Posté le 23/06/2013 17:56
Lorsque Llanistar arriva, en tête de ses troupes, au large ravin qui coupait la vallée en deux, comme si le glaive d'un dieu s'était abattu là, il il ne put retenir un juron bien senti. Le pont de bois qui devait lui permettre de passer avait été détruit, incendié même, d'après l'aspect noirci des quelques poutres qui tenaient encore. Ganondorf avait fait les choses bien, comme on pouvait en attendre de lui. Le général vit également que plusieurs personnes ne l'avaient pas attendus et s'étaient avancées imprudemment de l'autre côté. Détruire le pont était peut être plus un moyen de leur couper la retraite que d'empêcher l'armée de parvenir à la forteresse, ou peut être bien un peu des deux. Si le gérudo pouvait se couper un front entier, il était logique qu'il le fasse, le nordique s'en rendait bien compte.
Llanistar descendit de cheval et se rendit sur le bord du précipice. Au dessous de lui, une falaise à pic d'une hauteur impressionnante. Bien qu'il ne fut pas particulièrement sujet au vertige, il s'écarta bien vite de ce vide saisissant et prit un instant pour réfléchir. Il ne pouvait clairement pas donner à son ennemi, en ordonnant la construction d'un nouveau pont, le temps de se retrancher. Les Dragmire devaient subir l'assaut le plus rapidement possible ou bien il serait impossible de les déloger. Bien que n'aimant pas l'idée de ne pas avoir le choix, le général fit appeler le jeune soldat qui connaissait le chemin à travers ces collines rouges escarpées jusqu'à la forteresse. Ganondorf lui avait surement préparé un comité d'accueil, mais dans sa situation, Llanistar se devait bien d'agir. Lorsque le soldat fut face à lui, impressionné d'être ainsi convoqué seul, le nordique fit appeler un porte bannière et donna au jeune guide un étendard de la famille royale. En recevant la tâche de lui guider, il recevait les honneurs qui y étaient attachés. Acte superflu, vu d'en dehors, geste primordial pour qui connaissait mieux l'armée et ses codes. Juste avant de remonter à cheval et d'en donner un au soldat, il lui confia,
"Dés lors que tu verras du danger, retrouve ton régiment en arrière. Une bannière est une cible facile en première ligne."
Dés lors, l'armée prit un chemin détourné, sinueux. Plongeant parfois dans la terre pour en jaillir peu après, la route naturelle était trop discrète pour être trouvée facilement. Seuls les curieux explorant au hasard pouvaient la connaître. La chance de Llanistar avait voulu que l'un d'eux s'engage son armée.
Finalement, ils arrivèrent sur une pente qui semblait monter sur l'un des sommets de la vallée rouge. Assez large pour une bataille rangée et pentue donc avantageant ceux qui avaient prit position au sommet. Le guide s'était arrêté et il finit par déclarer,
"Nous y sommes, ser."
Llanistar leva les yeux, éblouit par le soleil qui amorçait sa descente vers l'Ouest. Il resta là, quelques instants,son intuition lui commandant de ne pas avancer. Puis finalement, il cria en direction du sommet.
"Ennemis d'Hyrule ! La princesse Zelda m'envoie vous bouter hors de ses terres ! Rendez vous, retirez vous dans le désert, relâchez vos prisonnières et le sang ne sera pas versé !"
Llanistar savait pertinemment que son offre serait balayée, et lui même n'y croyait pas. Mais l'art de la guerre imposait la recherche du compromit avant la recherche de la mort de l'autre. C'était ce qui différenciait un soldat d'un bandit, un général d'un assassin à grande échelle. Quelques instants, il n'y eut que le bruit du vent qui soufflait sur cette pente. Puis, des silhouettes apparurent au sommet. Dix puis vingt puis bien plus. Des gérudos, en armes, qui avançaient en ordre régulier : l'armée des soeurs de Ganondorf. La bataille allait avoir lieu. C'est là que le Rusadir vit celui qui allait être son adversaire. Calmement, il descendit de sa monture et tira son épée. Derrière lui, les soldats avaient formé leurs lignes, épées et bouclier au premier rang, puis lance au deuxième pour jaillir du mur d'acier sur les premières ennemis. Les archers se tenaient plus loin, la majorité d'entre eux sur des hauteurs.
Il y eut un de ces instants de silence où on peut avoir l'impression que le temps suspend son cours. Où la roue du destin marque une pause. Puis finalement, les gérudos se lancèrent à l'assaut, dans un hurlement féminin mais pas moins effrayant que celui que les hyliens leur renvoyèrent. Le coeur de Llanistar s'accéléra, jusqu'à ce que son calme le quitte définitivement. Ses ennemies arrivaient, lances et sabres à la main, tandis que les premières flèches heurtaient le mur de boucliers.
"N'ayez aucune pitié mes frères ! Ne doutez jamais ! Car elles ne le feront pas ! Pour Hyrule ! Pour Zelda !"
Il avait hurlé les derniers mots et fut suivit par tous. Son épée dans la main droite, un bouclier accroché autour de son bras mutilé, Llanistar prit sa place parmi la première ligne, au centre, là où l'assaut serait le plus rude. Les piques furent abaissées. Et d'un coup, le chaos éclata. Des gérudos entraînées par l'élan de leur course ne purent éviter les piques tandis que d'autres s'écrasaient sur le mur d'acier sans pouvoir le disloquer. Mais déjà, des flèches touchèrent des soldats qui ployèrent sous la douleur. Llanistar sut que le terrain ne permettrait pas de tenir la ligne, et il chargea.
Après lui, ses hommes le suivirent. Très vite, il n'y eut plus d'ordre ni de stratégie dans cet affrontement. Les hommes et les femmes se combattaient, au corps à corps, en y mettant toute leur force et leur technique. Certains hyliens s'extirpaient de la mêlée pour se rendre directement à la forteresse et attaquer les archères au sommet de la pente. Le nordique avait plongé dans l'ivresse du combat. Sans y penser, instinctivement, il tranchait, paraît, assommait avec son bouclier, et transperçait ce qui venait à sa portée. Dans sa lourde armure, et face à des armes inefficaces contre elle, il parvenait à encaisser certains coups, grognait sous la douleur de certains autres, mais ne souffrait encore d'aucune blessure. Il n'avait pas encore rencontré son adversaire le plus redoutable. Pas encore.