[HRP: Je poste de suite -en passant le tour de nombreux- car vous l'aurez remarqué, il y a ici présence d'un RP dans un RP; les concernés (Tsubaki, Kuro, Yae, Arkhams, Lenneth) sont au courant, ainsi, libre à vous ou non d'y participer]
Le feu déchirait le royaume mojo comme s’il n’était qu’un vulgaire parchemin. Un tapis de cendres encore chaudes recouvrait le sol brun de la forêt ; l’air était irrespirable, passé sous le filtre grisâtre des restes des arbres morts. C’aurait pu être un bel opéra, ç’aurait pu être un très bel opéra, même.
Les passions se déchaînèrent sous l’épaisse tension qui étouffait tout le monde. Lorsqu’on libère les sentiments les plus extrêmes dans un espace confiné, une lutte sans merci se déroule alors pour savoir qui est le plus fort.
"Elle apporte une aide la la Foret! Pour qui te prends tu as dénigrer nos lieux de résidence?"
"Laisse la en paix, Astre."
"Mets la main a la tache toi aussi! Et ouvre ta grande gueule après!"
Cacophonique, typique de cette dinde farcie. Pourquoi fallait-il qu’elle se mette à brailler à chaque fois qu’il parlât ? Il la voyait, les traits congestionnés, l’allure stupidement fière, l’arc bandé vers lui prêt à libérer son enfant de fer. Trait ultime. Le Chevalier noir ne pouvait détacher les yeux du petit embout brillant de la flèche. Ce qui serait à même de le tuer. Tout est question de rapidité. Tsubaki apportait ses explications, mais il ne les entendait même pas. Il n’avait d’yeux et d’oreilles que pour cette gueuse qu’il avait détrônée de manière habile, et qui le réprimandait maintenant avec une désinvolture intolérable. Crétinerie foudroyante.
Le regard du Roi-Phénix était écarquillé, ses traits livides et tremblants ; la haine faisait fondre son visage. Dégoulinant sur le sol. Sueur venimeuse. La rage brûlait au fond de ses orbites comme un feu divin qui n’a pas besoin de combustible. Tous ses muscles étaient gonflés, ses traits plissés et tordus, fer blanc malléable et dégoûtant. Il était monstrueux. Ses pas devancèrent ses projets.
Il marcha vers la catin, cette pourriture imbécile. Le pas raide, peu ambitieux… lent et sentencieux. Son bras arracha l’arme des mains de la fille, et d’un geste terriblement violent il brisa l’arc en deux parties distinctes sur son genou droit. Le front lui fuyait du crâne, ses yeux lui sortaient de la tête et ses lèvres pincées menaçaient d’éclater. Il aurait pu se satisfaire de cela, mais il n’était plus que fureur.
Il hurla : il hurla et l’attrapa de ses deux bras d’araignées ; il lui serra les épaules, y rentra les pousses pour les broyer. Elle gémissait de douleur, attirée vers le sol tandis qu’il la faisait ployer de sa force. Maintenant qu’elle était à genoux, il arrêta la pression, essuya la bave qui lui coulait du visage, concentration oculaire toujours fixée sur la gueuse. Il y eut un instant de flottement, un instant où le piano grave se fit entendre, un instant où les oiseaux arrêtèrent de piailler de terreur, un instant où la vie s’arrêta.
Il grogna. Elle avait le menton sur le torse, genoux au sol, sanglot humain. Il se gratta du pouce l’espace entre la lèvre inférieure et le menton, comme pris d’une indécision subite. Et puis, sa main droite vint soulever cruellement une mèche argentée et rebelle de la soumise. Il la rejeta inutilement vers l’ailleurs, car la mèche revint, fidèle, à la source capillaire mère. Il arqua alors un sourcil, l’autre œil voilé à demi par une paupière tombante. Il tourna le dos à la jeune femme secouée, à toutes ces vilaines histoires qui désordonnent le monde, comme pour s’accorder un instant de réflexion supplémentaire. On devinait l’orage qui devait tonner à l’intérieur du Chevalier noir. Il inspira profondément et puis…
…Fit volte-face, le visage affichant une détermination terrible. Son poing droit s’abattit alors avec force sur le visage de Lenneth, lui éclatant la pommette. Il lui sauta dessus, devenu bête. Il frappa, à plusieurs reprises, cognant à en perdre la raison. Quelques violences gutturales s’enfuyaient de sa bouche tandis qu’il réduisait en bouillie humaine la Phénix impétueuse.
Quelques minutes après, il se releva, épousseta ses vêtements des cendres, du sang et de quelques morceaux à l’origine douteuse, joyaux de chair rouges, ornements barbares sur son vêtement de toile noire. Astre remit en place ses cheveux, comme si de rien n’était, et, alors qu’il semblait en avoir eu terminé avec la pauvre Lenneth, il balança dans le corps inerte une botte agressive.
Le Chevalier noir revint vers ses amis, calme et beau à nouveau.
« L’insolence se paye très chère, vous l’aurez tous remarqué. » Il dodelina de la tête, avant d’ajouter :
« Je n’aime pas cette impertinence ; ça commence par aboyer, et ça finit par mordre. Au moment où le chien décide qu’il n’a plus de maître, alors il ne sert plus à rien. La seule solution est de l’abattre. » Il rejeta ses épaules en arrière comme pour s’en convaincre. Et puis, au fond, il venait juste d'accomplir le contrat qu'elle avait posé sur sa propre tête...
« Kuro, Yae… Tsubaki a éclairé votre lanterne, il ne vous reste plus qu’à donner une réponse immédiate. » La mâchoire serrée, l’impatience au comble, il s’empêchait toute violence excédentaire.