Posté le 08/07/2012 17:59
Le volatile cria à son approche. Ce rat volant, envoyé par quelque Chevalier en détresse, portait à ses deux pattes de guimauve une petite lettre roulée. Astre, malgré son dégoût profond envers ces créatures, tendit le poing pour que l'oiseau s'y dépose. Lorsque ce fut fait, il décrocha avec habileté le bout de parchemin. Il secoua le bras pour que le pigeon parte; celui-ci, tenace, refusait de bouger tant qu'on ne l'aurait pas nourri. Le chevalier noir grogna. L'oiseau piaillait, échauffant considérablement les nerfs d'Astre. De sa main gauche il le fit taire.
Alors que le messager volant gisait au sol, le cou tordu, l'ancien Profondes Ténèbres lut le mot: "Huit Heures. Forêt Kokiri, Arbre Mojo. Conan." L'écriture brouillonne prouvait que Conan valait moins bien avec une plume dans la main qu'avec une épée. Il ricana, avant de se demander ce que pouvait bien vouloir le Chef. Lui qui ne s'était engagé chez les Phénix que pour dépenser sa mauvaise humeur -sous réserve de rubis il l'espérait-, ne s'attendait pas à ce qu'on le convoque si secrètement. Il expédia un glaire rouge au pied d'un arbre. Un début de pneumonie lui déchirait les poumons, mais il se droguait de médecines orientales pour calmer la douleur et faire partir la gueuse qui encrassait sa poitrine. Le soir avait pointé le bout de son nez, nourri au lait par une multitude d'étoiles. Il décida de retourner dans la crypte du Village Cocorico, là où la guilde s'était installée, pour roupiller une paire d’heures.
Le lendemain, il se leva de bonne heure. Il partit à la source la plus proche se rafraichir le visage et le reste du corps. A la lisière de la forêt, il possédait une petite bicoque en bois, là où il entreposait une grande partie de ses affaires. Il s’habilla rapidement (justaucorps noir, broigne de cuir de même couleur, des bas en harmonie avec le haut, et de belles bottes brillantes). Il boucla sa ceinture, ramassa son épée qui traînait sur le lit et la rangea dans le fourreau brun qui pendait à son flanc droit. Ses yeux luisaient légèrement. Il sortit.
L’heure du rendez-vous n’allait pas tarder ; il progressait lentement dans la forêt, se frayant un passage à coups d’épée. Lorsqu’il déboucha dans une large clairière, il reconnut instantanément le repaire de l’Arbre Mojo. D’ailleurs, en face de lui se tenait le barbare, accompagné d’une jeune femme qu’il avait déjà croisée plusieurs fois à la zone. Et ailleurs probablement, mais il n’en avait aucun souvenir. Il s’approcha et entendit la voix grave et inhumaine du vénérable roi de la forêt.
« Heureux de voir qu'il y a toujours de nouvelles bonnes âmes pour rejoindre nos rangs. »
Plein d’ironie comme toujours, il lâcha sur des notes lourdes et grinçantes : « Détrompez-vous, vieille branche. » L’âme d’encre de l’ancien paladin du Mal semblait transpercer son poitrail et ses vêtements. « Je ne suis pas une bonne âme. » Un grand sourire lui barrait les joues, comme une vieille cicatrice.