties du désert, ne sachant pas exactement quelle relation la Reine de la forteresse entretenait avec les autres ethnies d’Hyrule. Elle ne savait pas non plus si les Gérudo étaient la bienvenue, mais elle le saurait tôt ou tard : sa peau basanée et sa tignasse sienne la dénoncerait rapidement. Peut-être ne s’en étaient-ils tout simplement pas encore rendu compte à la noirceur.

    « Ce … Link, semble être un homme important pour vous, Hylien. Probablement que votre Princesse serait bienheureuse d’avoir des nouvelles de ce dernier. »

    Presque toutes les personnes qu’ils avaient rencontrées, Nabooru, l’homme du lac, ainsi que ce garde à la chevelure de jais, l’avait reconnu, avec ce ton dans la voix, comme s’ils y voyaient un mirage.


Link

Héros du Temps

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La pluie battait son plein, martelant son crâne de grosses gouttes froides et violentes. Il passa la main dans ses cheveux, pour les éloigner de ses yeux, avant de la poser comme une espèce de visière. Le vent venait de face, et les larmes des cieux qui leur tombaient dessus suivaient le vent, aussi sa dextre ne l'en protégeait pas. Il l'avait bien compris, et retira sa main, agacé par toute l'eau qui se déversait sur eux depuis un bon moment. Cela n'avait rien d'une petite averse, mais tenait réellement de l'orage puissant et implacable.

L'Hylien déporta sa tête sur la gauche (vers la Gérudo, donc) avant de s'arrêter subitement. Le bruit qu'il distinguait malgré le vacarme que provoquait la tempête ne le rassurait pas. Il attrapa la main de son compagne de route, et lui intima le silence en posant son doigt sur sa bouche.
Ses yeux se plissèrent, à mesure qu'il tachait d'identifier, tant par la vue que par l'ouïe, ce qui s'approchait en trombe d'eux. Il lâcha la main de la rousse, pour rebrousser légèrement chemin, de quelques pas, portant inconsciemment la main sur la hampe de son arme.

L'espace d'un instant, il fut victime d'un accès d'anxiété en voyant ce qui arrivait. Il crût distinguer des centaures. Six. Peut être sept, il n'était pas sur d'avoir bien vu. La main toujours crispée sur le fer, il recula à pas de loup, pour se rapprocher de Tali alors que ne les encerclaient les cavaliers.
Sa poigne s'était resserrée sur l'acier, son regard s'était fait plus dur, presque menaçant. Il fixait l'un des hommes montés d'un air mauvais, quoique celui-ci ne répliqua que par un large sourire malsain. L'alliage racla doucement contre le fourreau, tandis que voulait jaillir le fer.
Il n'en fit rien.

Une voix, forte et autoritaire, s'éleva dans son dos et dans la nuit. Au moins étaient-ils bien sur la route du Château, mais bloqués, à l'évidence. L'homme aux cheveux émeraude les avait envoyé dans un guet-append.
Le blond se retourna pour faire face à l'individu, nul doute qu'il s'agissait d'un homme (outre l'intonation de la voix, il n'y avait que des hommes parmi les cavaliers), qui s'était exprimé sur la question. Un nouvel éclair déchira le ciel, couvrant tout de son hurlement. C'est dans un éclat bleuté particulièrement brutal que le garçon découvrit le visage de leur interlocuteur.


«... Link ? » Lâcha ce dernier, avec sur le visage une espèce de masque d'émotions. Comme si elles avaient été peintes à même le faciès de cette personne dont il ignorait tout, mais qui semblait – elle encore – le connaître. De nouveau les questions brûlèrent les lèvres du miraculés. Et celle qui le torturait le plus était sans doute de savoir d'où lui venait une telle notoriété. Comment avait-il pu rencontrer tant de gens, à tant d'endroits différents, et surtout qu'avait-il fait pour que tous ai cet air de soulagement gravé sur la tête dès lors qu'ils l'apercevait..?

"Je.." Commença-t-il, avant d'être subitement coupé par la fière rouquine. Son regard se posa sur elle, relativement surpris qu'elle réponde à sa place. Les quelques piques qu'avaient descendu les soldats étaient remontées en même temps que n'était sorti son nom de la bouche de ce qui semblait être le capitaine.

Un homme important, hein ? Cela sonnait faux à ses oreilles, et comme pour le faire remarquer au monde entier, les cieux tonnèrent à nouveau. La lumière mortelle de la foudre illumina la nuit, tandis que vent et pluie travaillaient de concert à geler le faux-Kokiri. Il se sentait fiévreux, alors que ne claquaient en silence ses dents et que s'insinuait l'eau partout dans ses vêtements.
« Je ne sais si je suis l'individu que vous recherchez. » Reprit-il, après que son amie lui ai laissé la parole. Il s'arrangea tout de même une pause, afin ne pas se trancher la langue d'un coup de dent maladroit, et ses mains vinrent se croiser contre son torse, unique rempart contre le vent qui mordait ses os. « C'est ainsi que m'a nommé Nabooru l'Exaltée ; de même que l'homme aux cheveux verts. »

Soudainement accablé d'une culpabilité dont il ignorait partiellement l'origine – ne lui avait on pas dit qu'il était attendu depuis plus d'un mois et demi ? Nabooru ne lui avait-elle pas avoué s'être inquiétée pour lui..? –, Link baissa le regard, fixant ses chausses. Du moins.. Ses sandalettes débordante de boue autant que de peau. Il leva le pied gauche et le secoua légèrement d'avant en arrière pour mieux s'en débarrasser ; comme sans doute du remords et de la gêne qui, sans la moindre vergogne, s'emparaient de lui.

"Je souhaiterais en effet voir la Princesse. C'est pour cette raison que nous nous aventurons, elle et moi, (il désigna sa camarade d'un bref mouvement de tête.)par ce temps et cette heure sur la route du Château, sur conseil de ce même homme aux cheveux verts."

Tout en répondant à la question originelle de l'officier, l'Hylien avait relevé la tête, et décroisé les bras. Les faits étaient les faits, et tous les regrets du monde ne les changeraient pas. Ce qu'il fallait dorénavant faire, c'était reprendre sa vie en main, ce pour quoi il était tout particulièrement déterminé. Détermination qui perçait dans son regard, d'un bleu pur et glacial, transperçant les iris du Nordique.


Llanistar van Rusadir


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Que les dieux le foudroient sur place, Llanistar ne parvenait pas à en croire ses yeux. Cela faisait plusieurs semaines que le héros du temps était porté disparu, même mort par les plus pessimistes et le voilà qui réapparaissait, aux alentours du château, crotté et trempé, aux bras d'une gérudo. Tandis que ce dernier parlait, avec difficulté, le général la dévisagea avec attention. Etait elle une espionne de Ganondorf ? Si Link était, comme le nordique le soupçonnait, parfaitement amnésique, elle n'aurait aucun problème pour se faire passer pour une alliée. Mais il repensa à ce que le blond venait de dire. Nabooru les avait rencontré et elle n'aurait pas laissé le héros avec une fidèle de l'envahisseur. Il plissa les yeux et discerna de légers points de différence entre elle et les autres gérudos qu'il avait rencontré. Il aurait surement l'occasion de la questionner plus en détail plus tard. C'est alors qu'elle prit la parole, ce à quoi il ne s'attendait pas, d'un ton assez bravache, le ton de ceux qui n'ont peur de rien. Surtout pas des lames.

« Ce … Link, semble être un homme important pour vous, Hylien. Probablement que votre Princesse serait bienheureuse d’avoir des nouvelles de ce dernier. »

Ainsi elle ignorait également la situation. Une étrangère ? Il serait étrange qu'ils aient tous les deux perdus la mémoire. Non, elle ne devait pas être à Hyrule depuis longtemps. La meilleure preuve restait qu'elle l'appelait "Hylien" alors que ses oreilles n'étaient pas pointues...Et que ses dieux à lui le haïssaient. Il n'eut pas besoin de plus pour prendre sa décision. Cette femme avait raison, la princesse voudrait le voir sur le champ, sans perdre un instant.

"Je souhaiterais en effet voir la Princesse. C'est pour cette raison que nous nous aventurons, elle et moi, par ce temps et cette heure sur la route du Château, sur conseil de ce même homme aux cheveux verts."

Comme si il lui fallait se justifier, à présent qu'on l'avait reconnu. Au moins, son amnésie ne faisait aucun doute. Quelle pitié. Un grand enfant chargé de responsabilités aussi lourdes et finalement accablé d'un tel mal...Mais si quelqu'un pouvait l'aider, c'était sans conteste la princesse. Llanistar se rappela lorsqu'il avait osé la regarder mentalement et que cela l'avait presque rendu aveugle. Elle pourrait sans doute faire quelque chose.
D'un geste, il permit à ses hommes de se détendre. Il descendit de selle, décrocha son manteau, le passa autour des épaules de Link et ordonna à son lieutenant de faire de même pour la gérudo. Puis il fit signe à deux gardes de descendre et d'approcher. Calme dans ses gestes, d'une voix posée, il dit au héros.


- Quand bien même vous vous souviendriez de votre passé, vous ne me reconnaîtriez pas. Je n'étais qu'un étranger lors de notre dernière rencontre. Hallen et Ryder vont vous laisser leurs montures pour le reste de la route. Je vais vous conduire auprès de la princesse sur l'heure...

Llanistar fixa un instant le regard étrangement changé de Link, une main sur l'épaule du jeune homme. Il n'avait vraiment plus grand chose du Héros qui avait mené une armée dans le désert. Plus grand chose du meilleur combattant que le nordique avait jamais vu lors de son combat contre le spectre. Les dieux l'aident. Le général remonta en selle et s'avança sur le chemin, bientôt suivit par le reste de la troupe. La première grille s'ouvrit presque aussitôt sur lui et il contournèrent les jardins, approchant de la première enceinte. Il devina un certain étonnement chez les deux jeunes gens. Lorsqu'on a connu la grandeur des citadelles de Markand ou la magnificence du palais de cristal de Rheinnor, le château d'Hyrule paraissait modeste. Mais pour des Hyliens, il devait être sacrément impressionnant. Il résista à l'envie de parler avec le héros. Cette occasion viendrait en son temps et ce dernier avait l'air suffisamment perdu pour le moment. Le pont levis était abaissé lorsqu'ils y parvinrent et ils entrèrent dans la première cour, celle des écuries et du terrain d'entraînement, à présent utilisé par un certain nombre de ses recrues. Ils ne pouvaient continuer plus loin à cheval et durent mettre pied à terre mais n'eurent pas à s'inquiéter de leurs montures, dont des serviteurs vinrent s'occuper. Sans perdre de temps, ils passèrent la seconde enceinte et traversèrent rapidement les jardins pour finalement parvenir dans l'édifice principale. Sitôt que Llanistar passa la porte, un officier se porta à sa rencontre, l'air gêné et raide.

-Général ! Le sieur Cerscastel vous attends en salle de réunion. Il s'impatiente.

Le nordique se souvint que le vieux lui avait demandé un rapport de sa rencontre avec le marchant de missiles teigneux le plus tôt possible. Déjà que les négociations avaient duré plus longtemps que prévues, sa rencontre avec les deux arrivants l'avait d'autant plus retardé.

-Je m'y rend de ce pas. Lieutenant, je vous charge d'aller quérir la Princesse Zelda afin qu'elle daigne nous rejoindre en salle de ban. Une affaire d'une importance extrême. Allez !

L'officier hésita l'espace d'un instant, fut visiblement tenté d'observer les deux silhouettes inconnues derrière Llanistar puis il se rappela sa place et partit en courant. Le nordique fit signe à sa troupe de le suivre. Il traversa la bibliothèque, vide à cette heure et approcha du couloir qui menait à la salle de ban. Les gardes le saluèrent d'un bref signe de tête et ne lui barrèrent pas la route, signe qu'il était attendu. Peu de lieux l'impressionnaient dans ce château, le Kairn l'ayant habitué à la démesure lors de ses années à la cour...mais la salle de ban y parvenait. C'était une grande pièce qui ne comptaient rien de place qu'une immense table d'une pierre très étrange. D'un noir très profond et d'aspect aussi dur que les écailles d'un dragon, elle était gravée de runes qui réagissait à la moindre magie. D'après la légende, elle venait des âges anciens, de la plus violence éruption de la montagne du péril et possédait des propriétés surprenantes, en plus d'être un délice pour le regarde lorsque ses runes entrelacées s'illuminaient. Néanmoins, l'heure n'était pas à la contemplation. Lorsqu'il passa la porte, il entendit le vioque râler, comme un vieux ours mal léché.

- Enfin ! Je ne vous attendais plus Rusadir ! On peut dire que vous savez prendre votre temps, à défaut d'être efficace ! Si seulement vous...

-Il y a plus important que de me crier dessus, ser. Le coupa Llanistar. Il entra dans la pièce, fit signe à Link de le suivre et le désigna au vieux chevalier. L'arrivée d'un revenant par exemple.

Il aurait pu éclater de rire en voyant l'expression du vieux ours, si la situation n'avait pas été aussi sérieuse.


