Posté le 12/09/2012 21:56
Le ciel se teinta d'une étrange lueur jaune. Quoique le prétendre entièrement teinté de cette couleur serait à peu près aussi intelligent que de dire que le peu de fer présent dans l'aiguille, perdue dans la botte de foin la colorait tout entière. Non, en réalité, le ciel s'était taché d'une lueur jaunie et délavée, usée par le temps.
Sa peau se fripait, à mesure que son visage ne glissait contre sa main. Sa bouche entrouverte laissait couler un mince filet de salive qui venait tacher le bois vernis du comptoir du stand. L'air que brassait d'ailleurs l'orifice faisait trembler ses gencives, tandis qu'en paressant un oeil restait ouvert, et injecté de sang. La tronche parfaite du dormeur parfait, qu'il avait, ce gérant du stand de pêche.
Trois coups secs retentirent contre le carreau, brisant le sommeil de cet homme à la barbe si mal rasée que ça et là restaient encore des poils – durs – qui perçaient la peau basanée de l'homme et venaient briser l'unité de couleur que formait son faciès.
"HEIN... ?!" Mugit-il en sursautant, et brisant par ailleurs l'équilibre précaire dans lequel il s'était retrouvé. La chute l'amena à se cogner violemment contre le mur derrière lui. Si fort à dire vrai, que la planche qui servait de support à l'aquarium qui accueillait fièrement le brochet pêché quelques heures plus tôt, dans la journée, se détacha.
La chienlit fut totale pour ce personnage digne d'un carnaval. L'aquarium s'explosa sur son crâne, et avant qu'il ne comprenne pourquoi, il se retrouva en train de câliner un poisson, la gueule barbouillée de sang et les vêtements trempés. « BORDEL DE MERDE ! » Ne put-il s'empêcher de hurler.
Dehors raisonna un rire malsain. Il balança le brochet de toute ses forces sans plus de considération pour cet animal qui lui avait donné tant de fil à retordre et qu'il avait choyé toute l'après-midi, au point de s'endormir sur son comptoir. Il tacha de se relever, avant de ne se casser la binoche, en glissant sur le carrelage. Sa mâchoire cogna sec sur le sol trempé, tandis que ses mains heurtaient le verre et venaient se déchirer dessus. Il retint ses larmes, trop en colère pour pleurer. Il allait se venger.
De l'autre côté du mur, le rire raisonna à nouveau, tandis que les traits fantomatiques et moqueurs du spectre s'effaçaient. Il se doutait que sa plaisanterie n'avait fait rire que lui, mais ce qui lui importait c'était bel et bien de rire. Mauvaise blague ? Peut être. Sans doute, mais blague drôle !
La porte s'ouvrit avec violence, dévoilant un gérant maculé de sang, couvert de plaies, et aux vêtements rendus moulant par tant ils étaient imbibés. Sans doute n'avait-il pas remarqué l'algue qui faisait office de cheveux sur son crâne chauve. L'Esprit pervers éclata d'un nouveau rire, goguenard mais invisible. L'Hylien avait cet air si furieux qui n'appartenait qu'aux vivants !
"TÊTE DE FION !" Beugla-t-il, le poing brandi. Le rire raisonna dans son dos, et il se retourna. Sa casquette volait dans les air. Ecarquillant les yeux sans bien comprendre ce qui se passait, le patron sembla incapable du moindre mot. Nouveau rire. « FOUTREBLEU, J'M'EN VAIS T'APPRE...[/b] » Débuta-t-il, avant de se retrouver dehors, tout un fatras de bouquins sur les poissons sur le foie, et les poumons vidés de leur oxygène. Pour une troisième fois dans la nuit, il était tombé à la renverse.
La porte de sa boutique (et sa maison) se ferma, et se verrouilla sans qu'il n'y comprenne quoique ce soit. « Par l'poils d'cul d'la Déesse.. » Parvint-il seulement à murmurer, ébahi, avant de réaliser qu'il était en robe de nuit, au beau milieu de la nuit, sans plus moyen de rentrer chez lui.
Il se résolut à descendre ; après tout que pouvait-il encore faire..? Sa colère continua de monter quand il vit quatre plaisantin discuter gentiment. Bordel ! Les gens n'avaient-il pas compris l'utilité même de la nuit ? Dormir, c'était devenu si savant que ces foutus clients étaient pas capable de le comprendre..?
Il se gratta la tête, perplexe, avant d'y découvrir les algues qui y trônaient. Il jeta un oeil à son reflet, et il décida qu'en l'absence de casquette, cette coiffe lui siérait à merveille. Les Déesses le pardonnent, il avait l'esprit encore embrumé.
Le Gérant s'approcha des quatre silhouettes, désireux d'un peu d'aide. Il avait mal, faisait pitié, avait froid, et était d'un ridicule à tout épreuve.
"Hé, les jeunes,[/color]" Brailla-t-il, sur un ton éraillé, avant d'apercevoir le mini clown. « WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ![/color] » Son cri raisonna trente bonnes secondes, alors qu'il se jetait dans les bras d'une jeune fille aux cheveux argents et aux yeux rouges. Ces esprits frappeurs et aux allures de lutin l'effraieraient à vie, quand bien même n'avait-il pas compris que tous ses malheurs étaient les fruits d'un Esprit. Puis ; il discerna le rouge des yeux de celle dont il s'était fait des bras une armure. « WAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAAH ![/color] » Recommença-t-il, se cachant vainement derrière le deuxième homme de la troupe, dont les cheveux ne laissaient voir qu'un oeil. Il tremblait de peur, et une odeur d'urine accompagnerait dorénavant sa robe de nuit.
Ce compte est un compte narrateur : les personnages joués par le narrateur ne peuvent pas être utilisés par les joueurs ou joueuses dans leur post (sauf autorisation d'un admin) et les jets de dé du narrateur sont contraignants.