Tali N. Thorlak


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    Elle fut clairement surprise de la réaction de Link. Si un instant il semblait se noyer dans une tonne de questions à propos de son identité, le moment d’après il était tel un animal, prêt à se défendre contre n’importe qui ou n’importe quoi. Ces yeux étaient animés par une flamme quasi meurtrière. Pendant un temps, elle ne l’avait pas reconnu.
    Tali senti le regard que le commandant – il lui semblait l’être – lui jeta. En rien elle ne l’évita. Elle planta directement ses yeux dans les siens, redressant un peu les épaules. Un homme n’allait certainement pas lui faire détourner les yeux. Se serait montré un signe de faiblesse. Elle était Gérudo, avait traversé les mers, les terres ainsi que le désert aride au Nord. Il lui faudrait bien plus pour reculer devant un obstacle de chair et de sang pour accomplir ce qu’elle devait.

    Et la manière dont il s’était exprimé l‘avait toute aussi surprise. Plus de bégaiement et d’hésitation, comme si la vue de l’étranger aux cheveux noirs lui avait redonné une partie d’une gloire oubliée. Lorsque le nom de Nabooru fusa des lèvres de l’enfant blond, elle détourna la tête vers lui. D’un regard réprobateur, elle arqua un sourcil en sa direction, lui demandant gestuellement ce qui lui avait pris de nommer la Reine du Désert. Il ne fallait surtout pas la mettre dans de beaux draps. Elle en avait déjà bien beaucoup à gérer à la Forteresse.

    Mais leur hôte n’ajouta rien à son sujet : il descendit de son destrier pour venir couvrir les épaules du blond. L’atmosphère s’était soudainement détendue, malgré l’éclair qui zébra à nouveau le ciel. Elle renifla, bruyamment, en voyant un des soldats venir dans sa direction, manteau en main.

    Elle lui aurait arraché des mains, pressée de se couvrir le corps. Mais elle était une invitée, hors bien élevée, elle se comporterait comme sa mère et sa tante auraient voulu qu’elle agisse. À la maison, là-bas, très loin, elle se comportait comme une garce, alors qu’ici, elle tentait d’être courtoise. Bien difficile, elle qui avait toujours aimé enfreindre les lois. Une rebelle, qui maintenant, se rendait bien compte que son éducation pouvait lui être utile.

    Si elle croyait que le manteau de l’homme allait la réchauffer, elle eut l’effet la surprise du contraire, une fois l’étoffe posée sur ses épaules. Le vêtement était lourd, après tout et le tissu avait absorbé la pluie. La jeune femme avait beau le resserré sur ses épaules, rien à faire. Le froid la paralysait tout autant. Et une fois sur l’équidé, le vent ne fit que la gelée encore plus. Mais elle gardait tout ça pour elle. Ses plaintes, personnes ne voulaient les entendre. Et de quoi aurait-elle l’air ? Une pleurnicharde.

    Et le Château minuscule à l’horizon devint grand en moins de temps qu’il ne fallait le dire. Cet homme n’était pas tout simplement un commandant de la garde. Il semblait diriger tous ces hommes en uniformes, à l’extérieur ou à l’intérieur du château. Peu importe où elle relevait la tête, les personnes en guet les regardait, comme des enfants regardent une parade défiler dans la rue, sans l’excitation et la joie dans leur gestes et salutations. Elle débarqua du destrier, une tristesse dans l’âme : voilà longtemps qu’elle n’avait pas chevauchée sur une magnifique bête comme celle-ci. Sa dernière fois remontait à son escapade dans le désert, sur le dos du dromadaire qu’on lui avait « généreusement » donné. Malheureusement, la bête n’avait point survécu et Tali avait dû se nourrir de la chair de la bête pour survivre.

    Elle eut peu de temps pour caresser les naseaux du brave destrier que le groupe passait déjà la deuxième enceinte. L’architecture du château de l’impressionna guère. Le Palais d’Aslzey dans lequel elle avait grandi était situé sur une montagne en plein milieu du lac où les Gérudos s’étaient sédentarisés. Un château qui n’avait rien à voir avec les maisons de pierre construit à même les montagnes des habitantes. Une chute coulait juste en dessous du palais fait de pierre et de marbre. L’or et la tapisserie étaient es décorations maitresse du domaine. Oh ! Et il y avait aussi des jardins, fort semblable à ceux qu’ils venaient de passer, mais en plus coloré et plus exotiques. C’était d’une beauté à couper le souffle.

    Perdu dans ses souvenirs, Tali entendit les paroles de l’officier comme s’il était loin dans un rêve. Seul un mot fut clair comme de l’eau de roche : général. Elle ne s’était pas trompée au final. Un général faisait des rondes la nuit maintenant ? Ils entrèrent tous dans le Castel, d’abord traversant une bibliothèque, qui tapa dans l’œil de la rouquine. Sa curiosité venait de s’éveiller et l’envie d’éplucher tous les bouquins présents dans la pièce se fit sentir dans tous ses membres.

    Dans la salle suivante, seule une table aussi noir que la nuit en son sein. La jeune femme en fut bouche-bée. Elle s’avança vers celle-ci et laissa ses doigts y glisser, écoutant maladroitement le discours de deux hommes tout près. Quel objet mystérieux. Des signes semblaient y être gravés, et ce matériel ne lui disait absolument rien. Combien cette table valait, si jamais, au grand jamais, elle réussissait à la sortir de là ? Une petite fortune, non ? Mais avant de sortir un bojet comme tel, il faudrait d’abord qu’elle étudie les mouvements des gardes avant de déterminer quel chemin emprunté et … Tali réalisa. Elle réalisa qu’elle pensait comme une Gérudo. Une vraie voleuse ! Elle ne put s’empêcher d’étouffer un rire entre ses lèvres, et de sourire probablement comme une belle idiote aux yeux de ses hôtes. Elle sentit un soldat poser un regard confus sur elle. Rapidement, elle le darda du regard, fronçant les sourcils : il déporta son regard ailleurs.

    Puis, illumination. Elle soupira, en parcourant la pièce des yeux : il faudrait tout de même qu’elle trouve des indices sur la position de la Triforce et le château semblait être un endroit tout désigné pour conserver un objet de la sorte. Tali n’oubliait pas la tâche qui lui avait été incombé par la Reine d’Aslzey. Elle espérait encore retourner chez elle, probablement pour ramener l’impossible ou alors c’était pour que tous ceux qui c’était moquer d’elle puisse retourner dans prendre leur trou. Mais si elle rapportait vraiment la relique, il y aurait des conséquences … graves. Très sincèrement, elle ne savait plus ce qu’elle voulait vraiment faire.

    Elle n’avait point dit mot dès qu’elle avait mis les pieds au château. Elle assistait Link, rien de plus, rien de moins. Quoique si sa vie était en danger, elle n’hésiterait pas à lui porter secours, mais pas au périple de sa propre vie. Tali était l’ombre d’elle-même, elle tendait l’oreille et observait, cette architecture si différente de la sienne, les uniformes des gardes, leur armes. Elle calculait, tout et rien, oubliant même le facteur premier de sa visite en ces lieux : rencontrer la princesse.
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Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Impossible de trouver le sommeil. Elle se tournait et se retournait dans son lit sans succès. Elle aurait bien fait comme souvent lors de ses insomnies un petit tour à la bibliothèque, mais elle avait vraiment besoin de dormir, au moins un peu. Elle devait se forcer, malgré ses appréhensions à cauchemarder, une fois de plus. Qu’allait-elle voir cette fois ? Le Château attaqué et jonché de cadavres ? Le Village Cocorico, à feu et à sang ? Ou encore le corps de son meilleur ami retrouvé dans un sale état ? Il ne s’agissait pas de rêves prémonitoires, elle le sentait, et ils n’étaient jamais identiques d’une nuit à l’autre. Sans doute témoignaient-ils seulement de ses inquiétudes. Mais même s’ils étaient tout ce qu’il y a de plus banal, ils ne la choquaient pas moins pour autant.

Elle sursauta lorsque quelques coups furent frappés à la porte. Elle n’avait pas eu le temps de rêver, sans doute venait-elle à peine de s’assoupir. Elle se releva péniblement et se frotta les yeux, l’esprit encore brumeux. À peine quelques secondes et les coups retentissaient à nouveau. Son cœur se mit à battre plus fort. Pour qu’on la réveille en pleine nuit, et qu’on insiste autant, il devait se passer quelque chose de grave. Elle sauta hors du lit et se pressa d’aller ouvrir la porte. Le lieutenant à la porte confirma ses craintes en lui expliquant que le nouveau général souhaitait la voir de toute urgence dans la salle de ban. Au moins n’avait-il pas l’air d’être question d’attaque sur le château, mais l’homme ne put rien lui dire sur la raison d’une convocation si tardive. Folle d’inquiétude, elle ne prit pas le temps de se changer, elle se hâta en robe de nuit aux côtés du lieutenant, courant presque dans les couloirs et dévalant les escaliers.

Enfin, enfin elle arriva, et passa la porte qui menait à la salle. Là toutefois, elle se figea sur place, son cœur loin de ralentir sa cadence. C’était bien loin de la mauvaise nouvelle à laquelle elle s’était attendue, mais elle n’osait pas en croire ses yeux. Elle n’avait qu’à peine aperçu que Cerscastel et Llanistar attendaient également dans la salle, ainsi qu’une jeune femme rousse qu’elle ne connaissait pas, son regard était braqué sur un jeune homme qu’elle aurait reconnu entre milles. Il était difficile de croire qu’il s’était écoulé à peine quelques mois depuis la dernière fois qu’elle l’avait vu. Complètement trempé, bien plus mince qu’il ne l’était déjà, le teint plus basané, il semblait fatigué, et avait aussi abandonné sa tunique habituelle pour d’autres vêtements. Qu’importe, elle sut dès que son regard se posa pour lui.

Elle aurait pu prendre le temps de se questionner sur le fait de le voir en vie, si proche d’elle, alors que le fragment de la Sagesse ne réagissait toujours pas, elle aurait pu aussi s’attacher au protocole, sachant qu’ils n’étaient pas seuls, et l’interroger sur ce qui lui était arrivé, avec la distance que veut la bonne éducation qu’elle avait reçue. Mais elle ne fit rien de cela. En un instant, elle s’était avancée dans la pièce jusqu’à lui, et elle se jetait dans ses bras. Peu l’importaient les gens autour, il lui avait tant manqué… Serrant fermement le jeune homme contre elle, elle se mit à murmurer de façon sans doute audible à peine pour lui.

« Link… Louées soient les Déesses… Je savais que tu ne pouvais pas être mort… Je le savais… »

Elle avait eu si peur de l’avoir perdu. Elle s’était sentie tellement responsable… Toujours, depuis son enfance, il avait été là quand elle avait eu besoin d’aide, là où personne d’autre ne la croyait. Son Courage la rassurait. Sa Détermination la renforçait. En nul autre elle n’aurait jamais autant confiance qu’en lui. Depuis quand n’avait-elle plus été aussi sereine qu’en l’instant présent, blottie dans les bras de son ami ? Quelques secondes, elle se permettait d’oublier tout le reste.

Mais elle fut bien forcée de revenir à la réalité et d’admettre qu’il était bel et bien trempé, lorsqu’elle sentit sa robe, devenue humide elle aussi, coller contre sa peau. Bien loin d’avoir froid toutefois, elle sentait son corps réchauffé agréablement par celui du jeune homme, dont la proximité, loin d’être correcte, lui donnait pourtant pour seule envie de resserrer son étreinte. Avait-elle toujours peur qu’il disparaisse ? Elle raffermit sa prise, se collant à lui, de peur qu’il ne s’agisse que d’un rêve, de peur aussi, sans doute, de perdre ce contact apaisant.

C’est à contrecœur qu’elle se résigna à s’éloigner légèrement du jeune homme pour s’adresser aux autres personnes présentes, elle n’osa d’ailleurs pas s’éloigner de trop, gênée d’exposer trop aux occupants de la pièce sa robe à présent trempée et espérant qu’il suffirait, avec l’aide de l’obscurité, à la cacher aux regards. Bien qu’il soit peu convenable de procéder ainsi, sa tenue l’était encore moins, et les circonstances, en plein milieu de la nuit, lui paraissaient bien peu officielles.

« Je … Veuillez excuser mon manque de tenue. Je gage que vous pourrez comprendre que l’occasion est exceptionnelle. Je vous remercie de tout cœur de l’avoir ramené. Je souhaiterais m’entretenir un instant seule avec lui, mais je pourrai vous voir plus tard, pour discuter de tout cela. »

Elle l’apprendrait assez tôt, mais elle ne connaissait pas encore le rôle joué par chacun, aussi s’était-elle adressée à l’assemblée complète. Elle accorderait une entrevue à qui le souhaiterait, mais elle avait besoin de prendre des nouvelles de Link, et voulait pouvoir lui parler sans détours. Elle remarqua tout de même que, n’ayant jamais vu la jeune femme rousse au château, celle-ci ne saurait peut-être pas où aller, elle s’adressa donc tout spécialement à elle pour l’inviter à rester.

« Il est déjà tard, et vous êtes notre invitée. Faites ici comme chez vous, et restez tant que vous le voudrez, on vous fera préparer une chambre. »

Elle était prête à accueillir à bras ouverts toute personne ayant participé à ramener Link jusqu’à elle. Une fois ces déclarations faites, elle tira ce dernier à l’extérieur de la pièce, pour le mener ensuite à ses appartements. Le lieu n’avait rien d’officiel, et n’était sans doute pas le plus indiqué, mais il lui permettrait de passer quelque chose par-dessus sa robe de nuit, et elle était sûre d’y trouver de quoi sécher Link, sans compter un bon feu crépitant. Elle savait qu’elle n’avait pas à s’embarrasser des convenances avec lui. Elle avait toujours aimé sa spontanéité. Elle n’avait jamais eu peur d’en faire preuve avec lui.

Une fois arrivée à destination, elle remarqua toutefois que quelque chose clochait. C’était bien lui, elle le sentait, et il n’avait pas vraiment changé, mais il lui semblait perdu, et il n’avait pas prononcé un mot depuis qu’elle l’avait retrouvé. Elle commençait doucement à se poser des questions, à présent inquiète qu’il puisse avoir gardé des séquelles.

« Link … Tout va bien … ? »


Link

Héros du Temps

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(vide)

On lui agrafa sur les épaules quelque vêtement autrement plus lourd que les tissus qu'il portait depuis qu'il avait rencontré Nabooru l'Exalté. La cape était lourde – imbibée d'eau – et désagréable. Le filage était grossier, fait pour résister aux intempéries de la sorte, pas pour assurer le confort de quiconque la portait. Sans doute tenait elle au sec les gens pour peu qu'ils ne soient pas déjà trempés avant de l'enfiler. Cependant, l'Hylien ne s'autorisa pas de commentaires, et se contenta d'un merci de la tête. Il lui semblait que l'eau s'infiltrait jusqu'au plus profond des eaux, tant la pluie était insistante. Comme si... Comme si elle le perçait, creusait un véritable sillon au sein de son être, et laissait la marque de son passage.

On lui amena cette chose qu'il avait d'abord cru être un centaure. L'image lui était venue d'être mi cheval-mi homme, galopant dans des landes, arc au poing et flèche contre la joue. Des cavaliers émérites, des archers précis, des guerriers dangereux. Efficace. Des êtres du passés, voir n'ayant jamais existé.
Ses yeux se posèrent sur l'animal. Un regard qui restait relativement dur, mais qui tendait à s'apaiser à mesure qu'il redécouvrait les formes de la bête. A l'évidence, puissant – plus qu'un homme – rapide, fier. La main du gamin se porta à la tête du cheval, devant ses naseaux, sans pour autant se permettre de l'y apposer. Son autre main ; la gauche ; tenait le vêtement du Capitaine fermement sur ses épaules. L'équidé expira, avant de lever la patte, légèrement nerveux, impétueux. Non pas que le blond l'effrayait, mais bien parce qu'il n'était pas le genre à se laisser dompter. Il posa sa main droite sur la tête de l'animal, affectueux, interprétant ce signe comme une invitation. La scène n'avait pas duré plus de quelques secondes et pourtant il lui avait semblé qu'il connaissait le cheval mieux que quiconque n'aurait jamais pu le faire. Et tout ce qui lui semblait si étrange quelques secondes auparavant encore lui devint naturel. Il sut ce qu'il devait faire. Avant même qu'il ne lui commande, sa jambe se porta à l'étrier et il enjamba l'animal.

Chevaucher lui semblait être qu'il faisait depuis son plus jeune âge, tant et si bien qu'il n'avait pas la moindre attention à prêter à la chose. C'était aussi naturel que de respirer, presque une seconde nature. Peut être avait-il été centaure, lui aussi ?
Ses yeux pouvaient néanmoins s'adonner à la contemplation de ce fameux Château dont avait parlé l'homme à la coiffe émeraude. Les arches de pierre grise et blanche laissaient voir d'importantes portes à doubles battants qui surplombaient la petite troupe de toute leur hauteur. Les bâtiments étaient imposants, au point de se sentir réduit à l'état de chose insignifiante. Peut être n'était-ce pas le cas pour les hommes (et la femme..!) qui l'accompagnaient, mais l'Hylien avait cette sensation étrange de n'être rien qu'un point miniature dans une histoire ou tout était broyé par les rouages sans pitié du temps. Tout. Tout sauf... Sauf des marques impérissables du génie humain. Sans doute l'aurait-on trouvé bien prétentieux s'il avait exprimé sa pensée à haute voix et hissé le Castel-Royal de la dynastie Hylienne au rang d'oeuvre de génie, mais il lui semblait que de la bâtisse émanait quelque puissance ancestrale, comme si l'on avait su l'habiter d'une force éternelle, implacable. Que quoiqu'il arrive ces lieux resterait témoins de cette action qu'il ne pouvait définir, et qu'en réalité il ne pouvait aller jusqu'à imaginer. Bien trop vaste pour être vue en entière par un oeil humain ; et qui plus est sans recul.

Ils pénétrèrent, passant ces portes sans qu'aucun ne semble réaliser ce dont le garçon ne pouvait que percevoir une infime partie. Il garda ses impressions pour lui, alors qu'il envahissait la première cour de la demeure Régine. Le capitaine démonta, ses hommes en firent de même, et l'enfant des bois en fit de même, non sans continuer de s'intriguer de ce phénomène, ressenti étrange. Il était à l'évidence venu ici. Avant que ne soient posées les premières pierres, avant que ne soit érigées les premières forteresses. Du moins... Les forteresses que l'oeil peut discerner. Il n'arrivait cependant pas à distinguer quand, et quelle était l'apparence de ces lieux. En réalité tout cela ne tenait qu'à une impression si ténue qu'il ne craignait de la perdre à tout instant. Raccroché à ce fil qui représentait quelque chose qui lui resterait vraisemblablement interdit – pour jamais.

Les deux billes de glaces qu'étaient ses yeux parcourait les murs d'enceintes autour de lui. Il était avide de connaissances, désireux de connaître cette histoire toute particulière qu'il devinait, qu'il touchait presque du doigt avant qu'elle ne se dérobe à lui.
Ses pensées s'arrêtèrent net. Un homme l'observait (du moins, son profil) avant que ne claque, sèche et autoritaire, la voix de celui qu'il savait être un Général dorénavant, information capitale quand on ne savait pas ce qu'était un Général, à la vérité. Il arqua le sourcil, l'homme prit à peine le temps de penser et s'en alla. Quand à ce fameux Général, il lui fit signe de s'avancer, et les guida, Tali et lui même, à travers le Château. Une fois à l'intérieur, l'Hylien se sentit comme prisonnier. Une impression particulièrement désagréable le prit. Il lui semblait être captif d'une entité à l'ire millénaire, et comme fouillé ; inspecté dans les moindres recoins. Il ne parvenait pas à identifier quoique ce soit, mais il se savait observé, analysé. Des tentacules visqueuses (et inexistantes) s'enroulaient autour de lui, le freinaient dans ses mouvements. Il se sentait gourd.

La salle de Ban accentua son malaise. La table était immense, et les inscriptions ne lui semblaient pas si méconnues. Sans être pour autant compréhensibles, cela va de soi. A mesure qu'il avançait au sein de cette demeure, il se mettait à ne plus pouvoir la supporter. D'une part cette impression de savoir sans pouvoir se rappeler le moindre détail, d'autre part cette violence qui lui était faite l'écrasait. Link en manquait presque d'air. L'emprise qui se faisait sur lui se resserra, il abattit sur ses paupières deux voiles impénétrables, espérant échapper à la vue du bloc de pierre noire.

Il chancela.

Voix sinistres aux mélodies reptiliennes. Des mots étaient susurrés à son oreille et raisonnaient dans sa tête sans qu'il puisse en saisir le sens. D'abord de faible intensité, les voix gagnèrent en puissance, violentes, agressives. Il ne comprenait sans doute pas les mots, mais il en percevait la menace, tandis que sous ses yeux clos l'obscur se faisait, implacable. Les sifflements sournois ne cessèrent pas au sein de son crâne alors même qu'il se sentait gagné par une engeance noire et malveillante. Les écailles de l'animal compressaient sa cage thoracique, l'englobant doucement mais sûrement, le portant dans l'Ombre sans qu'il ne puisse rien faire sinon paniquer. Le volume des deux voix qui se mêlaient l'une à l'autre à la fois douces est violentes lui vrillait les tympans. Il n'hurlait pas uniquement parce que sa bouche était obstruée par un des flancs de l'animal. Chaos total. Douleur, et colère fusionnées pour créer ce monstre. Humiliation. Il ne parvenait pas à distinguer, les cris des deux entités malsaines couvraient tout.
Et le silence fut.

Une troisième remplaça les deux autres, plus calme, quoique gorgée d'inquiétude, mais dont la douceur n'avait rien de comparable à la fourbe séduction qu'exerçaient les chassées. Lentement refoulait le serpent qui l'écrasait, sans se presser descendait sa crainte, tandis qu'il se sentait presque lavé de toute cette noirceur qui le colorait auparavant. Ses yeux se rouvrirent, toujours craintif face à ce qu'il allait rencontrer, pour découvrir une jeune femme qui s'était jetée à son cou. Combien de temps tout cela avait duré ? Impossible à dire. Mais cette oppression s'éloignait de lui, comme effrayée par la lumière et la chaleur que dégageait la Dame. Il referma ses bras sur elle.

Sa voix retentit à nouveau, chaleureuse, aimante. Il connaissait cette voix. « Hylia ! » Cria son esprit. Il ne savait pas à quoi correspondait ce nom, mais d'office il l'avait attribué à la Femme-qui-repoussait-le-mal.
« Hylia. » Reprit-il dans un murmure. La sonorité du mot l'apaisait. Il sentait son souffle dans son cou, chaud, tranquillisant. Une impression de sécurité le gagnait.

Elle s'éloigna de lui, et il laissa faire. Il la laissa de même s'exprimer, gardant le silence, sans comprendre pourquoi elle s'excusait réellement. Et quand sa main vint saisir la sienne, il la serra si fort qu'il pouvait, inquiet de perdre ce contact qui le rattachait au monde de la Lumière. Elle était devenue son ancre, la seule à pouvoir lui éviter une perdition totale et fatale.

Elle le guida, encore une fois, au travers des marches d'un escalier étroit sans que ne resurgisse les serpents d'auparavant. Il se sentait toujours divisé, cependant comme lorsqu'il avait rencontré l'animal au lac (ce fameux loup géant), il était apaisé. Même ce sentiment là tendait à disparaître en la présence de cette jeune femme. Elle referma la porte derrière lui, tandis que dans l'âtre crépitait le bois léché par les flammes. Une douce chaleur avait gagné la pièce bien avant qu'ils n'entrent.


"Je.. Sans doute. Je crois oui." Distrait. Son regard avait été accroché par un objet de forme ovale, et d'un bleu légèrement plus foncé que le ciel, brillant comme s'il était vernis. Il lévitait, au dessus d'un bureau, paresseusement. Protégé d'une sphère d'un bleu translucide qui intrigua particulièrement le jeune homme. Sachant son ’gardien’ dans son dos, il s'approcha de l'objet, presque timidement, avant de tapoter du doigt sur la sphère. A sa grande surprise, celle-ci se brisa. Craignant pour cette chose, et sans s'attendre à réaliser pareille action, sa main plongea, attrapant au vol ce qu'il apprendrait être l'un des biens les plus précieux de la famille royale.

"Qu'est-ce... Qu'est-ce donc que cela..?" S'enquit-il, réellement perplexe devant l'Ocarina du Temps. Mais si sa mémoire avait fuit son crâne, le souvenir ne quittait pas ses doigts si facilement. D'instinct, il sut les placer, et porta le bec à sa bouche.

L'air s'emplit de quelques notes. Et raisonna un chant oubliée.


Llanistar van Rusadir


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(vide)

Cerscastel avait à peine eu le temps de bredouiller quelques mots que jaillissait dans la pièce une princesse Zelda méconnaissable de relâchement. En un éclair et sans accorder à ses servants un seul regard, elle se jeta dans les bras du héros du temps et l'étreignait avec une ardeur que Llanistar ne lui connaissait pas....Et le vieux chevalier non plus apparemment. Le général s'approcha de son aîné et lui susurra quelques mots sur sa mission au bourg. Un rapport détaillé pourrait attendre mais le nordique se faisait un devoir de détourner l'attention du vieillard qui rougissait de gêne sous sa barbe. Zelda devait l'avoir habitué à plus de retenue mais la situation ne choquait véritablement personne. C'était avec une pointe d'amusement et de soulagement que le dernier des Rusadir observait la scène, conscient que la souveraine avait été très marquée par la disparition du jeune homme. C'était surement ces retrouvailles qui lui donneraient la force de tenir les temps à venir. En revanche, Link paraissait assez mal en point, et ce depuis son entrée au château. Etrange car il n'avait pas semblé apprécier les pluies diluviennes qui tombaient au dehors et pourtant le fait d'être enfermé entre quatre murs l'affectait visiblement. Le nordique entendit finalement un mot quitter ses lèvres, prononcé faiblement.

« Hylia. »

Hylia ?...Hyrule ? Cela sonnait comme un nom, un nom peu éloigné de celui de la famille royale de ce pays mais Llanistar ne l'avait jamais entendu prononcé. Visiblement Cerscastel ne l'avait pas entendu et ne serait de toute façon pas en état de lui répondre. Le vieux chevalier restait plutôt figé, dans une expression qui faisait sourire le général. Mais la princesse finit par desserrer son étreinte et à s'éloigner du jeune homme, consciente du peu de retenue dont elle avait fait preuve, tout en sachant que personne dans cette salle ne lui en tiendrait rigueur. Même le vioque ne semblait pas s'en offusquer. Il passait ses journées à la voir abattue. Un sourire sur ce visage devait lui réchauffer le coeur. Le nordique remarqua du coin de l'oeil que la main de Link ne quitta pas celle de Zelda. Leur prise se raffermit même. Cela pouvait être troublant, mais ne le regardait en rien. Il se contenta de la saluer avant qu'elle ne prenne la parole.

« Je … Veuillez excuser mon manque de tenue. Je gage que vous pourrez comprendre que l’occasion est exceptionnelle. Je vous remercie de tout cœur de l’avoir ramené. Je souhaiterais m’entretenir un instant seule avec lui, mais je pourrai vous voir plus tard, pour discuter de tout cela. »

Un sourire entendu de sa part et elle se reporta sur la jeune femme Gérudo, toujours plantée là, et que Llanistar avait surprit en train de fixer la grande table noire avec des airs de convoitise. Le général avait faillit pouffer, lui souhaitant bien du courage si elle désirait s'en emparer. Les mestres du château se creusaient la tête pour savoir comment une pierre si lourde et dure avait elle pu être taillée puis amenée là, au sein de la citadelle. Sans doute un seul morceau pouvait il se revendre cher, encore faudrait il l'arracher au bloc entier. Lorsque la princesse prononça une invitation courtoise pour la jeune inconnue, Llanistar s'approcha derrière cette dernière et assura d'une voix claire.

« Je vais m'assurer que mademoiselle profite d'un bon repas et d'une chambre confortable. Ne vous en faites pas. »

Et lorsque la princesse et son héros s'en furent allé en courant presque dans les couloirs du château en direction des appartements royaux, le nordique plaça un bras derrière le dos de la gérudo pour l'inciter à le suivre tandis qu'il poursuivait, plus posément et avec une certaine malice dans la voix et le sourire.

« Certaines questions méritent des réponses. Me suivrez vous ? »

Question purement rhétorique, la gérudo ne pouvant pas réellement refuser une offre assez généreuse d'hospitalité. Malgré le fait que Link appréciait visiblement sa compagne de voyage, Llanistar ne pouvait s'empêcher de voir en elle une gérudo et donc une potentielle servante de Ganondorf...Et assez séduisante pour être une arme redoutable. Un repas à deux serait l'occasion parfaite d'en savoir un peu plus sur cette inconnue si mystérieuse et de confirmer ou d'apaiser ses soupçons. La salle de banquet serait vide mais les cuisines ne dormaient jamais totalement et se faire servir était simple pour un général, même à une heure tardive.


Tali N. Thorlak


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(vide)

    La réaction de la Princesse ne surprit point la jeune femme qui, d’un regard discret, observait la scène en toute quiétude. Cette accolade entre Link et la Princesse lui sembla plus qu’amical. Étaient-ils amant ? Petit fluet comme il était, il avait une amante ? Hey bien, fort étonnant, et amusant ! Elle ne put s’empêcher d’esquisser un sourire en coin qui en disait long. Cependant, la table noire lui était beaucoup plus intéressante. Une Princesse faisait ce qu’elle voulait, quand elle voulait. Il n’y avait pas de mal l’aise là. Link murmura un nom, qui sonna doucement aux oreilles de la rouquine. En fait, il la fit tilter. Encore un nom qu’elle avait lu. Une Déesse, il lui semblait, mais les écritures qui suivaient étaient beaucoup trop vieilles et abîmées pour qu’elle puisse en retirées des informations vitales.

    Lorsque la Reine s’adressa à elle, Tali fit un volte-face d’une folle vitesse. Elle s’inclina légèrement, sans un sourire. Elle semblait être e marbre, mais c’était tout le contraire. Enfin pourrait-elle se réchauffer et profiter des biens que la jeune femme blonde mettrait à sa disposition. Pas que les biens qu’elle possédait à Aslzey lui manquait mais … oui … oui, son grand lit douillet et ses oreilles en plumes d’oies lui manquaient grandement. Si parfois la Gérudo préférait le sol, elle y dormait beaucoup trop souvent ces derniers jours.

    En se relevant, elle expira, quelque part soulagée du dénouement.

    « Merci, Majesté. » enchaîna-t-elle sur un ton de voix tout aussi posé que celui employé avec l’homme à la cascade de jais. D’ailleurs ses yeux se jetèrent sur lui. Elle remarqua soudainement qu’il avait une main gantée. Étrange, il pouvait très bien l'enlever, maintenant que les murs du château leur conféraient chaleur et quiétude. Elle fronça les sourcils, ce demandant pourquoi cet élément ne lui était pas apparu plus tôt. Elle eut l’impression qu’il avait tout vu de ce regard observateur et critiqueur : le général s’était en peu de temps, glissée derrière elle, assurant qu’il prendrait soin d’elle.

    « Vous êtes beaucoup trop aimable. » enchaîna-t-elle, sur un ton doucement railleur, sans se retourner. La Princesse s’en était allée avec son preux chevalier, laissant les gens dans la salle de Ban retourner à leur occupation nocturne. L’homme aux cheveux de jais incita la rouquine à le suivre d’un simple contact. Des questions ? Tali avait arqué un sourcil, les yeux rivés vers le général, se laissant emporter par la cadence de ce dernier. Ses yeux se sentir dénudé, le toucher de la table noire étant devenue quasi naturel comme une entité faisant partie d'elle le temps des évènements. Elle ne put cacher le léger rire moqueur que la question avait soulevé.

    « Comme si j’avais le choix, n’est-ce pas ? »

    Elle renifla. Elle espérait au moins que la séance d’interrogation ce ferait devant un bon repas et qu’elle aurait l’occasion de changer de vêtement. Ce serait bien dommage que l’invitée du Castel tombe malade à cause de ce petit désagrément. Ils passèrent tous d’un l’une des grandes portes dont Tali ignorait tout bonnement ce qui se trouvait derrière.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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Zelda commençait doucement à s’inquiéter pour son ami. Il avait un air comme absent, elle le sentait à la fois proche et distant sans pour autant réussir à en comprendre la raison. Il semblait pourtant en bonne santé, du moins elle avait eu peur de le trouver plus blessé, comme il l’était dans les scénarios catastrophes qu’elle ne pouvait s’empêcher de rêver ou d’imaginer lorsqu’elle s’inquiétait. Mais quelque chose clochait. Il était faux en réalité de dire qu’il n’avait encore prononcé aucun mot. Lorsqu’il était dans ses bras elle l’avait entendu murmurer le nom d’« Hylia ». Comme le Lac, ou cette ancienne Déesse, absente du culte des Trois mais présente dans de vieux livres de légendes. Elle n’avait pas compris, et elle avait mis ça sur le compte de l’émotion mais il était probable qu’il s’agisse d’autre chose.

Elle remarqua toutefois qu’il avait l’air distrait par un objet en particulier et s’écarta pour le laisser s’en approcher, sans toutefois cesser de l’observer. Pourquoi semblait-il si hésitant et timide ? Cet objet, s’il était plus qu’une simple possession, lui avait pourtant appartenu par le passé. La tradition voulait que sa place soit entre les mains de la Famille Royale, et il était peut-être plus en sûreté au Château tant qu’on n’avait pas besoin de l’utiliser, mais malgré cela, elle le lui avait plusieurs fois confié, notamment lorsqu’à son grand regret il avait exprimé le souhait de quitter Hyrule. Elle regarda le jeune homme taper quelques coups sur la protection magique qui se brisa en éclat. Cette dernière n’avait pas été prévue contre lui, bien au contraire. Elle l’avait modelée de sorte qu’elle repousse le mal et protège le trésor de la Famille Royale, mais que dans l’éventualité où il lui arriverait quelque chose, Link soit en mesure de le récupérer. C’est donc tout naturellement que l’objet lui fut rendu accessible.

Son étonnement et ses craintes furent confirmés lorsqu’il lui demanda de quoi il s’agissait. Il aurait dû le savoir et ne pouvait avoir oublié… Encore moins en à peine quelques mois. Avait-il perdu la mémoire ? C’était une possibilité, les Déesses seules savaient ce qu’il avait traversé… Cela pouvait être dû à la magie ou à un choc, et pouvait en partie expliquer qu’il ne soit pas revenu seul au château plus tôt. Mais qu’avait-il bien pu subir pour en arriver là … ? Que s’était-il passé après que sa trace ait été perdue … ?

« Link … ? »

Elle avait beau être heureuse de l’avoir retrouvé, et surtout qu’il soit vivant en bonne santé, elle ne put s’empêcher de ressentir un peu de peine. Tout ce qu’ils avaient partagé lui était-il étranger à présent ? Il ne devait même pas l’avoir reconnue. Voilà pourquoi il lui semblait absent et perdu. Allait-il retrouver sa mémoire ? Elle ferait tout pour ça. Consciente que ce n’était en rien la faute du jeune homme, et qu’il avait besoin de son soutien plus que de son chagrin, elle cacha du mieux qu’elle put sa peine, pour achever de lui répondre.

« Link… As-tu perdu la mémoire ? Il s’agit de l’Ocarina du Temps, c’est… »

Mais elle n’eut pas le temps de terminer ses explications que le jeune homme avait déjà porté l’instrument à ses lèvres. Son corps, lui, semblait très bien se souvenir quoi faire avec l’ocarina et comment en jouer. Il n’y eut pas une fausse note. Surprise, elle écouta un instant la douce mélodie qu’il répandait à présent dans la pièce.

* La musique n’est-elle pas le langage le plus universel ? Qu’attends-tu pour lui répondre ? *

C’était vrai. Peut-être Link essayait-il de transmettre quelque chose par la musique, et même dans le cas contraire, jouer pouvait rétablir un lien entre eux. Elle alla fouiller dans ses affaires pour récupérer la lyre qui s’y trouvait, et lui appartenait, sans lui appartenir complètement. Mais elle savait qu’elle lui était prêtée de bon cœur. Sachant tout autant que son alter-ego en jouer, elle pinça les cordes et se mit à suivre la musique jouée par son ami.


Link

Héros du Temps

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(vide)

Ses doigts se fermèrent sur l'instrument, peu après qu'il eut soufflé les premières notes. Il avait l'étrange sensation d'ignorer quelque chose que son corps reconnaissait sans le moindre mal. La peste que cette amnésie..! Son esprit restait clos à ce à quoi son corps parvenait à s'ouvrir. Il était... Il était comme étranger, enfermé dans une prison de chair qui ne semblait plus être la sienne.
La musique reprit sans qu'il n'en fusse l'origine. Ses yeux saphir quittèrent l'Ocarina d'un bleu couleur ciel pour se porter sur la jeune femme qui sortait une lyre, et bien que l'instrument aurait du accaparer toute son attention, il ne put dévier le regard du visage de la Princesse. De longues cascades d'Or venaient encadrer deux yeux d'un bleu qu'il ne pouvait que deviner des plus purs. Un teint pale mais encore un peu rosé, un nez fin ; discret mais pas absent, des lèvres tout en finesse elles aussi, sans doute plus appuyées quand le désirait la dame. Il ne pouvait que la trouver belle, et être frappé par cette beauté. Elle était belle, indéniablement, et lui sous le charme.

Il laissa aussi la musique l'envoûter un moment, et se prît à espérer que cet instant dure une éternité. C'est sans même réaliser qu'il porta à ses lèvres le bec du trésor de la famille Royale, et rejoignit la dernière représentante.
Sept uniques notes lui vinrent, en boucle, accompagnant la lyre. Un Ré, suivit d'un Si. Une nouvelle fois.

Sans qu'il puisse le justifier, devant ses yeux fermés se dessinait timidement une bulle d'eau claire dans laquelle semblait dormir en position foetale un homme blond de cheveux et à l'oreille percée d'un anneau. Entièrement nu, il était frappé d'un sommeil profond, sans rêves ni tourment, et malgré un corps d'adulte y transpirait une sérénité d'enfant.
Les notes se succédèrent, et la sphère aquatique comme l'homme laissèrent place à un enfant — blond lui aussi. Épée en main, bouclier dans l'autre, et tout de vert vêtu, courant après quelque chose qu'il ne voyait pas. Une nouvelles fois, les notes le chassèrent. La, Ré, La.
Une peste Mojo prit sa place, avant d'être elle aussi remplacée par un Goron laissant lui même place à un Zora, pour enfin revenir à l'enfant blond. Ce bonnet vert que tous portaient le laissait perplexe. Mais la musique ne lui laissa pas loisir de s'attarder dessus, et bien vite une Lune qu'il avait déjà vu, il en était certain, s'écrasa sur quatre paires de mains énormes et rouges. Un démon de blanc et d'argent habillé frappa un masque, et d'un seul coup le déchira en deux, tandis que s'accélérait la sonate qu'il jouaient.

Le Noir se fit à nouveau devant ses paupières closes, et il crut qu'il pourrait méditer un instant sur ces images qui venaient de défiler. A mesure que progressait l'air qu'ils jouaient de concert, l'Hylien sentait grandir en son sein un sentiment indescriptible, d'émotions mêlées. Il se sentait s'éveiller. Il était intimement persuadé que si l'homme qui était dans cette sphère aquatique se serait libéré du sommeil qui le prenait, s'il avait été à sa place.

Le Loup lui revint en mémoire. Il ne pouvait que se sentir apaisé quand celui-ci c'était retrouvé délivré de ses chaînes. Mais pour l'heure, Link n'avait ni plus ni moins que l'impression de se retrouver soit même, alors qu'il comprenait doucement ce qui se passait. Il avait brisé d'un coup d'épée les lianes qui retenaient l'animal captif, et c'était à coup de musique qu'il déchirait les menottes maintenant son être.

Un nom lui revint. Dun Loireag Hyrule. Et il baigna dans une lumière si blanche qu'elle l'en aveuglait presque. Il cessa de souffler dans l'instrument, portant la main à ses yeux pour ne pas se retrouver frappé de cécité, même de façon partielle ou temporaire. Mais la Sonate de l'Eveil ne semblait pas s'arrêter, sans doute encore et toujours porté par la lyre de sa Princesse.
Le blond se vit agiter la main, des années plus tôt, à une peste Mojo immense qui s'éloignait, et ne put s'empêcher de sourire à ce souvenir. Apaisé, et éveillé.

Zelda arrêta elle aussi de jouer, après un instant, et avant qu'elle n'ai pu ajouter quoique ce soit, ce fut au tour de Link de filer dans ses bras.
« Shht.. Ne bouges pas. » murmura-t-il dans un souffle, en la serrant contre son coeur. S'il avait su que son salut viendrait de Termina.. Un nouveau sourire égaya son visage tandis qu'il repensait à Skull Kid.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

La Princesse ne connaissait pas cette musique, mais elle retenait les notes que répétaient son ami, et il ne lui fallut pas longtemps pour saisir l’air et le reproduire en même temps que lui. Elle ignorait pourquoi il le jouait, mais elle était décidée à continuer aussi longtemps que lui, cherchant à partager et saisir ce qu’il voulait exprimer. Elle voyait à son regard perdu qu’il trouvait lui-même étonnant que son corps connaisse si bien l’objet et sache à quelle fin s’en servir, tandis que lui avait perdu tout souvenir. Mais elle remarqua qu’il fermait les yeux, et d’instinct, elle ferma les siens aussi, comme pour mieux l’accompagner.

Alors qu’elle s’interrogeait encore sur le sens de tout ceci, il sembla qu’une image lui apparaissait. Elle tint ses yeux fermés, continuant à jouer et vit apparaître une bulle, et un jeune homme à l’intérieur. Elle reconnut Link et dut se retenir de rouvrir les yeux sous le coup de l’étonnement. Elle se sentit rougir, dans la bulle l’homme était nu, bien que la position fœtale qu’il prenait ne cache la plupart de son corps. Les bonnes manières lui auraient normalement dicté de détourner le regard, mais puisqu’elle avait déjà les yeux fermés, elle ne pouvait que profiter de la vue, non sans un léger plaisir coupable. Comme il avait l’air serein, endormi qu’il était dans la bulle légère et transparente, elle se serait presque sentie coupable à l’idée de rompre son sommeil… Mais alors qu’il prenait la forme d’un enfant, les images se succédèrent, qu’elle ne comprit pas. Qui étaient ce Mojo, ce Goron et ce Zora qui portaient tous le même bonnet que son ami d’enfance ? Elle n’avait pas le sentiment qu’ils soient étrangers, et en même temps elle ne pouvait les connaître. Elle vit défiler des images qui lui étaient complètement inconnue, qui la dépassaient et lui évoquèrent la fin du monde.

Enfin, la bulle refit son apparition, le jeune homme toujours endormi à l’intérieur. Elle continua à jouer, ne sachant combien de temps s’était écoulé. Alors elle vit le jeune homme ouvrir les yeux, et sortir délicatement de son sommeil. La bulle se brisa, et le noir reprit place sous ses yeux clos. Elle continua encore à jouer, alors même qu’elle n’entendait plus l’ocarina l’accompagner, mais finit au bout d’un instant par laisser place au silence. Elle rouvrit les yeux, pour re-découvrir Link face à elle. Il y avait tant de questions qui lui tournaient en tête. Elle n’avait aucune idée de ce qu’elle venait de vivre, ce que cela signifiait, à quoi correspondait ce qu’elle avait vu. Se pouvait-il que…

« Qu-… ? »

Mais alors qu’elle allait interroger le jeune homme sur ce qui venait de se passer, il ne lui en laissa pas le temps et se blottit dans ses bras d’où elle ne souhaitait nullement le déloger. Il se souvenait d’elle à présent, elle en était persuadée, il avait retrouvé la mémoire. Déposant la lyre sur une petite table non loin, elle referma plus encore ses bras sur le jeune homme. C’était comme si elle le retrouvait une seconde fois, et elle souriait comme jamais. Elle se sentait transportée de joie, et elle eut beau redescendre sur terre, se souvenir qu’ils étaient dans sa chambre et qu’il faisait nuit noire, ce genre de détails n’avait aucune importance, le temps s’écoulait différemment en sa présence, le lieu importait peu. Elle aurait pu rester ainsi une éternité. Elle avait retrouvé ce contact chaud et apaisant, blottie contre lui, et aucun public ne la forçait à s’en détacher cette fois. C’était Link, et son statut de princesse n’avait pas d’importance, seule comptait leur amitié complice.

Elle ne bougea pas de ses bras mais finit tout de même par rompre sa demande de silence. Cependant, là où son devoir aurait dû être de l’interroger sur les événements importants qu’il avait vécus, les informations qu’il aurait pu lui donner pour servir le royaume, le Fragment qu’elle ne ressentait toujours pas… Elle n’avait pas le cœur à le replonger là-dedans. Elle ne voulait pas le forcer à en reparler, pas si vite, pas tout de suite… De la même façon, elle ne l’interrogea pas sur ce qu’ils venaient de voir, certaine de s’être invitée l’espace d’un instant dans son esprit. Elle souhaitait le laisser aborder le sujet quand il le voudrait. Elle renonça aussi à lui parler de la situation actuelle du royaume, elle préférait lui laisser poser les questions qui l’intéressaient. Elle resta donc évasive, partageant seulement sa joie de le revoir et qu’elle ne pouvait retenir, lui laissant le soin de raconter ou non ce qu’il jugerait nécessaire.

« Link… Tu te souviens maintenant… N’est-ce pas ? Tu m’as tellement manqué, si tu savais… J’ai eu si peur… J’ai cru t’avoir perdu… »

Son espoir était revenu en même temps que lui. Tout ne pouvait être perdu tant qu’il serait à ses côtés, quels que soient les obstacles, elle ne serait jamais seule pour y faire face. Toutefois, et malgré sa joie, elle ne pouvait empêcher la culpabilité de refaire surface, aussi ne put-elle s’empêcher d’ajouter quelques mots à ce sujet.

« Tout cela est de ma faute, c’est moi qui t’ai envoyé là-bas… Si tu savais comme je suis désolée… »


Link

Héros du Temps

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(vide)

Elle ne le délogea pas, ni ne rompit l'étreinte qu'il avait demandé. Sans doute était-ce là privilège de Prince que de serrer contre soi la souveraine Hylienne, mais peu lui importait. Il ne souhaitait pas plus être prince qu'il n'avait jamais souhaité être Élu d'une ou de quelques Déesses. Il souhaitait simplement enlacer cette femme qui était son amie éternelle avant toute chose. Il avait à peine conscience que ça n'était pas nécessairement correct — pour une Princesse du moins. A la vérité ; il se fichait bien que Zelda ne soit pas parée de toutes ses broderies, et sans doute même la préférait-il ainsi, dans une tenue plus simple, et plus sobre.

Elle brisa le silence, sans avoir besoin de parler bien fort. Leurs têtes étaient côtes côtes, les yeux du blond, s'ils avaient été ouverts verraient dans le dos de sa Princesse, et ceux de Zelda dans le dos de l'Hylien. Oui, il se souvenait, mais ne pris pas même la peine de répondre. La question n'en appelait pas une réponse, et... Comment lui dire qu'elle lui avait manqué alors qu'il n'en avait pas eu le moindre souvenir ? Il ne pouvait ni se résigner à lui mentir, ni à la blesser. Aussi préféra-t-il se taire, et traduire ses émotions par le biais des gestes en rapprochant plus encore le corps de Zelda du sien. Il appréciait cette proximité et cette complicité qu'ils partageait, et quand bien même elle ne lui avait pas manqué pendant toute cette période, il se demandait réellement comment il pourrait vivre avec la perspective de ne plus jamais l'entendre rire. Il jeta cette pensée dans un coin de sa tête, et s'en fit la promesse ; son amie rirait à nouveau.

Une deuxième fois, elle se décida à briser le silence et se répandre en excuses qu'il n'accepterait pas pour l'unique raison qu'elles n'avaient pas lieu d'être. Comme s'il n'avait jamais eu la possibilité de dire non. S'il n'avait pas voulu, il ne serait pas allé se battre là bas, dans le Désert, au fin fond à l'Ouest, pour libérer le Prince.
Il ne l'avait pas fait pour Dun, en réalité, et les relations qui liaient Link et le Prince consort n'avaient jamais été au beau-fixe. De même que pour Efelron.. Si l'enfant des bois savait les estimer et leurs reconnaître divers qualités, il ne les avait jamais appréciés. Les choses étaient ainsi faites qu'aucun des amants de Zelda ne lui plaisait singulièrement, et s'il gardait pour lui ce qu'il avait à redire, ça n'en restait pas moins là.

Contre toute attente, ce fut lui qui mis fin à ce doux instant, s'éloignant quelque peu de sa souveraine, tout en conservant ses mains dans les siennes. Il n'ignorait pas quelle heure il était ni à quelle point elle était épuisée, et plus encore, il savait à quel point elle s'en voulait. Après un bref et très discret regard sur l'état du lit, il constata sans le moindre doute qu'elle avait été tiré du sommeil, et désireux de lui faire comprendre qu'elle n'avait rien à se faire pardonner, ni pas le moindre fardeau à charger en plus, il lança, l'air de rien.


"J'ai longtemps cru qu'il était privilège princier que de voir une princesse au sortir du lit..!" Un petit sourire taquin étira ses lèvres et illumina son visage, pour ne point durer, toute fois. C'est en rebondissant là dessus que son esprit fit la connexion. Dun Loireag Hyrule. Pourquoi était-il absent ? Quand bien même il avait retrouvé sa mémoire toute la partie qui précédait son exil dans le désert, et depuis la fin de l'affrontement avec le spectre du Malin, restait d'un flou si dense qu'il ne lui était pas possible de se souvenir du moindre détail. « Par ailleurs, reprit-il, où est le Prince ? » L'Hylien s'enquerrait de l'état de l'homme qu'ils étaient tous partis sauver. Cette fameuse maille formée d'Hyliens n'ayant pour la plupart jamais vu le Prince ailleurs que dans les quelques gazettes où il apparaissait parfois, mais qui tous n'avaient pas hésité à donner leur vie pour le sauver.

Il se souvenait de l'hécatombe qu'il avait vu dans la Grand-Salle de la Citadelle de Ganondorf. Une boucherie sans nom en l'honneur de Dun Loireag. Le dallage s'était retrouvé repeint d'un carmin des plus sanglants et Ganondorf s'était gracieusement offert un tapis de chair humaine. L'image revint en tête de Link, et le goût âcre de la bile lui monta dans la gorge, tandis qu'en son sein grondait cette colère violente et millénaire à l'égard d'un ennemi héréditaire. Une nouvelle scène dont jamais, ô grand jamais, il ne dirait rien à Zelda. La Princesse ne savait pas le quart de ce qu'il avait été amené à traverser, et il estimait que c'était autrement mieux ainsi.

Frappé d'un mauvais pressentiment, qui à la réalité ne faisait que lui revenir au visage, à l'image d'un glaviot projeté contre le vent, Link détourna le regard, fuyant les beaux yeux de Zelda. Il avait peur de sa réponse sans savoir de quoi il s'inquiétait réellement : le Prince était allé jusqu'à faire sauter une tour de l'antique Castel-Royal pour protéger sa dulcinée, aussi, qui y'avait-il a craindre ? Et pourtant...
Ses yeux se posèrent sur la main droite de Zelda, sur laquelle brillait faiblement et d'une lueur triste le fragment de la Sagesse. Quoi d'autre à craindre pour elle, alors qu'elle avait faveurs, charmes, et protection d'une Déesse ? Un petit sourire triste déchira son visage dans un rictus qui revenait bien souvent. Son regard continua jusqu'à sa main gauche à lui, où il s'attendait d'abord à trouver le fragment du Courage — bénédiction de Farore à son égard, dont il n'avait jamais compris l'utilité. Le Courage était une qualité dont il ne s'était jamais servi autrement que comme n'importe quel être eu peu le faire, et à aucun moment il n'avait jusque soupçonné la présence du Fragment chez lui, exception faite de quand il l'avait appris, dans un passé alternatif où le château et son amie étaient tombés aux mains du Seigneur Sans-Castel.

Link lâcha la main de Zelda pour pouvoir contempler plus en détail la sienne. Rien ne brillait sur celle-ci, et malgré les soins que lui avaient conféré le Loup (dont il savait dorénavant tout mieux que quiconque l'eu pu) restait une cicatrice nette et voyante, à l'endroit ou était supposé se situer le Courage.


"... Par les Trois..." Commença-t-il avant de s'arrêter trop surpris pour ajouter quoique ce soit. Son visage trahissait sans peine son étonnement qui semblait s'être figé, à l'instar de ses vieux masques de carnavals qu'il avait tendance à trouver effrayants, enfant. Son amie n'avait pas encore repris la parole, et il devinait qu'elle était tout aussi surprise que lui. Il savait lire en elle comme elle savait lire en lui, à savoir comme dans un livre ouvert. « Belle, recommença-t-il, le souffle court, parlant vite, et allant chercher son regard, que s'est-il passé, pendant que j'étais au loin..? »

Tant l'expression de son visage que le rythme de sa phrase, l'intonation de sa voix ou la lueur dans ses yeux de glace transpiraient son inquiétude. Être défait de ce fragment ne l'inquiétait pas outre mesure, loin de là : il avait toujours fait sans. Non, non ; ce qui le poussait à prendre ainsi peur ; c'était l'utilisation qui pouvait être faite du pouvoir des Déesses.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Alors qu’il rompait leur étreinte et s’éloignait légèrement, et que le sourire de la princesse s’effaçait quelque peu, il le fit revenir avec une remarque taquine. Serrant ses mains pour maintenir ce contact entre eux, elle ne répliqua pas verbalement, mais sourit de bon cœur en le regardant. Toujours, il avait su lui rendre le sourire.

Son sourire ne perdura toutefois pas longtemps en l’entendant demander où se trouvait le prince. Une de ses mains s’agrippa un peu plus à la sienne, alors qu’il libérait l’autre, qui aurait dû arborer le symbole de la Triforce, pour l’observer. Elle n’avait pu que baisser la tête, la mine déconfite. Elle pensait qu’il se souvenait, mais elle allait devoir l’éclairer. Elle ne savait pas si elle pourrait réveiller ses derniers souvenirs, mais savait que sa mémoire à elle allait une fois de plus lui faire revivre les événements qu’on lui avait rapportés.

Alors qu’il la questionnait à nouveau sur ce qui avait eu lieu en son absence, elle prit une grande inspiration, et releva la tête vers lui. Ses deux mains allèrent saisir celle de Link qui arborait à présent une cicatrice au lieu des Triangles d’Or et l’emprisonnèrent délicatement. Elle se força à sourire de façon bienveillante pour le rassurer du mieux qu’elle pouvait, mais cela ne suffisait pas à masquer sa tristesse.

« J’espérais que tu pourrais m’éclairer sur ce point. J’ignore ce qui t’es arrivé. Tout ce que je sais, c’est que soudainement, j’ai cessé de sentir ce contact magique entre nous, et que j’ai cru t’avoir perdu à jamais… Je pourrais chercher à rétablir le lien, pour découvrir le nouveau porteur du fragment, mais je crains fort de savoir qui je risque de trouver, et qu’il ne vaille mieux éviter d’ouvrir volontairement tout lien avec lui... »

Elle remarquait bien l’air inquiet de son ami, et même si elle-même ne pouvait prédire de quoi l’avenir serait fait et à quel point ce changement pouvait être grave, elle voulait tenter de le rassurer. Son retour lui avait rendu espoir. Tant qu’il serait avec elle, elle sentait qu’ils pourraient déplacer des montagnes. Peut-être que, comme lorsqu’elle était enfant, elle se reposait trop sur lui, qu’elle avait toujours cette impression qu’ont deux enfants qui mettent sur pied un plan qu’il est infaillible, et réussira là où les adultes ont échoué. Peut-être. Avec lui elle revoyait les choses avec cette simplicité enfantine : tout se passera bien.

« Ne t’en fais donc pas… Ce qui est fait est fait. Mais tout n’est pas perdu, tu es encore là, et il ne possède pas la Triforce complète. Il ne l’aura pas, et nous récupèrerons ce qu’il a volé. »

Mais il devait savoir plus précisément ce qui était arrivé, elle n’avait toujours pas répondu à sa première question. Elle prit à nouveau une grande inspiration avant de continuer.

« Ce n’est pas tout… Je… Je ne sais pas tout, je n’étais pas présente personnellement au désert comme tu le sais. Je ne sais que ce que l’on m’a rapporté, et j’espérais que tu puisses m’en dire plus. Mais je vais tâcher de te résumer cela… Dun n’est pas rentré. Et tout porte à croire qu’il ne rentrera pas. Alors que j’attendais de vos nouvelles, et vraisemblablement d’après ce que j’ai su ensuite juste un peu après votre victoire, Ganondorf est venu me voir au château. Ne prends pas cet air inquiet, il n’a rien fait de grave. Et Darunia, ainsi que Saria, étaient justement présents. Il souhaitait seulement parler… Déclarer ouvertement la guerre, en réalité. Après quoi il s’en est allé. Mais il a déclaré que le prince l’avait rejoint. Je… Je ne pouvais pas y croire, et je ne sais pas ce que je dois en penser… Mais… Le soir où il a été enlevé, tu t’en souviens peut-être, personne n’a été alerté, je n’ai aucune idée de ce qui est arrivé, mais un combat ou un enlèvement aurait dû rameuter les gardes… Et au désert, après que vous l’ayez délivré… Tout ce que j’ai pu obtenir comme détails, c’est qu’il avait disparu, en même temps que toi… S’il est responsable… S’il t’a fait quoi que ce soit de mal… »

Elle retint un sanglot. Voilà bien plus d’un mois que toutes ces pensées tournaient dans sa tête sans qu’elle n’arrive vraiment à y mettre de l’ordre, elle y était maintenant forcée en posant des mots dessus.

« Je ne peux pas croire qu’il m’ait trahi… Mais la vérité, c’est que je le voyais beaucoup moins ces derniers temps, nous étions tous deux occupés, moi la première, et nous nous croisions peu… J’ai du mal à y croire, mais je ne vois pas d’autre explication… Je ne peux pas m’empêcher de me demander si je le connaissais vraiment… J’aimerais savoir… J’aimerais entendre ce qu’il a à dire… Mais… Quand je pense à tout ceux qui ont pris part à cette expédition pour lui et … Pour finir… Hyrule et ses habitants comptent énormément à mes yeux… Je ne peux pas supporter l’idée que… »

Incapable de finir sa phrase, elle fit une pause dans son discours, plongeant ses yeux dans ceux de Link et serrant plus fort sa main entre les siennes.

« Pardonne-moi… Je suis un peu perdue… Mais cette expédition n’a pas été un échec pour autant. La Citadelle Noire a été détruite et est à présent sous contrôle. En revanche, suite à cela, Ganondorf s’est décidé à s’entourer de nouveaux fidèles. Il a formé une « famille », et plusieurs personnes dans le royaume revendiquent à présent le nom de Dragmire, prétendant être victimes de répression. Là encore je n’ai principalement que les échos des rapports qu’on me fait, tu en apprendras sûrement plus sur le terrain… Je… J’ai couvert l’essentiel je crois, mais si tu as des questions, n’hésite pas. »


Link

Héros du Temps

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(vide)

Il était littéralement soufflé. Une part de lui s'y attendait, sans qu'il n'ai osé à aucun moment la laisser s'exprimer. Par toutes les Déesses. Il ne pouvait simplement y croire, alors qu'au fur et à mesure, de plus en plus de signes révélaient la colère latente du blond. La lueur qui brillait dans son regard polaire en disait long sur une émotion qu'il n'éprouvait pas encore consciemment, et sans doute la Princesse la saisirait avant même qu'il n'en comprenne la substance.

L'espace d'un instant plus rien n'existait. Le contact ténu avec la main de Zelda l'ancrait dans cette réalité qu'il quittait presque totalement. Un simple mot restait en tête. Trahie. Sa Princesse avait été trahie par son propre prince. Le monde d'Hyrule s'écroulait sous ses pieds, plaies béantes. Comment venir croire pareille nouvelle ? Un homme qui avait été jusqu'à faire face personnellement au Gérudo pour protéger son aimée, sa nation et son peuple ; qui avait lutté des années durant contre les vices qui rongeaient Hyrule, qui par les petites-gens avait été adulé, aurait en l'espace de quelques jours, sur un simple coup de tête, remplacé toute son ancienne vie, toutes ses anciennes convictions, pour les beaux yeux d'un homme à la pilosité rousse.

Il en avait la respiration coupée. Il était de ces chocs qui sans être physiques parvenaient à en reproduire les conséquences, et il avait l'impression que Darunia venait de lui envoyer son dur poing de pierre dans l'estomac. Par respect pour Belle, il ne se plia pas en deux, néanmoins, et accusa. Dun Loireag pouvait avoir tant de défauts que l'Hylien voudrait bien lui en trouver, il n'en restait pas moins l'un des hommes les plus acharnés contre Ganondorf, quelques jours encore, avant son enlèvement.

Et pourtant... Il avait préféré s'allier avec ce Seigneur Ouestrien, en trompant tous ceux qu'il avait aimé, tous ceux qui avaient jamais eu confiance en lui. Il avait trahi. Dans l'esprit du gamin sylvestre se reconstruisait un puzzle qui lui était resté interdit, en l'absence de certaines pièces.


« Lorsque tu verras à nouveau Zelda, transmets-lui un message de ma part… Les oranges furent douces et sucrées, mais il n’y en aura plus à l’avenir ; l’allée des orangers se meurt. »

Il ferma les yeux, en proie à une rage sans nom. Le contact chétif avec cette femme qui avait partagé la couche du Prince Parjure fut brisé alors que dans une mesure préventive, il lâchait sa main. Grand bien lui prît : le pauvre poignet de Zelda se serait retrouvé broyé sous la colère de son ami.
Quelques soient les excuses que l'on pourrait donner au Traître, ses faits parlaient d'eux mêmes. Quelques soient les raisons que pourraient encore implorer ses partisans, quelques soient les termes qu'ils auraient ; rien ni personne ne pourrait retirer à Dun ce qu'il avait fait. Il avait abusé d'une confiance qui touchait l'entièreté du Royaume, la complétude de la Nation pour l'en frapper du plus fort possible. Zelda continuait de parler sans qu'il ne l'entende. Rien n'existait plus.

Rien d'autre que Dun.
Dun Loireag et tous les morts dont il était responsable. Tout se dessinait sous un nouveau jour, un nouvel éclairage. Ce montage n'avait d'autre lieu que de l'attirer dans les filets du Seigneur de Malin, lequel avait à l'évidence pris son fragment, à l'encontre de la volonté du Courage. Qu'importe. Qu'importe les Déesses, qu'importe leur protection. Qu'importe les détours. Seul comptait le sang.

Une ire violente et implacable secoua le Héros du Temps. Que l'on souhaite s'en prendre à lui, et que Ganondorf l'accueille avec toute une armada de pièges, de coups bas ou de mignons n'avait rien de surprenant. Mais que l'homme qui soit allé jusqu'à épouser Belle s'offre une boucherie héroïque dans le cadre d'un coup de théâtre passait bien plus mal. Sur les mains de Dun n'apparaissait sans doute plus la moindre alliance mais resterait jusqu'à la fin des temps ce sang séché de centaines d'Hyliens tombés pour sa rédition.
Bien trop pour Link. La mort de ces hommes ne toucherait sans doute jamais le Traître ; sacrifice nécessaire pour atteindre son objectif. Des hommes a qui il avait menti du début à la fin, dans le seul objectif de le capturer, lui. Des hommes qui s'étaient battus par amour de lui. Des hommes qui étaient morts pour que leurs frères puissent le voir libre, et lutter pour eux, lutter pour la survie du Royaume. Des hommes a qui il avait menti ; des hommes qu'il avait manipulé comme un joueur au dessus de son échiquier. Des vies qui n'avaient pas plus de valeur que quelques menus broutilles.

Il en paierait le prix. Si le Faux-Kokiri ne s'était pas trouvé dans une chambre de Princesse, sa salive ornerait déjà le sol, alors qu'il se murmurait une promesse silencieuse. Dun Loireag, Prince Parjure et meurtrier de centaines d'Hyliens, tombés pour un mensonge. Le Héros avait prononcé un jugement muet, et là où celui qu'il condamnait daignait laisser le travail à des Darknuts, il se promit qu'il prendrait sa vie lui même. Tuer était une épreuve, quelque chose qui n'avait jamais rien d'aisé ni d'agréable, quelque chose qui lui était plus dur à chaque fois qu'il devait le réitérer, et quelque chose auquel il n'avait jamais pu ni même voulu prendre goût. Et quelques soient les actes dont s'était rendu coupable Dun, sa vie restait une vie. Il méritait – autant que tous les hommes qu'il avait envoyé dans l'enfer de la Citadelle Noire pour le sauver – que celui qui l'amende exécute lui même la sentence.

Et, un matin sanglant ; trônerait la tête du Prince sur une pique fichée dans un cadavre démembré ; après une nuit noire. Il en fit le souhait, et concrétisa la promesse en posant sa main sur la hampe de son épée. Il s'apprêta à tirer l'acier au clair, et le fer chanta une douce mélodie qu'il était seul à entendre. Une complainte funèbre qui annonçait la mort s'abattant sur les champs de batailles. Il secouerait les lances, il fracasserait les boucliers, en une journée rouge.


"Ne t'en fait pas, Belle," Commença-t-il, retirant sa main de la garde. Il avait pour précepte de ne déferrer que lorsqu'il était certain de se servir de son arme dans les instants à venir, et ne souhaitait sous aucun prétexte déshonorer ainsi les appartements de son amie. « Il paiera. Pour toutes ces vies qu'il a balayés, pour cette odeur dont la mort lui a fait cadeau, il paiera. Le prix du fer. Le prix du fer et le prix du sang. » Son regard de givre rencontra les yeux bleus de Zelda, alors que sa fureur laissait doucement place à une tranquillité sereine qu'on lui connaissait mieux. Ou du moins.. Ses traits s'imprégnaient de cette paix dans laquelle il était avec lui même, mais sa colère ne s'en irait pas. Pas sans que n'en soit payé le prix. Le prix du fer, et le prix du sang.


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

La jeune femme avait vu la colère gagner son ami au fur et à mesure qu’elle lui exposait les faits dont elle avait connaissance. Mais elle ne s’était pas arrêtée dans son récit. Autant profiter de la bouffée de courage qu’elle avait pour tout lui raconter d’un trait, ils auraient ensuite l’occasion d’en rediscuter, mais les bases seraient posées, et elle n’aurait pas à répéter le principal. Link finit par la lâcher, et elle devina en voyant la façon dont il serrait le poing que ce n’était pas pour s’éloigner d’elle, mais bien pour ne pas la blesser malencontreusement. Elle venait de terminer son discours, l’invitant à la questionner s’il le souhaitait, mais il resta muet.

« Link … ? »

Elle l’avait rarement vu dans cet état, et elle n’aimait pas cela… Il fallait qu’il soit touché par la situation, pour exposer aussi clairement sa colère. Et elle crut un instant qu’il allait réellement dégainer son épée, mais il finit par s’apaiser doucement, tout en lui promettant vengeance. Elle ne savait pas si elle le désirait… Elle ne pouvait pas pardonner le meurtre de tous ces gens, et sans doute ne pourrait-elle plus jamais voir celui qui avait été son mari de la même façon, mais elle aurait aimé entendre ses explications, pour au moins tenter de comprendre… Toutefois elle se doutait que nombreux seraient ceux qui se montreraient plus expéditifs qu’elle et n’avaient que faire de vaines excuses. Elle ne pouvait leur donner totalement tort ou les retenir. Il n’y avait eu nulle retenue lorsqu’étaient morts les corps de leurs concitoyens, proches, amis, ou même des membres de leur famille. Elle savait que Link n’avait jamais aimé prendre la vie d’autrui, pas plus qu’elle.
Elle aurait voulu pouvoir lui dire qu’elle ne lui ordonnerait jamais une telle chose, que jamais d’elle ne lui viendrait l’obligation de tuer quiconque. Mais elle ne savait que trop bien combien c’était hypocrite. Il avait déjà dû tuer, pour elle ou par sa faute, tout dépendait du point de vue, et il recommencerait. Quand bien même elle ne lui en donnait jamais directement l’ordre, ni ne lui en faisait la demande explicite, elle savait qu’elle l’y confrontait.


Même si le blond avait l’air plus calme, elle souhaitait pourtant l’apaiser, et l’inviter à réfléchir à ses paroles. Elle savait que venant de lui, il ne s’agissait pas d’une promesse faite à la légère, ni qui n’ait été mûrement réfléchie, mais par principe elle ne pouvait le pousser dans cette voie sans l’inviter à peser encore le pour et le contre. Délicatement elle glissa ses mains sur les joues du jeune homme, de façon à encadrer son visage, et l’attira contre elle pour poser son front contre le sien.

« Malgré tout ce qui a pu se passer… Ce n’est pas ce que je souhaite. Mais je ne t’en empêcherai pas. Je sais qu’autant que moi tu répugnes à prendre une vie, et que tu n’agirais pas à la légère. Ces faits me dépassent et touchent le peuple entier, ce sera à chacun de décider de la réaction à adopter. Quelle que soit l’issue, il devra faire face à son geste. Laissons cela de côté pour l’instant. »

Elle éloigna lentement son visage de celui de son ami, pour lui offrir un sourire aussi radieux que possible. Ce dernier n’était nullement forcé. Elle n’avait finalement pas besoin de grand-chose, seulement d’oublier tout le reste, et de penser à nouveau qu’il était là, en vie, à ses côtés.
Ses mains abandonnèrent elles aussi son visage pour descendre plus bas et aller saisir doucement sa main, qui jadis brillait d’une lueur d’or lorsque les deux Hyliens se retrouvaient ainsi, côte à côte.


« C’est sans doute égoïste… Mais au-delà de ma crainte qu’il ne soit fait mauvais usage du Fragment de Farore, ce lien entre nous me manque… Je m’en rends compte seulement à présent, maintenant qu’il est rompu, mais toujours tu étais à mes côtés. Il n’était pas un instant sans que tu ne m’accompagnes, même lorsque tu étais loin de moi, je me sentais rassurée. À présent, il n’y a plus que la solitude et l’incertitude… Tu es là, et c’est merveilleux, mais je sais que tu devras repartir, et même si mon cœur est apaisé de te savoir en vie, je sais que ce vide reviendra à nouveau, alors que je resterai sans nouvelles en attendant ton retour. »

Une de ses mains lâcha celle de Link pour détacher la boucle pendue à son oreille et la déposer sur le dos de la main du jeune homme.

« Tu te souviens .. ? Je te l’avais prêtée, je n’aurais pas dû la reprendre, elle t’aurait peut-être porté chance… »

La Triforce détachée de l’oreille de la princesse ne pourrait remplacer celle qu’il avait perdue… Cependant… Une idée lui traversa l’esprit.

« Link ! J’ai une idée ! Créons notre propre lien ! »

Elle reprit la boucle d’oreille pour la soulever et la tenir à hauteur de son oreille, celle qui n’était pas encore percée.

« Je pourrais l’enchanter ! Elle te porterait chance et te protègerait du mauvais sort. Oh, seulement modérément, comme une amulette, mais qui sait, elle repoussera l’Obscur et ce sera une façon pour moi de veiller sur toi… Et puis, je pourrais la lier avec la mienne, de sorte qu’un fil invisible nous relie à nouveau. »

Elle redescendit toutefois la boucle, elle n’avait pas perdu son enthousiasme, mais son idée n’avait pas que des bons côtés, et elle aurait compris que son ami refuse.

« Enfin… Elle serait peut-être un peu encombrante, et puis ça t’obligerait à te percer à nouveau une oreille… »


Link

Héros du Temps

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(vide)

Le prix du fer et le prix du sang. Il délia et relia les doigts compulsivement, pour dégager cette nervosité qui le gagnait. Oh, ses yeux avaient cet air froid, mais serein (quoiqu'un peu triste) qu'il avait le plus souvent, mais cet hiver qui donnait à son regard cette teinte givrée ne reflétait pas l'état intérieur dans lequel il était. Il avait une folle envie de hurler, et pour un peu il aurait pu croire que de sa gueule jaillirait des flammes aussi rouge que ne l'étaient celles de Volcania, lors de leur affrontement. Le prix du fer et le prix du sang.

Nombre de signes extériorisait cette rage dans laquelle rien ne pourrait le tirer pour quiconque le connaissait. Cette amnésie avait sans doute enterré la moindre trace de colère qui avait jamais pu le secouer, mais en cette nuit déchirée par la foudre l'ire du Héros sonnait la réanimation de ce coeur. Il brûlait d'un feu neuf, d'un brasier fraîchement allumé. La fureur qu'il éprouvait à l'égard du Gérudo sur l'instant n'avait rien de comparable avec celle qui l'animait vis à vis du Traître.
Il posa sur la Princesse un regard plus tranchant qu'aucune épée, plus meurtrier qu'aucun acier, sans même la voir. Il la savait là, devant lui, à quelques centimètres, comme il devinait les murs qui l'entouraient, mais son coeur comme son âme avait sans la moindre tendresse ni affection. Il aimait toujours autant Zelda, mais une seule pensée colonisait son esprit alors qu'une violente tempête balayait son palpitant.

Sa main glissa à nouveau sur la hampe d'Excalibur alors que brûlaient quelques enfers polaires dans les yeux de l'Hylien. Sa colère comme sa rage s'étaient donné rendez vous pour une gigue enfiévrée. Cette salsa macabre aux accords sanglants qu'il forcerait Dun Loireag à danser. Ses doigts se refermèrent sur la garde de son arme, et dès lors il fut impossible de les en déloger. Ses jointures exercèrent une pression sur l'alliage comme rarement.
Le prix du fer, et le prix du sang. Il avait prononcé devant les Déesses, en son fort intérieur cette condamnation. Cette sentence qu'il s'était promise à lui même avait eu l'effet d'une bombe. Comme si un gong sacré avait été frappé et qu'une onde de choc avait balayé tout ce qui pouvait être, pour ne laisser que cette violente et implacable colère qu'il éprouvait à l'encontre du Tueur d'Hyliens.

La blonde aux yeux saphirs se saisit de sa main le ramenant subitement à une réalité que sa fureur l'amenait à quitter. Il eu un très léger sursaut, le temps de s'immerger à nouveau dans ce monde qu'était le réel. Son regard capta à nouveau celui de Zelda, mais sans plus y voir un vide comme auparavant. Ses traits perdirent cette austérité brutale et colérique qu'ils avaient adopté un instant plutôt alors que divaguait son esprit sur quelque routes sinueuse (qu'il ne quitterait pas.)

Après le sursaut, il se surprit à frissonner, moins légèrement. Une pensée lui traversa l'esprit et l'aveugla un instant, comme un trait d'une lumière trop forte. Cette main qui tenait la sienne actuellement avait serré celles de Dun. L'Hylien ferma les yeux. Ces mains de meurtriers, ces mains rouges. Que ne craignent plus longtemps le Prince parjure. Sous peu, il en était assuré, sa gorge se teinterait du même carmin qui ornait pour jamais ses mains.

Link avait jeté sur ses paupières deux voiles imperméables, il les releva pour rencontrer un radieux sourire qui le mit mal à l'aise. Sa Belle avait tant traversé, avait été personnellement trahie, personnellement trompée, aux premières loges de l'événement, et partageait (peut être même plus que lui) cet amour inconsidéré du Royaume, et elle parvenait encore à sourire alors qu'il ne pouvait penser qu'à la botte qui prendrait la vie d'un homme. Pris subitement par la honte, il baissa les yeux, pour éviter de croiser son regard dans lequel il manquait de se noyer depuis la première fois qu'il l'avait vu.

Le blond ne tarda pas néanmoins à rehausser le regard, après être tombé sur une autre gorge. Il avait presque oubliée dans quelle tenue se trouvait Zelda, et quand bien même le tissu avait séché, la vue restait bien trop suggestive pour qu'il ne puisse jamais y prétendre. Ses joues se teintèrent de rouge et sans qu'il ajoute rien, il finit enfin par détourner le regard.


"Je... Belle.." Commença-t-il, peinant à aligner deux pauvres mots, toujours aussi rouge de cette vue aussi agréable qu'inattendue. Il voulait rassurer son amie, lui dire que ce lien qu'ils avaient perdu n'était pas essentiel, et qu'il resterait quand même, avec ou sans Fragment pour elle. Il voulait aussi lui dire que le premier point qu'elle soulevait ; la menace que représentait une mauvaise utilisation de celui-ci, l'inquiétait d'autant plus, mais les mots refusaient de sortir, mourant dans sa gorge avant même qu'il n'ai eu le temps de les penser. Mais la Souveraine Hylienne ne tarda pas à enchaîner, prise d'un enthousiasme qu'il lui avait presque toujours connu.

Ce fut à son tour d'illuminer son faciès usuellement triste d'un sourire. Il ne comptait pas le nombre de fois où elle avait su lui en arracher un, depuis qu'ils se connaissaient. D'aucun disaient que de lui en tirer un était une épreuve de force, et pourtant elle y arrivait sans la moindre peine depuis des années déjà.
« Belle... Reprit-il une fois qu'elle eu fini d'exposer son idée, et qu'il ai refermé les bras sur elle. Tu sais percer une oreille...? »

Elle n'aurait sans doute pas le loisir de voir son sourire s'élargir et fendre son visage comme l'on fend une poire. L'idée d'un lien permanent avait tout pour lui plaire. Il cherchait sa présence depuis l'enfance, et il lui était arrivé parfois de s'infiltrer dans le Castel pour la voir. Beaux bleus qu'il avait récolté, le plus souvent..!

[Désolé pour ce post médiocre et qui s'est fait attendre, la rentrée m'a un peu surpris..!]


Zelda Nohansen Hyrule

Princesse de la Destinée. ∫ Édile de Nayru.

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(vide)

Zelda eut un large sourire avant de resserrer ses bras autour de son ami qui venait de la loger dans les siens. Elle avait cru un instant qu’il refuserait. Elle n’avait pas manqué de remarquer qu’il avait la tête ailleurs, ce qui n’était pas sans l’attrister. Elle savait qu’il avait d’autres choses à penser, elle-même avait de quoi s’occuper l’esprit un bon moment. Mais pour leurs retrouvailles, elle souhaitait que cela soit mis de côté au moins pour un instant. Elle avait déjà eu l’occasion pendant plus d’un mois de retourner tout cela encore et encore dans sa tête, elle avait envie d’une courte pause. Toutefois, elle savait qu’il n’en était pas de même pour Link, et qu’en apprenant tout juste la nouvelle, il était normal qu’elle soit on ne peut plus fraiche dans son esprit. Il ne tenait plus qu’à elle de lui changer les idées.

« Bien sûr que oui ! … Merci, Link… »

Même s’il y avait d’autres priorités, et qu’elle en était aussi consciente que lui, elle avait besoin de ce lien. Elle s’était rarement sentie aussi vide que les jours qui avaient précédé. Et elle ne s’était toujours pas habituée à cette solitude qui la suivait partout. Dire qu’avant de perdre ce lien, elle n’avait pas remarqué à quel point il était important, et à quel point il était toujours présent à ses côtés en permanence, même dans les moments les plus durs. Qui plus est, au-delà du fait de rétablir ce lien, elle serait plus rassurée qu’il porte une protection. Le souvenir de sa possible mort encore trop récent dans son esprit, elle n’appréciait pas l’idée qu’il risque à nouveau sa vie, et s’il était malheureusement inévitable qu’il soit de nouveau confronté au danger, elle ne souhaitait négliger aucune sécurité, même minime.

Se détachant légèrement de lui, elle conserva ses bras autour de sa taille pour l’entraîner près de son lit avant de l’inviter à s’y asseoir.

« Mieux vaut que tu sois assis pour ne pas bouger. Attends un instant ! »

Elle alla farfouiller dans les tiroirs d’une grande commode avant d’en tirer une aiguille. Elle passa un instant la pointe au dessus du feu dans la cheminée avant de revenir près de Link. Glissant ses deux doigts le long de l’épingle, elle utilisa un petit sortilège pour la désinfecter. C’était encore plus prudent que si elle était allée chercher de l’alcool. Avant d’entamer l’opération, elle se pencha à son oreille pour chuchoter sur un ton de plaisanterie.

« N’en profite pas ~ »

Elle se mit alors au travail, non sans ignorer quelle vue elle lui offrait sans doute, penchée ainsi face à lui pour se concentrer sur son oreille. Elle n’avait pas manqué de remarquer le regard qu’il avait lancé plus tôt dans cette direction, ni la façon dont il s’en était détaché, gêné, non sans laisser une belle couleur rouge à ses joues. Par les Déesses, qu’il était mignon quand il rougissait ainsi ! Le bon sens aurait sans doute voulu qu’elle se couvre un peu plus pour ne pas lui offrir un tel panorama, mais elle n’avait pu s’y résoudre, sans trop savoir pourquoi. Son regard ne lui déplaisait pas, il ne la mettait pas mal à l’aise, et elle aimait ce petit air gêné. Après tout, s’il regardait, c’est que la situation ne lui déplaisait pas non plus.

Elle n’aurait toutefois pas le loisir de s’attarder sur ses joues rouges et son air attendrissant, elle devait rester concentrée sur ce qu’elle faisait. Elle prit le temps de bien positionner l’aiguille et perça aussi rapidement que possible son oreille pour limiter la douleur. Elle passa une main apaisante à la suite et, la magie jouant son rôle, elle cicatrisa le trou pour éviter tout risque d’infection, non sans apaiser aussi la douleur. Elle récupéra alors la boucle d’oreille qu’elle avait déposée non loin. Elle détacha celle qu’elle portait encore, et garda les deux dans ses mains fermées, une dans chaque paume, le temps de les lier en y apposant le sortilège. Une fois que ce dernier fut en place, elle remis sa boucle d’oreille avant de passer l’autre à l’oreille de Link.

« C’est terminé. Nous ne nous quitterons plus jamais vraiment, et ce lien est encore plus sûr que le précédent, personne d’autre ne le partage avec nous. De plus, elle te protègera contre la magie noire. Pas beaucoup, certes, mais c’est une sécurité en plus, elle repoussera les sortilèges peu puissants. »

Toujours penchée vers lui, elle s’était toutefois reculée pour pouvoir le regarder dans les yeux en lui parlant. Elle était tout sourire, heureuse de déjà sentir à nouveau le lien reformé entre eux.
Elle se rappela d’un lointain peuple dont elle avait entendu parler, qui avait pour tradition de lier les époux aux moyens de boucles d’oreilles enchantées pour amplifier et faire perdurer leur amour. Sans doute ce lien n’était-il pas grand-chose, et bien sûr elle n’avait rien ajouté de tel à son sortilège, mais elle espérait que celle boucle d’oreille la tiendrait toujours si proche de son ami qu’elle ne l’était en l’instant. Ce lien ne pouvait que les rapprocher d’avantage.


Link

Héros du Temps

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(vide)

Il se sentir rougir de la tête au pied, alors qu'une douce chaleur venait lui chauffer les joues et le bout des oreilles. Il n'avait aucun moyen de s'en assurer, mais il devinait à mesure que ne se propageait cette agréable température que son visage se teintait d'un rouge écrevisse. Plus pour la remarque que ne lui faisait Belle que pour le spectacle qu'elle s'apprêtait à lui offrir, en vérité.

Il inspira longuement, tout en sachant rester discret. Le nombre de fois qu'il avait du s'infiltrer, se camoufler, ou se faire inexistant sous peine de ressortir aussi criblé de flèches qu'un hérisson ne porte de piquants, le blond avait appris à se faire plus silencieux qu'un Lynx. Un animal avec lequel il partageait d'ailleurs bien d'autres points. Qu'il s'agisse de ce côté indépendant et porté vers la solitude, de cet amour de la liberté, ou de cette férocité violente et parfois sanguine que l'on prêtait de temps à autre à l'animal.

Son amie prit son temps, avant de commencer quoique ce soit. L'aiguille chaude appuyait sur son lobe sans en percer la peau. Il avait du mal à réaliser pourquoi elle prenait autant de temps, mais à la vérité il n'avait pas la moindre idée de comment l'on s'y prenait. L'anneau d'un bleu sombre mais teinté d'argent qu'il portait avait été l'une des surprises qu'il avait du découvrir en sortant d'un sommeil de sept années. Et étrangement, après que la Princesse et les Sages eurent terminé le Sceau pour maintenir Ganondorf prisonnier, après que Zelda l'eut renvoyé chez lui (un épisode qu'il n'oublierait sans doute jamais, quand bien même il la comprenait), il avait eu la deuxième surprise de découvrir qu'elle était encore là, à l'accompagner. Elle était comme un témoin de son aventure, un souvenir qui – il lui semblait – serait impérissable.

Ses yeux pouvaient difficilement ne pas rencontrer la superbe gorge que lui offraient Belle. Contradiction étonnante avec l'avertissement taquin prononcé un peu plus tôt. Et quand bien même il était persuadé que ça l'amusait, il ne pouvait se résoudre à laisser traîner innocemment son regard sur la plongée que laissait entrevoir la jeune souveraine. Ainsi, ses pupilles gelées passaient de la droite vers le haut, pour se retrouver ensuite à gauche, mais évitaient méthodiquement le bas comme le centre. Si seulement elle savait dans quelle situation elle le mettait..! Ah..! Sans doute que ça la ferait sourire, amusée. Il expira doucement et ferma les yeux. En réalité, même s'il ne pouvait s'empêcher de ne pas se sentir à sa place ou de ne pas savoir ou se mettre, il appréciait cette proximité qu'ils partageaient, fut-elle taquine. Il y avait si longtemps qu'il n'avait pas revu Zelda... Il lui semblait que cela faisait une éternité. Et si on lui avait dit qu'il serait amené à souffler dans le cou de la demoiselle à leur prochaine rencontre, il aurait à l'évidence éclaté de rire.

Avec ce retour brutal de mémoire, il se rendait compte à quel point de chose lui avait manqué. Belle lui avait manqué. Cette proximité naïve qu'ils avaient à peine eu le temps de partager, dans leur premier passé, puis cette amitié réelle qui était née entre eux en dépit de la distance alors qu'il courrait tout Hyrule à la recherche des sages. Tout ça lui avait manqué bien plus qu'il ne se serait sans doute jamais résolu à le croire, s'il n'avait pas été frappé d'amnésie. Et puis, il y avait eu cette coupure dans leur lien, occasionné par la jeune dame, alors qu'elle voulu lui rendre ce qu'elle estimait lui avoir volé : une enfance.

Ce retour à la vie (car en quelque sorte, il revenait du monde des morts — sa mémoire, du moins.) lui avait quelque part remis les yeux en face. Il était sans doute un vieux Lynx, mais au fond, il se sentait l'envie de retrouver ces gens pour qui il se battait. Une question lui fusa en tête. Qu'était-il advenu de Malon ? S'il y avait des années qu'il n'avait revu sa Princesse, cela faisait sans doute des décennies qu'il n'avait pas eu la moindre nouvelle de Flamboyante.


"Aïe !" Fit-il tandis que l'aiguille l'arrachait à ses pensées et le forçait à ouvrir les yeux sur le spectacle (dont il ne savait toujours pas s'il était volontaire et amusé ou involontaire et du à la fatigue – quoiqu'il se soit douté de la raison.. –) que lui offrait la suzeraine. Son oreille ne le picota qu'un instant, elle eu tôt fait de poser un charme sur le trou qu'elle avait fait, avant de s'éloigner. Le rouge qui avait coloré les joues de l'Hylien allait enfin s'estomper peu à peu. Link la regarda se servir des deux boucles sans réellement comprendre ce qu'elle faisait, mais là encore, elle avait l'entièreté de sa confiance.

"Me voilà paré comme un roi..!" C'était son tour d'être taquin, alors qu'il savait que son faciès ne se teintait plus de vermeil, et reprenait cette couleur usuelle de la peau rendue matte par des années de travail en extérieur. Teint hâlé dont ne bénéficiait d'ailleurs pas Zelda, par trop souvent contrainte de rester confinée. Doléances ; conseils de guerre ; entretiens avec les bannerets... Le Héros du Temps préféra ne pas y penser. Leurs deux vies étaient si différentes, en dépit de ce qu'ils avaient en commun, à commencer par l'amour du Royaume.

Ses deux oreilles étaient dorénavant alourdies de deux boucles dépareillées. L'une lourde de souvenir, l'autre forte d'une magie et d'un lien qui semblait indéfectible, au final. Il n'avait jamais senti le premier dont Zelda lui avait parfois parlé. Sans doute n'était-il pas un porteur digne d'un fragment de la puissance divine, dans la mesure où il était aussi fermé qu'il était possible de le faire. Il avait toujours été un barrage à ce torrent de puissance que représentait le Courage, un barrage qui n'avait jamais cédé. Cela n'avait rien de volontaire, c'était tout simplement. Ce fil qui les liait était en revanche indépendant de ce blocage qu'il faisait à la magie, et il avait l'impression que le parfum de l'Élue de Nayru planait autour de lui. C'était bien là l'effet de la magie, à n'en point douter. Mais même avec cela...

"Zelda, je voudrais savoir," Link marqua un temps d'arrêt, en se relevant. Il prit les mains de son amie, et les tourna paume vers le ciel, avant de désagrafer Excalibur ; lame et fourreau ; de la ceinture que lui avait ”offert” Nabooru. Il posa l'épée sacrée sur le promontoire que formaient la Princesse, tout en veillant à la tenir lui même, n'ignorant pas que cela pouvait être dangereux, même pour elle. « Est-ce que... » L'Hylien ne savait pas réellement pas quelle question il voulait poser. Les mots semblaient se percuter dans sa gorge, et pourtant rien n'osait sortir de ses lèvres pourtant brûlantes. « Est-ce que tu saurais ce que c'est que ça ? » Lâcha-t-il enfin, non sans avoir dégluti avant. « Et pourquoi j'ai l'impression d'avoir été à ce point sensible à ce qui s'est passé – quand bien même j'ignore tout de ce qui a pu arriver. »

Il avait finit par reprendre un peu plus d'assurance, à mesure qu'il saisissait lui même les points qui le mettaient si mal à l'aise. Il voulait savoir. Non.. Il devait savoir pourquoi il se sentait à ce point brisé dans son intégrité.


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